Moi aussi, même si son mal ne devrait pas s’aggraver. « Médecin ou infirmière, du coup ? » Théoriquement, ni l’un ni l’autre mais l’analyse de Gordon pouvait laisser penser qu’elle avait été l’un ou l’autre dans une vie passée. Finalement, relevant son T-shirt, elle laissa la possibilité à l’autre brune de jeter un coup d’œil. Une fois de plus, elle tâcha de ne rien laisser paraître, les traits de son visage se crispant pourtant régulièrement quand la douleur se faisait sentir. Ce n’est pas une question de gâcher, le matériel est là pour ça mais je redoute que ça ne suffise pas. Mais si. Ça suffirait. S’il fallait mettre un pansement licorne pour lui faire plaisir, alors Lorna le ferait parce qu’il était hors de question que…

Julian, Lance, Ava. Putain, pourquoi elle rameute la cavalerie, là ? Fronçant les sourcils, elle fut surprise de l’entendre user des prénoms des uns et des autres. Plus surprise encore de les voir se ramener, rabaissant hâtivement son Tshirt sans même regarder ce qu’il pouvait dissimuler exactement. On n’était pas là pour un striptease, après tout. Ne prenant pas même la peine de s’écarter plus que ça, elle engagea alors la conversation avec eux, ayant pour centre d’intérêt sa petite personne. Je voudrais soigner Lorna… Bah qu’elle le fasse, inutile d’en faire un spectacle, non ? A moins que ses déductions effectuées plus tôt étaient finalement bien erronées et qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle était en train de faire ? J’ai l’impression que sa blessure est trop importante pour les premiers soins, on devrait le signaler à Shaw. Oh. Putain. Alors c’était donc ça ? Ils avaient un merveilleux cafard dans leur groupe pourtant pas si mal construit ? C’était quoi son but ? Se faire bien voir du chef d’équipe ? Sans compter qu’elle la prenait pour quoi, exactement ? Une enfant ?

Tu lui as posé la question ? Elle veut arrêter ? Voir quelqu’un ? Non mais c’était lunaire. Elle était là, juste à côté d’eux et les deux bleues étaient en train de savoir mieux qu’elles ce qu’elle voulait ? Bon, à moitié pour Miller mais elle avait eu le malheur de l’ouvrir alors elle avait fini dans le même panier que la première balance en chef. On ne laisserait aucun de nous en plan. Bah non, puisqu’on préférait aller chercher le chef pour se la jouer première de la classe… « Eh, au cas où vous l’auriez oublié, elle est juste à côté hein ? » Oui, parce que finalement, plutôt que de lui demander simplement ce qu’elle voulait, c’était visiblement plus amusant de décider de son sort. Après quoi, ils comptaient éteindre son flambeau car la décision serait irrévocable ?

Evidemment que ton avis compte mais… Elle n’avait pas besoin d’écouter la suite. Se relevant, certes un peu brutalement, ce qui lui arracha une légère grimace, elle s’avança vers le petit groupe, plissant les yeux devant Gordon. « Et tu es qui, pour t’en soucier ? Ma mère ? Même elle n’oserait pas la ramener. » Avisant Booker et Blake elle leur adressa un regard qui cherchait leur soutien. « C’est ça, ta vision de l’équipe ? Aller cafarder auprès de Shaw dès que tu en as l’occasion ? » Elle leva les yeux au ciel avant de se détacher du groupe. « Faites ce que vous voulez. Vu qu’apparemment, il faut une réunion de comité pour savoir ce qu’on va faire de mon cas. » La douleur parlait autant que l’agacement. L’échec était là, aussi, parce que si on la renvoyait sur le Renaissance, il serait cuisant. Se retenant de s’enfoncer son propre poing contre ses côtes, elle se dirigea dans la jungle, demeurant aux abords du campement. Non parce qu’il ne faudrait pas qu’on s’imagine qu’elle se soit perdue, en plus, Gordon risquerait bien d’appeler les flics…

Julian observait tranquillement la nuit qui se mettait en place. Parmi les vrombissements des insectes et le bruissement des feuilles grâce à une légère brise, il réfléchissait à la suite des événements, sans se laisser déconcentrer par le brouhaha des chutes d'eau plus loin. Il ignorait s'il s'agissait de l'effet de la nuit mais le son de ces dernières résonnait d'avantage.
La voix de Gordon lui parvint à travers l'énonciation des prénoms de tout le groupe. Il n'avait pas l'habitude qu'on l'appelle ainsi mais redressa toutefois la tête.

