Je te le dirai plus tard. Ah bah celle-là, elle ne l’avait pas vu venir. Haussant les sourcils, ne cachant pas sa surprise, elle n’en décrocha pas moins un sourire en coin, partagé avec l’autre brune. Voilà qui promettait d’être plus intéressant que prévu. A quoi bon toutes ces cachotteries ? « Compte sur moi pour m’en rappeler… » Déposant ses affaires à bord de l’engin naval, elle passa l’heure et demi qui suivit à échanger quelques mots sans réel importance avec les uns et les autres avant de, simplement, profiter de l’air marin et tropical. Pour atteindre leur cible, ils passèrent au large des côtés d’Isla Nublar, contournant l’île par le sud en un choix stratégique. La zone au Nord était un mystère qu’ils n’avaient pas su désépaissir, quatre années plus tôt, abritant en plus la volière et ses animaux volants. On imaginait aisément qu’il valait mieux éviter de les croiser et de se faire remarquer. Finalement, l’ensemble de l’archipel se révéla à eux. Ce qui fut, par le passé, des silhouettes distantes se détachant dans le large devenait aujourd’hui des îles à part entière. La plus grosse était certainement la plus populaire de toutes, de part sa triste histoire, trônant en maîtresse sur ses autres petites sœurs. Et tout au Nord, Isla Matanceros les attendait.

Elle déchargea son équipement de base en même temps que les autres, foulant la terre ferme pour la première fois depuis des semaines avec un sourire. Le porte hélicoptère n’était pas le plus désagréable mais il était bon de savoir qu’il n’y avait plus d’eau sous ses pieds. Contre toue attente, plus d’une personne se trouvait là. Avisant la présence du bunker, elle haussa les sourcils, en s’interrogeant sur les dangers potentiels. Pas de dinosaure, c’était déjà mieux que rien. Shaw était là, saluant avec plus de familiarité certains des présents, dont Lorna qu’il gratifia d’une légère tape sur l’épaule. Offrant les directives, annonçant qu’il serait davantage un observateur qu’un acteur, elle hocha la tête avant de fixer la visée laser et de charger sur son dos son paquetage du moment. Et l’air de rien, c’était lourd.

Ajustant la casquette sur le sommet de son crâne, elle soupira en observant le terrain autour d’elle. De la montagne, de la jungle… Finalement… « Et bienvenue à Jurassic World… Ou presque. » Elle avait prononcé ces quelques mots pour elle, ses voisins proches étant certainement les seuls à pouvoir l’entendre. Au moment de se mettre en route, elle choisit de ne pas se placer en tête. Interrogeant rapidement les autres du regards, son attention se fit plus particulière quand elle tomba sur Julian, l’incitant d’un hochement de tête à prendre ce qui s’apparentait au lead. Elle n’avait pas les épaules pour ça, Booker n’en avait pas l’envie et les deux bleues… Finalement, mieux valait que ce soit lui. Les moustiques les bombardant avant même qu’ils ne puissent respirer, elle sourit légèrement en voyant ses camarades s’acharner sur les insectes. « L’avantage de l’Ecosse, c’est que ces bestioles vivent avec nous depuis notre naissance… » Enfin, quand on ne se trouvait pas très loin du Loch Ness. Agitant ses doigts, elle prit la suite de la marche, fermant le pas, trouvant que ce n’était peut être pas une place plus enviable que celle d’ouvrir le rang…

Le trajet en mer se déroula sans encombre. L'enthousiasme semblait s'être calmé parmi le groupe, chacun vaquant à ses occupations ou plutôt à ses pensées. De temps en temps, des discussions prenaient vie mais elles demeuraient timides très légère. De quoi passer le temps ou relâcher un peu de stress.
Lorsque le bateau passa au niveau d'Isla Nublar, Julian ne put s'empêcher de regarder vers cet horizon. L'île était loin et on ne pouvait que deviner ce qu'elle renfermait, pourtant, un étrange sentiment de nostalgie l'envahi, motivant chaque parcelle de son être à accomplir cette mission intermédiaire avant d'entrer dans le vif du sujet.
Il avait hâte de fouler à nouveau le sol de cette terre, hâte de retrouver les installations même délabrées par le temps et les dinosaures, hâte de retrouver l'adrénaline caractéristique qui pouvait fous faire dire que ce jour était peut-être le dernier de votre vie.

