Forbes avait raison, cette situation n'avait rien de normal et encore moins de logique. Les entraînements ici se réalisaient sans arme parce qu'il n'y avait aucune menace alors pourquoi subitement un danger apparaissait ? Comme elle pointait le hamac de Shaw du menton, il s'avança jusqu'à lui. Lorsqu'il reconnut ce que ce dernier avait dans les mains et passé la surprise de le voir bien réveillé, Julian comprit que tout ceci n'était qu'une mise en scène. Un effet sonore destiné à tester leur sang froid. Il fut partagé entre l'idée de rire et celle de gueuler. C'était puéril et à la fois utile. Contrairement à Booker, Forbes et lui, les deux nouvelles n'avaient jamais vu de dinosaure. Elles avaient d'ailleurs été les premières à se jeter dehors tête baissée pour chercher l'origine du bruit. Comme quoi, l'exercice n'avait pas été si inutile.
Les bras croisés, il regagna le seuil du carbet et observa la suite.

Shaw les regroupa et tandis qu'il leur expliquait le but de la manœuvre, Julian songea que Gregory avait fait du chemin. Alors que le chef de groupe retournait se coucher après les dernières directives, il revint s'asseoir près du feu, croisant Gordon qui visiblement allait elle aussi se coucher.

- On s'est fait avoir, lança-t-il amusé à ceux qui étaient restés. Mais cette espèce de frisson du danger, cette poussée d'adrénaline, ça faisait longtemps.

Et ça faisait du bien. On pourrait dire ce qu'on voulait, que l'idée était stupide, elle avait eu le mérite de lui faire ressentir ça à nouveau. Le frisson, l'adrénaline, cette angoisse d'être pour une fois la proie.
Shaw avait raison sur un point cependant, être à découvert face à ces créatures, c'était se rendre vulnérable. Il l'avait bien vu lors de sa rencontre avec l'Indominus.

Shaw était un bel enfoiré. Se levant, telle une fleur, il vint s’amuser à agiter sa télécommande devant le nez de la brunette qui, en retour, lui adressa un regard sombre. Son côté rationnel l’avait aidée à comprendre que rien de tout cela ne pouvait être vrai quand ses côtes meurtries l’avaient soudainement inquiétée. C’aurait été vrai… Elle aurait été dans la merde et serrer les dents n’aurait peut-être pas suffit. Reniflant, écoutant le petit débrief du chef d’équipe en se passant bien de commentaires, elle observa les mines fermées des uns et des autres, notamment de ceux qui étaient soudainement pointés du doigt. Booker était fermé comme une huître – en même temps, elle ne se serait pas risquée à le réveiller aussi soudainement – et Gordon acquiesça vaguement avant d’aller prendre place dans son hamac. Shaw était retourné se coucher et Lorna aurait volontiers imité toute cette petite troupe si ça n’avait pas été à elle de prendre le tour de garde. Au moins, Miller avait meilleure mine. A moins que l’éclat de la nuit ne lui offre un visage moins entamé par ses péripéties. A quoi elle pouvait bien ressembler, elle ?

Prenant place près du feu, elle sourit en coin face à la remarque de Blake. On s’est fait avoir. Elle aurait volontiers insisté sur le fait qu’ils étaient, en réalité, les deux seuls à s’être préservés du danger, mais elle se contenta de grimacer légèrement. Mais cette espèce de frisson du danger, cette poussée d’adrénaline, ça faisait longtemps. « Au risque de me répéter… Je te recommande le bain à remous avec option Suchomimus… J’crois bien que c’est la dernière fois que j’ai ressenti tout ça… D’ailleurs, pendant deux secondes, j’ai cru que je lui avais manqué au point qu’il traverse la mer pour venir me chercher jusqu’ici… » La compagnie de Blake différait des dernières fois, évidemment. Il n’était plus son supérieur, même si la petite Lorna de quatre années de moins aurait peiné à le concevoir, il était appréciable de passer du temps en sa compagnie. Miller, de son côté, s’intéressa à son bien-être, lui demandant comment elle se sentait. Forcément, dans une grimace, Lorna eut bien du mal à ne pas se montrer un tant soi peu honnête. « Comme si un train venait de me passer dessus. Mais bon… On a déjà tous vécu pire, non ? Et toi ? Ca va mieux ? » Elle n’avait rien de convivial pour aider tout le monde à passer le temps en cette nuit aussi, elle reporta son attention sur Blake. « Si ça t’a manqué, j’imagine qu’a contrario de Booker, t’as pas profité de ces quelques années loin d’Isla Nublar pour rempiler dans l’armée ? J’m’attendais à mieux qu’une dégringolade de son hamac de sa part… Faut croire que les dinosaures sont toujours plus flippants que le reste de ce qu’on peut affronter, hein ? »

Julian avait décidé de rester un peu près du feu, avec les deux collègues de garde. Comment aurait-il pu dormir après ça ? L'adrénaline courrait encore dans ses veines, il lui aurait été impossible de fermer l'œil dans tous les cas.
Miller et Forbes vinrent s'asseoir à leur tour, les autres ayant préféré regagner leurs hamacs. Il avait alors évoqué à voix haute son ressenti, parlant plus pour lui-même que pour les autres.
La réaction de Lorna l'avait fait sourire. La rencontre avec le suchomimus avait été une sacrée aventure. De mémoire, Forbes s'était cogné la tête, emportée par l'élan de la queue de l'animal. Laura s'était enfuie en courant dans la jungle, il lui avait couru après, pour sa sécurité. Chassant ses souvenirs, il médita un instant les paroles de Forbes. Pour lui, la dernière montée d'adrénaline datait de Banks et de cette chasse à l'homme maudite. Il serra les dents un instant et dévia son regard des flammes, profitant de ce que Miller prenait des nouvelles de l'état de santé de Forbes.
C'est vrai que les deux étaient mal en point, pourtant, à les regarder à ce moment précis, elles semblaient aller bien.
Dans tous les cas, elles étaient suffisamment grandes et responsables pour prendre leurs décisions.