Voyant qu'elle faisait signe à tous de la rejoindre, n'hésitant pas à siffler, il fronça les sourcils et se redressa avant de se mettre sur pied.
Une fois debout, il rejoignit le groupe et croisa les bras sur sa poitrine, écoutant le débat qui s'animait devant lui.
Forbes était blessée d'après les dires de Gordon, celle-ci demandait à prévenir Shaw.
Elle parlait ouvertement, devant l'intéressée, décidant de son sort en espérant rallier le groupe à son avis.
Julian plissa doucement les yeux, convaincu que cette attitude ne mènerait qu'à une seule chose : créer un conflit au sein même de l'unité.
S'il avait encore été le responsable, il aurait mis un terme à tout ça avant que cela ne dégénère et que Forbes, visiblement agacée ne s'éloigne.
Aujourd'hui, il était un simple agent parmi les autres et se contenta de les laisser se débrouiller, sans pour autant s'empêcher d'observer ce qui défilait sous ses yeux.
Booker parla pour lui, ou presque. Et comme il s'éloignait à son tour très certainement pour apaiser les tensions du côté de Forbes, il avisa les deux nouvelles d'une voix calme.
Bras toujours croisés sur sa poitrine, il imposait par sa haute taille et sa musculature aujourd'hui plus sèche.

- Je me doute que ça part d'un bon sentiment Gordon, mais c'était plutôt maladroit. Si tu veux que le groupe fonctionne, il faut avoir confiance en chacun. Vous n'êtes pas ici par hasard, vous avez été choisies pour toutes vos compétences et vos expériences (Il les regarda toutes les deux). Connaître ses propres limites et être capable de s'arrêter quand on est sur le point de les franchir en fait partie. On s'entraide, on se soutient, comme quand Miller était malade par exemple, j'ai pris son sac parce que je savais que je pouvais le faire sans m'épuiser ou me mettre en péril. Shaw nous supervise et son rôle est de s'assurer que les missions confiées soient des succès. Il fait confiance en chacun d'entre nous et attend de chacun qu'on décide par et pour soi-même de la suite des événements.
Si Forbes veut rentrer se faire ausculter, c'est ok. Si elle veut rester et poursuivre alors qu'elle est blessée parce qu'elle s'en sait capable, c'est ok aussi. Si elle se plante, elle en assumera les conséquences. Dans tous les cas, c'est son choix.

Pointant Gordon du menton, il ajouta :
- Tu veux la faire changer d'avis ? C'est avec elle que tu dois voir ça plutôt que d'utiliser la pression de groupe.

Bien évidemment, il ne souhaitait pas paraître trop moralisateur mais l'expérience parlait pour lui. Après tout, il avait intégré Jurassic World à l'époque par le biais de Ingen, il avait fait partie des équipes d'intervention lors de l'incident avec l'Indominus Rex, depuis il avait été chef d'escouade, avait même formé Shaw jusqu'à devenir responsable de la sécurité.
Ces deux nouvelles recrues n'avaient encore jamais posé les pieds sur Isla Nublar, elles ignoraient encore ce qu'on ressentait lorsque l'on se retrouvait nez à nez avec un dinosaure. Elles pensaient certainement qu'on se contentait de les tirer de loin, de les endormir et de laisser les animaliers s'en charger. Elles se trompaient lourdement.
La vie de chacun était en jeu à chaque intervention et malgré la meilleure cohésion de groupe, on avait pas toujours le luxe de penser à l'équipe ou à un autre individu que soi-même. Voilà pourquoi la confiance était la base sur Isla Nublar. Il fallait avoir confiance dans les capacités de chacun et se dire que si ça foirait...le responsable était celui qui s'était planté. Les conséquences aussi terribles puissent-elles être, seraient assumées par celui-ci.

Je m’inquiète pour Ava et Lorna, même si à priori le cas de notre première coéquipière ne devrait pas s’aggraver mais je ne suis pas toubib. Concernant la blessure de la deuxième, je redoute que mes premiers soins cachent au mieux quelque chose de plus sérieux qui serait ensuite plus dur à soigner.