Inspirant un bon coup l'air salé, il descendit sur le quai de Velo City un sourire non feint affiché sur son visage et fut accueilli par Shaw d'une poigne de main. C'était bon de le voir et encore meilleur de le redécouvrir sur ce poste qu'il lui avait donné quatre ans plus tôt. Miller avait bien fait de l'y replacer.
Comme les autres, il récupéra le paquetage préparé par Shaw composé du nécessaire pour la nuit qu'il ajouta sur le sien, déjà en place dans son dos. Harnaché de ces vingt kilos de matériel, il ajusta la visée laser à son Glock puis patienta pour la suite des évènements.
La randonnée allait être pénible, déjà les insectes vrombissaient autour d'eux. Il savait cependant que ce serait pire dans la jungle et qu'il faudrait ajouter à cela la chaleur et l'humidité. Marcher sur plusieurs kilomètres ainsi équipé était déjà une preuve d'endurance non négligeable.

Observant chacun tour à tour, son regard croisa celui de Forbes qui lui fit signe de prendre la tête du groupe. Il leva les yeux au ciel, enfila son casque et se mit en route. Usant d'un signe du bras propre aux militaires, il invita chacun à avancer d'un "en avant" sonore.
Ouvrant la marche, ses pieds se mirent à fouler le sol chargé d'humus humide. Tout se déroulait bien et au bout d'une bonne heure de marche à un rythme soutenu, la fatigue du barda et de l'arme maintenue en continue commençait à se faire bien sentir.
Il se sentait rouillé même si son corps reprenait petit à petit ses marques.
On disait que le vélo ne s'oubliait jamais, à priori crapahuter dans la jungle non plus.

- Ça va derrière ? Demanda-t-il en se tournant vers l'équipe sans cesser de marcher. J'espère que oui, parce que ça ne fait que commencer.

Un sourire étira ses lèvres avant qu'il ne reprenne le bon sens de la marche. La sueur coulait déjà dans sa nuque et trempait son dos sous l'équipement. Les moustiques s'en donnaient à cœur joie sur la moindre parcelle de peau qui dépassait. Les joies de la forêt tropicale quoi. Et encore, c'était sans compter sur les dinosaures.

L’unité se met en route. La chaleur, l’humidité, les moustiques, on n’essaie de ne pas y penser et de se focaliser sur la mission. Déjà, la respiration est la clef de mon endurance pour moi, une bonne respiration abdominale. Si je garde mon sang-froid, je peux en principe résister à une marche un peu plus rapide que celle que nous adoptons pour atteindre notre objectif, en sachant que nous devons aussi prévoir des aléas comme une attaque qui ralentirait notre progression, même si on devait piquer un sprint pour atteindre une position plus avantageuse ou un abri.

L’unité se met en route. La chaleur, l’humidité, les moustiques, on n’essaie de ne pas y penser et de se focaliser sur la mission. Déjà, la respiration est la clef de mon endurance pour moi. Si je garde mon sang-froid, je peux en principe résister à une marche un peu plus rapide que celle que nous adoptons pour atteindre notre objectif, en sachant que nous devons aussi prévoir des aléas comme une attaque qui ralentirait notre progression, même si on devait piquer un sprint pour atteindre une position plus avantageuse ou un abri.

Je marche devant en position légèrement décalée avec Julian Blake, de sorte que je couvre mieux la partie droite que lui et ses arrières immédiats, tandis que le reste de l’unité couvre davantage nos arrière. Nous ne sommes clairement pas dans une mission d’infiltration, la discrétion n’est pas utilisées ici et nous ne tentons pas d’utiliser le vent pour empêcher l’ennemi de nous sentir dans le sens où nous ignorons totalement sa position.

L’ennemi peut être n’importe où.

Il n’y a pas de dinosaures sur cette île mais nous nous mettons dans une situation où il y en aura. En l’occurrence, les drones. La nouvelle génération ne fait plus le moindre bruit et ça m’étonnerait que notre employeuse ait lésiné sur les moyens afin de reconquérir Isla Nublar. Je marche néanmoins tous les sens aux aguets parce que s’ils sont silencieux, nos ennemis mécaniques peuvent trahir leur présence en entrant en interaction avec l’environnement et donc en frôlant quelque chose comme une branche.