Comme Forbes s'adressait à nouveau à lui, il se tourna vers elle à nouveau puis se frotta les mains devant le feu. La question de Lorna était détournée mais elle lui demandait toutefois ce qu'il avait fait ces dernières années. Il profita sa petite plaisanterie au sujet de Booker pour ne pas relever le sujet.
Il n'était pas tout à fait d'accord avec ses derniers propos. Oui, les dinosaures étaient flippants mais après deux attentats sur l'île et la disparition de Laura, il n'était plus sûr de la réponse.
Il haussa les épaules puis glissa ses mains derrière sa nuque, pour se masser un peu et détendre ses muscles.

- Ouais, faut dire que dans la vie de tous les jours, il y a peu de chance de se faire dévorer par un animal de ce genre. Miller, as-tu déjà vu un dinosaure au moins ? En dehors de la télé j'entends ou depuis l'hélico.

Ah, l'ambiance de la jungle. Entre l'humidité et les divers nuisibles comme les moustiques ou faire en sorte qu'un serpent ne s'invite pas dans le sac de couchage, parler de passer une bonne nuit relève de la gageure mais au moins ai-je bénéficié d'un sommeil à peu près réparateur et ce même si le plus dur de l’entraînement est passé.

Je suis inquiète pour la suite des événements, quand on va passer aux choses sérieuses. A moins d'un immense coup de chance collectif, on risque de perdre au moins un membre de l'unité et ce rien que pour la reconquête du port, alors je ne parle pas de celle du générateur électrique. Sans être égoïste, j'aimerais faire partie des rescapés même si je ferai tout mon possible pour qu'on s'en tire tous mais la synergie de groupe n'est pas devenue une réalité et elle n'en deviendra assurément pas davantage tangible en mission.

C'est avec morosité que je fais ma part au sein de l'unité, sans ignorer personne mais ne répondant que par des monosyllabes, en limitant donc mes réponses à un ou deux mots. Je suis vraiment très inquiète, surtout si notre patronne est davantage motivée par la survie d’un dinosaure plutôt que par celle des agents de sécurité sur le terrain et j’espère que ce n’est pas le cas.

Spoiler:

HRP: Fini pour moi =)

Voir les dinosaures sur un petit écran, dans des fais divers, était une chose. Marcher à leurs côtés en était une autre. Ava n’avait pas la moindre idée de ce qui l’attendrait, à quelques kilomètres d’ici, sur l’autre île. Et elle en ferait des cauchemars pour le restant de ses nuits, c’était une certitude. Lorna, parfois, songeait au Suchomimus et à la peur qu’il réveillait en elle, la dose d’adrénaline qui avait su secouer son corps se faisant un shot agréable qui tempérait tout cela. Un mélange de hâte et de trouilla la dévorait et pourtant, elle était là.

Blake était parti se coucher et elle avait veillé à assurer son tour de garde. Ce fut le corps endolori par la nuit courte et la mauvaise chute gravée de conséquences qu’elle affronta cette nouvelle journée du pied gauche. Fort heureusement pour elle, le pire n’était plus à venir et Lorna se contenta de serrer les dents durant le trajet retour, tâchant de donner le change quand on l’interrogeait de temps à autre. Elle ne traîna pas la patte une seule fois, puisant dans ses ressources et dans ses capacités pour mieux pallier la difficulté, elle ne fut que des plus soulagées de voir, enfin, la jungle se clairsemer pour s’ouvrir sur le petit port qui leur permettrait d’embarquer pour un retour sur le Renaissance. Sa renaissance, à elle, risquait de se poursuivre entre les mains de quelques médecins car déjà, Shaw lui indiquait sa volonté de faire un check-up. Elle ne serait pas la seule, évidemment, Ava écopant du même sort. Durant tout le trajet retour, pourtant, Lorna songea longuement à la suite de son aventure sur cette île. Peut-être devrait-elle s’entretenir avec Shaw, d’ici quelques jours. Et si il ne peut pas accéder à sa requête, alors elle irait voir plus haut.

Fini pour moi !^^

Comme il s'y attendait, Miller n'avait jamais foulé le même sol que les dinosaures sur Isla Nublar. À en juger par son attitude face au danger, il aurait pu le parier. Se mettre volontairement à découvert sans avoir pu définir l'origine du danger, c'était du suicide.
Il ne la jugea pas pour autant et se contenta de hocher la tête tout en s'inquiétant pour la suite.
Allait-on vraiment envoyer toutes ces nouvelles recrues juste comme ça ?
Il fallait bien commencer quelque part cependant. Il se souvenait parfaitement de la première fois où il s'était retrouvé face à un dinosaure en liberté. Cela ne s'était pas bien terminé.

Suite à cela, il décida de regagner son hamac et laissa les jeunes femmes à leur tour de garde.
La fin de la nuit fut paisible et seule la fatigue s'accrochait à lui le lendemain. Il fut satisfait de ne pas ressentir de courbatures lorsqu'ils se mirent en marche pour le chemin du retour.
Dès qu'il fut de retour sur le bateau, il regagna son dortoir, pensif. Personne ne semblait satisfait de ce premier entraînement, pourtant, il avait hâte de reposer le pied sur l'île et de se confronter à la réalité. Après tout, il était venu pour ça non ?