Et ça ce serait dans le meilleur des cas.

J’ai entendu ce que Lance a dit à Ava. Il a raison. On ne laisse personne derrière mais je dois apporter une précision dans ma tête. On ne laisse personne derrière en mission. Là on est en entraînement. J’ai fait tout mon possible pour avoir l’avis de Lorna et celui de l’unité, sans rien cacher à l’intéressée pour qu’on n’en parle justement pas dans son dos et elle fait comme si je la rendais "invisible", comme si c’était déjà décidé que j’en parlerais au chef de groupe sans son accord. Lorna est blessée et Ava malade mais de son coté, Lance me saute à la gorge à la première occasion, lui n’a pas d’empathie. Quand je l’ai rencontré, j’ai cru qu’on se ressemblait.

Ce n’est pas le cas.

Julian s’exprime et je demeure impassible. Lui a de l’empathie mais les psychopathes aussi, pour s’en servir contre leur proie. Pas la moindre sympathie par contre. Il a en partie raison et en partie tort. Je me suis exprimée comme j’ai pu, mal en l’occurrence et ça a été interprété en conséquence, tout aussi mal pour être commenté de la même façon que ma façon d’exprimer feu ma sympathie, mal. Ava est toujours malade et Lorna est blessée. Si cette dernière était soignée maintenant et bien soignée, pas juste avec des premiers soins insuffisants, elle pourrait participer à la véritable mission qui nous attend. Et encore, des premiers soins de surcroît inadaptés pourraient empirer son état et donc rallonger le délai de guérison.

"Ben voyons."

Cette répartie ironique est pour Julian quand il évoque la possibilité d’aggraver mon cas comme on dit en tentant de faire entendre raison à Lorna. J’ai écouté l’avis du groupe, on n’avertit pas Shaw. Cette unité est donc une somme d’individus et non un groupe. Déjà que je causais peu, je ferme ma gueule pour de bon à partir de maintenant. Je me repose de mon coté jusqu’à ce que je prenne le deuxième tour de garde. Je vérifie l’état de mon équipement, ça me délasse toujours autant. Après tout, ça n’est pas moi qui couvre l’entêtement d’une coéquipière blessée à ne pas faire soigner sa blessure comme il faut alors qu’elle en a la possibilité. Bah, je bosse, je n’ai pas à les apprécier.

Soupirant avec profondeur, elle ne fit que ranimer la douleur de son flanc, interrompant son geste alors même qu’elle était tentée de venir porter ses doigts à ses côtes. « Putain de merde… Fais chier ! » Elle crachait entre ses dents serrées, tentant de dissimuler sa peine, toujours. Il était hors de question qu’elle soit ramenée sur le navire pour un truc aussi con que ça. Autant la première fois, face au Suchomimus, elle avait été mise KO et son état d’inconscience avait largement justifié une évacuation d’urgence, autant dans le cas présent, elle ne pouvait accepter être mise sur la touche pour une mauvaise chute. Quel message cela enverrait-il au reste des employés ? Et à elle-même ?

Elle ne parvenait pas à comprendre le choix de Gordon. Elle n’avait pas même cherché à savoir si, oui ou non, elle encaissait. Elle avait observé et vu… Quoi ? Machinalement, Lorna avait soulevé son T-Shirt à son tour, se tordant légèrement en grimaçant pour essayer de comprendre ce qui avait tant pu alarmer l’autre jeune femme. Elle était éraflée, oui, le bois de la poutre ayant profité de l’impact pour jouer avec sa peau fragile. La zone choquée était toujours rouge, malgré le temps passé depuis la chute ce qui ne présageait rien de bon. Elle allait probablement développer un hématome d’ici le jour suivant. Si rien de pire.