Une chose est sure, je préférerai protéger un allié que "de taper le carton" pendant que ce même allié se fait "allumer" et c’est le but principal de la manœuvre, vérifier la cohésion du groupe et je doute ainsi que mes autres coéquipiers dissimulent "un loup solitaire". Ce n’est pas parce que Lance Booker n’a pas parlé pendant notre déplacement qu’il ne fera pas sa part du boulot, il y en a qui ne discutent que quand c’est le bon moment. Pour ma part, je ne suis pas loquace.

C’est aussi simple que ça.

Je fais un signe de tête affirmatif à Julian Blake quand il nous demande si ça va et je vérifie visuellement que c’est le cas de tout le monde. Si l’un de nous avait un problème, il faudrait réagir en conséquence. En fait, je me rends compte que tout est possible en mission même pendant un entraînement et peut-être surtout durant cette mission, des fois que Gregory Shaw mette notre professionnalisme à l’épreuve.

Le chemin semblait sans fin. Tout n'était qu'une mer de verdure aux divers camaïeus à travers lequel serpentait un sentier étroit. De temps à autres, son casque se prenait dans une liane tortueuse pourtant sa marche ne faiblissait pas.
Ces quatre dernières années de running quotidien portaient leur fruit. A sa grande surprise et malgré la chaleur, son souffle tenait bon.
Il n'avait jamais été aussi endurant en réalité.
Aussi, il avait questionné l'équipe derrière lui pour savoir si tout allait bien.

Booker dans le lot, évidemment, avait eu une réflexion qui avait fait sourire l'ancien responsable. Il le reconnaissait bien là. Secouant doucement la tête, il avait poursuivit comme chacun sa randonnée, gardant un œil sur les nouvelles, jaugeant sans réellement s'en rendre compte leur capacité.

Et puis, Shaw avait montré l'arbre et donné la consigne de l'épreuve à venir. Grimper pour désigner l'enchaînement des tours de garde pour la soirée. Un challenge suffisamment motivant pour Julian qui ne voulait pas arriver en dernier.
Son regard s'était porté jusqu'aux frondaisons et sans quitter le point de contrôle des yeux ni aucune hésitation, il avait commencé son ascension.
(Jet de dés Force 9/12)
Les sacs dans son dos étaient lourds et la chaleur n'aidait en rien mais petit à petit, la distance entre l'arrivée et sa position s'amenuisait.
Après s'être hissé grâce aux lianes et aux aspérités du tronc, il parvint enfin à destination.

Debout, adossé à l'une des énormes branches, il observa la canopée. Immédiatement, les souvenirs avec Laura affluèrent, lui faisant l'espace d'un instant oublier avec qui il était à cet instant précis et surtout, qui était arrivé en premier.

Après une heure de marche, la première difficulté commence, parce qu’entendre Ava marmonner et même chantonner n’est pas une épreuve en soi et je comprends qu’il y en ait qui aient besoin de ça pour se donner du courage comme on dit. Faire de la grimpette juste pour le plaisir de la grimpette, j’aurais trouvé ça plus logique pour passer un obstacle comme une falaise mais bon, c’est un genre du parcours du combattant après tout alors pourquoi pas, puis un ordre est un ordre et c’est bien connu, quand le chef demande de sauter, on demande de quelle hauteur.

On se met donc à grimper et aussitôt, on voit la différence de force entre les deux hommes et nous, les femmes. Alors oui, ils ont la réputation d’avoir potentiellement davantage de muscle sauf qu’il ne faut pas non plus en faire une généralité. Un homme ça se voit en principe un peu plus quand il fait de la gonflette alors qu’une femme musclée est toujours en principe plus sèche, à moins de se doper mais ce n’est pas le sujet. Non, eux sont musclés et nous, Ava, Lorna et moi, moins.