Soupirant, elle rabaissa son T-Shirt, observant un instant la flore environnante avant d’entendre quelqu’un approcher tout en respectant la distance entre eux. Puis, la voix de Booker se fit entendre. Il est un peu tard, il me semble, pour nous faire une crise d’ado. Elle leva machinalement les yeux au ciel. « C’aurait été toi, Gordon aurait serait déjà évacuée pour nez cassé alors me fait pas la leçon… » Dans le fond, elle était bien contente que ce soit lui et pas quelqu’un d’autre. Elle aurait peut-être toléré Blake mais aurait opiné du chef en marmonnant alors qu’avec Booker, elle savait qu’elle pouvait la jouer plus franche. Tournant les talons, elle l’observa en soupirant. « A quel point j’suis dans la merde ? Elle va aller voir Shaw ? » Et qu’est-ce qu’il allait dire, lui ? Il allait la foutre sur un hélicoptère sans réfléchir ? Il n’était pas comme ça, dans ses souvenirs. Mais peut-être n’aurait-il pas le choix. Peut-être que les règles sur la sécurité avaient tant évolué que maintenant… Elle allait devoir s’y plier, un point c’est tout. « Faudra qu’on m’explique cet élan soudain et maternel parce que j’pige pas d’où ça sort, là. »

L'ironie était palpable et Julian esquissa un sourire en coin. Il haussa les épaules et regagna son barda à l’abri dans le carbet de bois. Là, il tira sa ration et s'installa tranquillement sur le plancher de bois qui faisait office de devanture. Il mangea, dévora aurait été plus juste en observant le camp. La journée avait été haute en efforts et son corps criait famine. C'était bon signe ceci dit, ça voulait dire que son corps retrouvait ses marques.
Il avait hâte de pouvoir retourner à la salle d'entraînement dès le lendemain soir. En attendant, il devait composer avec les autres agents. Depuis l'intervention de Gordon, l'atmosphère avait pris du plomb dans l'aile. Ce n'était plus son problème après tout, il n'était plus chef ou responsable. Booker avait été parlé à Forbes mais était revenu. Lui aussi s'inquiétait pour Forbes mais il lui faisait suffisamment confiance pour penser qu'elle parlerait à Shaw au besoin. Chacun semblait vaquer à ses propres occupations comme si la cohésion du groupe s'était disloquée.
Et dire qu'il allait partager son tour de garde avec Gordon. L'éclate totale. Elle allait sûrement faire la gueule et les heures paraîtraient longues.
Il le perçut comme un entraînement supplémentaire. Voilà trop longtemps qu'il n'avait pas été obligé de rester en compagnie d'une personne sans être obligé de lui parler.
En attendant, il acheva son repas puis croqua un dentifrice en comprimé avant de commencer à se brosser les dents tout en se dirigeant vers les chutes d'eau, sa gourde en main.
La nuit noire était tombée, il ne s'aventura donc pas trop loin au risque de glisser sur les pierres humides de bord d'eau.
Là, il se rinça la bouche avec sa gourde puis regagna le carbet pour se coucher après un rapide " à toute à l'heure" envoyé à la cantonade. Il n'avait que quelques heures devant lui avant de prendre son tour de garde. Mieux valait ne pas gâcher.
Il retira ses chaussures puis se déshabilla, ne gardant que son t-shirt et son pantalon. Puis il regagna le hamac installé plus tôt entre deux poteaux du carbet dans lequel il avait placé son duvet. Les hamacs militaires étaient vraiment bien foutus. La moustiquaire intégrée formait comme un cocon impénétrable. Il n'avait pas l'habitude de dormir en hamac mais après deux ou trois balancements et quelques pertes d'équilibre, il se cala assez naturellement. Bras croisés derrière la tête, il ferma les yeux et chercha le sommeil.

Qu’est-ce qui était assez grave pour demander une évacuation, finalement ? Et puis… A quel point les règles avaient-elles changées entre ce qu’ils avaient pu connaître et ce qu’ils redécouvraient. Lorna ne partait pas si gagnante, déjà désabusée par l’idée même que l’une de ses camarades songe à la dénoncer auprès de leur référent plutôt que de l’épauler et lui faire confiance. Au moins, elle pouvait compter sur Booker… Blake, peut-être, aussi. Enfin, elle l’espérait.