Spoiler:

Je soulève mon postérieur et le barda dans mon dos, il ne faut pas l’oublier, le barda dans mon dos, ça pèse son poids et pas qu’un peu quand on fait ce genre de grimpette clairement abrupte. Si on avait une meute de raptors aux fesses, je fiche mon billet qu’on laisserait quasiment tout tomber au pieds de l’arbre pour sauver notre peau, hormis nos armes et encore, probablement pas toutes. Je grimpe, je grimpe, je grimpe et la force me manque en chemin, heureusement je suis assez agile pour compenser et j’y arrive finalement, au sommet tout comme Ava et Lorna qui ont compensé de la même façon que moi. L’important, c’est qu’on y soit tous arrivés au bout du compte. J’arrive un peu avant Lorna et Ava nous rejoint en dernier. Je soupire en arrivant au sommet, avant de reprendre mon souffle, m’attendant à une suite potentiellement pas piquée des hannetons pour reprendre l’expression, puis je vais pouvoir me concentrer sur une possible attaque ennemie pendant mon tour de garde vu que j’aurai Julian comme coéquipier.

Blake avait su capter son regard et ce qu’il signifiait, désapprouvant d’un regard vers le ciel mais prenant cette place qui était finalement bien légitime aux yeux de la brunette qui avait souri en réajustant sa casquette. Emboitant le pas à la petite troupe, ils marchèrent dans le silence, le goût de l’effort reprenant rapidement sa place dans les esprits. Lorna souriait, malgré elle, heureuse d’être de retour dans ce biotope, satisfaite d’être sur le terrain, tout simplement. Ses doigts venaient parfois caresser les feuilles longues des fougères tropicales, comme un doux souvenir qu’elle pouvait se remémorer.

Blake fut celui qui interrompit cet instant, interrogeant la petite troupe sur l’état de tous. Lorna avait opiné du chef, souriant face à la remarque de Booker. Celui là n’en perdait pas une. Elle n’était pas à ce point à se surestimer mais devait souligner intérieurement sa surprise de se sentir tant en forme. Comme quoi, tout ce temps passé à pousser de la fonte et à courir sur des tapis n’avait pas servi à rien.

Ils arrivèrent finalement au pied d’un arbre aussi gigantesque que magnifique. Lorna demeura à le regarder un instant avant que Shaw ne donne ses directives. Grimper. Elle haussa les sourcils avant de soupirer longuement. Evidemment, grimper signifiait un risque probable de chute. Et un risque de chute… Putain, pourquoi n’avait-elle pas pris de casque ! Se mordant la lèvre inférieure, elle croisa le regard de Shaw qui sembla la toiser d’un sourire moqueur. Elle ne pouvait décemment pas se laisser abattre par si peu.

A son tour, elle s’élança. Sa course vers le sommet s’effectua sans encombre… Jusqu’à une prise sur une écorce qui lâcha. Retenant son souffle, elle compensa sur son bras opposé… Qui tint bon. Râlant, elle se rééquilibra et assura ses prises, soupirant longuement. « Putain, pas cette fois ! » L’esprit revanchard, elle s’attela à donner le meilleur d’elle-même pour, enfin, se hisser sur la branche qui signait sa réussite… Bon, en bout de course, ou presque.

Je suis étonnée que ni Lance ni Julian ne soient manifestement enclins à nous taquiner, Ava, Lorna et moi qui ne devons la réussite de cette épreuve qu’à notre agilité. Ils auraient ainsi l’impression "de marcher sur des œufs" que ça ne m’étonnerait pas. J’aurais encaissé, n’étant pas une petite nature et je ne doute pas que ce soit le cas aussi pour nos coéquipières. C’est vrai qu’une femme soldat doit savoir tout faire mieux que les hommes pour être admise en tant que combattante même si nous ne sommes pas non plus des pionnières. Durant un parcours professionnel, on ne peut pas développer toutes ses aptitudes sans faire craquer le corps, l’esprit ou les deux, il faut faire des choix et il est vrai que physiologiquement, on est davantage enclin à développer son agilité et le tir quand on est une combattante.

De toute façon, je me serais plantée au niveau de la force même si j’avais celle des deux hommes de l’unité mais le problème n’est pas là. Nous avons agi individuellement quand il aurait fallu songer à équilibrer les forces et faiblesse de chacun. Si nous étions passées devant Lance et Julian et qu’ils avaient assuré nos arrières, nous aurions aussi compensé leur agilité moins développée que la notre mais après tout, c’est justement l’objet de cette mission d’entraînement. J’espère que l’épreuve de tir à venir ne sera pas un concours individuel de celui ou celle qui tire le mieux.

Je bois une gorgée d’eau et tends ma gourde avec un grand sourire à Lorna quand elle nous rejoint en dernier parce qu’elle en a bien besoin !