Est-ce que c’est vraiment important ? « Si je peux pas avoir confiance à mes équipiers, autant le savoir, donc oui, c’est important. Qu’importe ce qu’en pensera Shaw, finalement, elle vient juste de nous prouver qu’on ne peut pas bosser ensemble… » Parce que les valeurs de Lorna n’étaient peut être pas les mêmes que l’autre brune, finalement. Alors à quoi bon avoir cherché à être sympathique si c’était pour mieux la jeter sous un bus l’instant suivant ? La comparaison avec Miller tenait à demi la route. A vrai dire, Lorna était incapable de juger si l’état de l’autre brune était pire ou meilleur que le sien. Sur le long terme, elle était probablement gagnante mais à court terme, elle n’enviait pas la situation de la bleue. Peut être que les choses fonctionnaient ainsi là d’où elle vient. L’Ecossaise pinça les lèvres avant de plisser les yeux. Se serrer les coudes était une chose commune dans l’armée ou dans toute entreprise s’y apparentant. Materner était un comportement différent qui ne faisait que rappeler à la brunette qu’elle n’était pas capable d’agir et de faire ses preuves. Ça lui chiffonnait son ego et ça venait lui remémorer de bien vilaines choses. Momentanément, elle pensa à son badge des 1000 jours de sobriété qui était dans son sac, précieusement à ses côtés, petite victoire qu’elle était seule à tenir. Mais celle-là, elle ne pouvait pas la porter comme un étendard.

Maintenant t'as le choix d'aller mettre les choses au clair avec elle ou continuer à bouder jusqu'à la fin de la mission. « Bah oui, comme si c’était moi qui avait merdé. » Elle le regarda tourner les talons pour aller prendre son tour de garde et resta un moment seule dans la jungle, non loin de ce campement. Avec un peu de chance, quand elle irait se coucher, Gordon aurait rejoint Morphée et elle pourrait remettre ce bordel à plus tard parce que la douleur ne l’aidait pas à être la plus lucide.

Je comprends l’état de fatigue d’Ava et de Lorna mais je me connais. Quand on met une petite giclée de citron à une huître, elle se rétracte aussitôt. Ca fait pareil pour moi, c’est évidemment une pensée imagée mais je me retranche dans le mutisme au premier acte de mauvaise foi et je n’en bouge plus.

Shaw sait pour l'état de santé de Lorna et il la laisse s'entêter dans son erreur de ne pas demander à mettre fin à l’entraînement afin d'être soignée sans plus tarder et comme il faudrait à bord du Renaissance. En mission, je comprendrais vu qu’il faut faire avec mais nous ne sommes pas en mission et le fait qu’elle ait déjà été blessée par le passé ne change rien à la situation. C'est juste de l'orgueil, ce qui pousse à faire ce genre d’erreur de jugement mais ça ne me regarde plus, j'ai fait ma part, tant pis pour eux si les autres sont trop dans le pathos pour s'en rendre compte.

L’orgueil. Si l’être humain se sent supérieur aux animaux, la perte d’Isla Nublar n’est pas étonnante et sa reconquête en devient problématique.

Je me repose. Je pars du principe que Shaw peut nous réserver une surprise et pas une bonne surprise cette nuit mais aussi qu'un ennemi non prévu pourrait s'inviter forcément à l’improviste. Lors de la prise de poste pour le troisième tour de garde, vers quatre heures du matin, tandis que Shaw et Booker dorment, j'entends un rugissement pour le moins sinistre, un son guttural qui résonne dans les bois tout autour de nous puis des piaillements et des bruissements d'ailes qui répondent à ce son terrifiant.

Une partie de la jungle fuit une menace.

J'actionne la lampe fixée sous mon fusil d’assaut ainsi que le laser utilisé précédemment contre les drones et je scrute tout autour du camp, à la recherche du moindre mouvement. Je pars du principe que l'entraînement se poursuit, de toute façon nous n'avons pas eu droit d'emmener des munitions létales.

Résumé :

- Active la lampe fixée à son fusil d’assaut.
- Tente de repérer la menace autour du camp.

Jurassic World a écrit:

Le membre 'Alice Gordon' a effectué l'action suivante : Dé de Jurassic World

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'Dé Compétences' : 6

Lors du tour de garde, il n'y avait rien eu à signaler. Comme Gordon semblait l'éviter depuis la petite discussion autour de Forbes, il n'avait pas cherché à sympathiser. Au demeurant, Forbes n'avait rien dit à Shaw et aucun membre de l'équipe n'avait été le voir sans son accord.
Il avait donc passé les quelques heures à observer la nuit, se familiariser à nouveau avec l'ambiance nocturne de la jungle. Les vrombissements des insectes, les chants d'oiseaux lointains et le murmure de la chute d'eau un peu plus loin. Il avait poursuivit son introspection, il avait pensé à Laura bien évidemment et plus surprenant, à Marika.

La fatigue commençait à le cueillir lorsque le tour s'acheva et Miller fit son apparition. Elle salua le binôme qu'il formait avec Gordon et Julian lui répondit d'un geste de la main pour lui souhaiter une bonne nuit.
Il se leva alors de son poste de surveillance et entreprit de regagner la petite cahute qui servait de dortoir.

Soudain, un grondement sinistre se fit entendre. Il stoppa net ses pas et se tourna vers les filles. Ce n'était pas le tonnerre, c'était là sa seule certitude.
Son coeur s'emballa un moment, comme si son être tout entier avait reconnu ce son, comme si une part infime de lui-même savait ce dont il s'agissait.
Machinalement, il observa la frondaison pour voir si les arbres s'agitaient à l'approche d'un danger.
Cela n'avait pas de sens.
Miller semblait inquiète et Gordon avait déjà activé sa lampe torche accrochée à son arme.
Il comprenait sa réaction, pourtant, malgré l'adrénaline qui commençait à pulser dans ses veines, il savait que quelque chose n'allait pas.
Ce n'était pas normal.
Cette île ne comportait aucun spécimen saurien, ils n'avaient aucune arme. Alors qu'est-ce que c'était ? Se pouvait-il qu'il leur manque des éléments ? Qu'on ignore véritablement ce qui se trouvait ici ?

A son tour, il actionna sa lampe torche et remonta vers le dortoir avec l'objectif de réveiller les autres.

(Dé adrénaline 11/10)

Elle était restée de longues minutes dans la jungle, cherchant à se calmer. Seulement, entre douleur, agacement et excitation de cette journée, il lui était difficile de retrouver un semblant de tranquillité. S’en retournant au campement, elle évita soigneusement de croiser les regards pour mieux se diriger vers son coin nuit, hamac aux côtés duquel elle avait pris la peine de poser ses affaires, plus tôt. Toujours avec peine, elle se glissa dans son couchage bancal, n’arrangeant en rien ses côtes qui étaient directement soutenues par ce semblant d’empaquetage. La douleur se réveillait constamment, l’empêchant de véritablement fermer l’œil. A plusieurs reprises, elle soupira longuement, grimaçant, essayant de reporter le plus gros de son poids sur son côté valide, en vain.

Finalement, quand Ava vint poser une main sur son bras, elle ne faisait que somnoler depuis de nombreuses heures, hochant la tête alors qu’elle semblait vouloir lui laisser le choix. Elle ne serait pas une handicapée que l’on protégeait aussi, se redressant avec peine, elle grogna en inspectant rapidement les couchages occupés et ceux qui ne l’étaient pas. Blake et Gordon finissaient leur garde tandis que Booker et Shaw semblaient dormir à points fermés. Assise sur son hamac, les pieds retrouvant finalement le sol, elle sentit un frisson la parcourir quand le hurlement se fit entendre.

Elle aurait pu paniquer. Elle aurait pu s’énerver. Au lieu de cela, elle admira le silence qui régnait sur le camp et la manière dont ses camarades faisaient face à ce qui se voulait être une potentielle menace. Mais ça n’avait pas le moindre sens. Il n’y avait pas de dinosaures sur cette île et ce cri… C’était un Suchomimus, ça non ? En tous cas, ça ressemblait fort à ce qu’elle en avait en tête. Fronçant les sourcils, elle capta la lampe de Gordon qui s’allumait, Miller qui semblait soudainement incapable de faire autre chose que de toiser la jungle. Pour autant, personne ne décrocha un mot. Blake, lui, sembla momentanément perdu avant de se diriger vers cet endroit dans lequel elle se trouvait. « Putain, mais c’est quoi ces conneries… » Se relevant à son tour de son hamac, retenant une énième grimace, elle s’empara de sa lampe avant de sortir à son tour. « Ca venait d’où ? » Foutu pour foutu, autant aller chercher la source de ce raffut, non ?

Alors qu'il remontait vers le dortoir, un mouvement à l'intérieur de celui-ci attira son attention avant que la voix de Forbes ne lui parvienne. Un nouveau bruit sourd en provenance de l'intérieur le fit légèrement accélérer.

- Aucune idée, répondit-il à la jeune femme tandis que Booker émergeait à son tour du bâtiment principal composant le campement.