"Tu t’es bien débrouillée."

Ca n’est pas ironique hein et j’espère bien que mon regard la convainc que ce n’est effectivement pas le cas. Après ça, on redescend en formalité, ce qui est une formalité même si garder la concentration reste de rigueur et c’est reparti pour une séance de marche. Une heure c’est éprouvant mais moins que deux heures et je dois dire que la pause repas est plus que bienvenue. Libérée certes provisoirement du carcan de mon sac à dos mais libérée tout de même, je me retrouve par "un heureux hasard très dépendant de ma volonté" à coté de Lorna et je lui file en douce un œuf en plus de notre ration.

"J’étais mariée et elle trouvait que je prenais trop de risques, c’est devenu invivable entre nous alors on a finalement divorcé et j’ai pris encore plus de risques, d’où ma présence, puis la paie est bonne. Et toi, pour quelle raison es-tu venue risquer ta vie dans un lieu pareil ?"

Je ne la quitte pas des yeux pour observer sa réaction en assimilant le fait que j’ai été mariée à une femme.

Un bruit attira son attention en contrebas, c'était Forbes qui venait de perdre sa prise. Il observa un moment ses coéquipières qui arrivaient petit à petit sous la canopée.
Elles n'avaient pas à rougir de leur prestation. Grimper à un arbre tropical avec des prises naturelles n'était pas aisé et changeait grandement d'un terrain d'entraînement intérieur.
C'était peut-être un point à prendre en compte lors de la reconstruction du centre de sécurité sur Isla Nublar, un espace naturel pour s'entraîner.
Les femmes arrivèrent peu à peu, les unes à la suite des autres, Miller en dernier.
Elle n'avait pas l'air ravie ce qu'il comprenait au demeurant. Même s'il ne s'agissait pas d'une compétition, arriver en dernier c'était assez puissant symboliquement parlant.
Enfin, lui clairement aurait eu les boules.
Question d'ego très certainement.

Sans aucun commentaire, il laissa le temps à tout le monde d'arriver et surtout de se remettre de ses émotions avant de redescendre.
C'était bien plus simple dans ce sens mais pas sans risque non plus.
Lorsque l'on pensait aux expéditions à venir sur Isla Nublar, bien évidemment on pensait aux risques liés avec les dinosaures. Mais en réalité, les plus gros risques étaient dans les mauvaises chutes et les infections liées à des piqûres d'insecte ou de simples égratignures.
Le climat tropical rendait les bactéries surpuissantes.

Heureusement, il n'y eu aucun incident pour la descente, chacun prenant soin de bien assurer ses prises en rappel.
La marche reprit avec la même intensité que le matin et après deux heures de marches, l'heure de la pause repas sonna.
Booker s'installa seul, Forbes et Gordon discutaient tranquillement et Miller décida elle aussi de s'isoler un peu, écouteurs dans les oreilles.
Ce n'était peut-être pas le moment pour un mot d'encouragement aux filles.
Il s'installa donc non loin de Booker, prit sa gourde et se désaltéra avant de chercher sa ration dans son sac.

- Je me pensais plus rouillé que ça bizarrement, lança-t-il.

Puis pointant les coéquipières du menton, il ajouta :
- Elles s'en sont pas trop mal sorties pour une première.

Il ouvrit son sachet, récupéra un couvert et commença à manger.

Elle était maudite. Probablement. Deux expériences sur le terrain, un traumatisme crânien et une presque chute qui aurait pu s’avérer bien plus dangereuse que le balayage lancé par le Suchomimus. Mais Lorna n’était pas de celles qui abandonnaient si aisément et elle venait de le prouver, à nouveau. La chute avait été évitée et, les dents serrées, elle avait fini par rejoindre la petite troupe sur le point d’objectif, et sans même arriver la dernière. Un exploit, étant donné la chute qu’elle avait réalisé. Seulement, la glissade sur tronc n’était, vraisemblablement, pas sa spécialité.