De nouvelles lampes torches s'allumèrent, tout le monde semblait aux aguets.
Forbes demanda d'où venait le raffut et là encore, il l'ignorait. Dans la jungle les sons s'étouffaient et donnaient l'illusion de provenir de partout.
La faute à la répercussion sur la végétation.

- Là encore, aucune idée. C'est pas loin, voilà ma seule certitude. Quelqu'un a vu Shaw debout ? Faut aller le réveiller.

C'était déjà incroyable qu'il ne se soit pas réveillé tout seul. Il n'avait pas souvenir d'un élément au sommeil si profond. Julian pénétra donc dans le dortoir pour retrouver Shaw.

Aucune idée. Sa question avait été rhétorique, mais finalement, constater qu’elle n’était pas la seule à être momentanément perdue avait du bon, d’autant plus qu’elle identifia sans aucun mal la voix de Blake. N’était-il pas l’ancien responsable de la sécurité ? Si lui cédait à un semblant de panique, alors… Les sourcils de Lorna s’étaient froncés de plus belle alors qu’elle n’avait de cesse, inconsciemment, de se répéter qu’aucun dinosaure ne se trouvait sur cette foutue île. Son intuition la menait ailleurs mais la douleur dans son flanc peinait à la laisser aller pleinement à son écoute, raison pour laquelle elle s’était emparée de sa lampe, imitant bien assez vite Gordon et Miller.

Sur le seuil de leur lieu de repos, elle orienta le faisceau lumineux vers les arbres, comme les deux autres brunes, avant que Booker ne passe devant elle, se joignant à ce qui s’apparentait à une mauvaise scène de film. Questionnant qui voulait bien l’entendre sur la direction à prendre, Blake souligna qu’il n’en savait pas plus mais que c’était relativement proche. Quelqu’un a vu Shaw debout ? Elle-même sortant d’une nuit difficile, elle n’avait pas réellement mesuré l’absence de leur chef d’équipe. Booker avait entendu le bordel, le bruit sourd de sa chute annonçant son réveil alors, pourquoi Shaw dormait-il toujours à points fermés ? Et si le cri était proche… « Ca n’a pas de sens. Rien de tout ça n’a le moindre sens. » C’était peut-être la chose la plus rationnelle, finalement, que de verbaliser son incompréhension. Hélant les autres, la mine toujours soucieuse mais les sourcils toujours plus froncés, elle leur adressa quelques mots. « Vous avez conscience qu’on est pas censés croiser des reptiles géants sur cette île ? » Se retournant, avisant Blake, elle lui adressa du menton le hamac de Shaw. Si elle n’avait pas de mal à garder son sang-froid, pour sûr, elle risquait de finir par laisser parler la seule chose qui n’avait de cesse de se rappeler à elle à cet instant : la douleur.

Je comprends l’absence de système de défense dans le camp, c’est pour nous mettre la pression. Décidément, je n’approuve pas les méthodes du chef de groupe. Perso, je m’attendais à voir surgir de nouveaux drones, je doutais de l’attaque de dinosaures mais le coup du bruit artificiel, je ne l’avais pas vu venir. Pas de grésillement, un son très naturel, ils ont mis les moyens. Bah, c’est un détail. L’important c’est que Shaw puisse nous faire la morale, il aime bien ça, nous faire la morale.

Ca fait partie du boulot.

Je sens venir la suite à des kilomètres. On va rentrer, Ava se remettra de sa maladie, Lorna devra rester sur la touche à cause de son entêtement et on débarquera sur Isla Nublar sous la supervision d’une grosse tête comme je dis, probablement une personne experte dans le comportement des dinosaures pour anticiper leurs actes, autrement dit pour nous commander quoi faire au bon moment, ce qui m’ira tant que ça nous évitera de finir comme casse-croute pour une espèce censée avoir disparu de la surface de la terre depuis des milliers d’années.

"Ok."

Ceci dit, je vais me pieuter. Il me tarde qu’on quitte cette île et qu’on passe aux choses sérieuses , même si ça sera autrement plus dangereux et même si on n’est payés pour risquer notre peau, le but   c’est qu’on s’en sorte et qu’on s’en sorte tous, le fait de ne pas apprécier mes coéquipiers ne m’amenant évidemment pas à souhaiter leur mort.