Soupirant longuement, profitant du temps de répit avant de redescendre en rappel pour reprendre son souffle et ses esprits, elle avait haussé les sourcils quand une gourde fit son apparition dans son champ de vision. Tu t’es bien débrouillée. Surprise, elle avait souri, honorant le geste sympathique en se saisissant du contenant pour mieux en boire une gorgée avant de la rendre à sa propriétaire légitime. « Merci. Mais moins bien que toi, visiblement… » Le sourire resta posé sur ses lippes avant qu’elles ne se déforment en grimace face à l’annonce d’une descente en rappel. La prudence était de mise et elle prit garde de ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’à la montée. Rangeant son matériel avec soin, elle songea vaguement que les entraînements nécessitaient autant que le véritable terrain de s’encombrer d’un casque. La prochaine fois, elle n’y couperait pas.

La randonnée s’était poursuivie, la chaleur devenant suffocante à cause de l’humidité ambiante. Pourtant, la cadence ne diminuait pas et le groupe restait solidement soudé. Shaw intervint finalement pour mieux informer son équipe d’un ravitaillement. Lorna avait hoché la tête, écrasant un moustique contre sa nuque l’instant d’après, avant de s’installer aussi confortablement que possible sur ce qui s’apparentait à une souche d’arbre. Sortant sa ration, prête à l’entamer d’un coup de fourchette bien maîtrisé, une présence à ses côtés lui glissa alors un aliment plus insolite. Gordon avait une fibre maternelle plus développée que la moyenne, il semblerait. La remerciant à nouveau, la brune à ses côtés se mit à parler… De son mariage brisé. Il fallut quelques secondes pour Lorna pour reconnecter ces informations aux questions qu’elle avait pu poser, des heures plus tôt. Elle trouvait que je prenais trop de risque. C’était le cas aussi pour bon nombre d’entre eux. Lorna se fit d’ailleurs la réflexion qu’aucun des hommes et des femmes présents sur ce navire n’avaient mentionné un éventuel compagnon de vie. Elle-même n’avait finalement cherché à trouver un homme ou une femme avec qui passer son temps libre. Ça n’avait jamais été une priorité par le passé. « Je vois… désolée pour toi. » Elle ne pouvait pas vraiment dire grand-chose d’autre, un sourire doucement navré se posant sur ses lèvres. Puis, Alice lui demanda également ce qui l’avait tant animé à rejoindre également les rangs de Jurassic World. « L’armée ne voulait plus de moi et j’avais besoin de retourner sur le terrain, à l’époque. Et puis, aujourd’hui, un gros sentiment d’inachevé. Les garçons auront tôt fait de t’expliquer en quoi j’ai la tête dure… »

Par mon regard, je fais comprendre à Lorna que j’aurai peut-être moins de chance la prochaine fois. L’idée c’est d’augmenter nos chances de réussite par un bon entraînement et une meilleure coordination entre nous. De fait je me doutais que la descente ne poserait pas de problème à partir du moment où aucun agent ne la prendrait à la légère. Les hommes ménagent aussi leurs forces après cet effort et on reprend la marche.

A la pause du repas, Lorna accepte mon cadeau, c’est une petite attention n’est-ce pas et Ava me surprend en disant que ça nous fait un point commun quand je dis que je suis divorcée.

"Tant qu’aucune de nous ne croise son ex sur le Renaissance, ça devrait aller."

Parviens-je à dire juste avant qu’elle s’isole, puis Lorna me répond qu’elle est désolée, ce qui d’une part me rassure et d’autre part m’amuse parce que j’ai dans l’idée qu’elle le serait bien plus si j’étais toujours mariée. C’est que je ne suis pas infidèle.

"Merci, c’est le passé."

En théorie, Sienna a actuellement les connaissances en paléontologie et juste assez de pratique pour participer à la reconquête d’Isla Nublar mais elle n’est pas une aventurière et je souhaite à Ava que ce soit aussi le cas pour elle. En tout cas, ça serait tellement malaisant pour moi !

Je ne demande pas la raison pour laquelle Lorna a été remerciée de l’armée, des fois il suffit d’un prétexte et je peux comprendre cette idée d’inachevé. Par contre, je suis intriguée par ses propos suivants.

"Ca explique le port du casque devenu obligatoire. La tête dure, ça veut dire qu’il y a une petite cicatrice sous ta belle tignasse."

Je résiste à l’envie de retirer sa casquette passer la main dans les mains, à la recherche de la cicatrice bien sur, d’abord parce qu’elle ne serait peut-être pas ravie de ce geste, le trouvant cavalier et si elle l’était, ce ne serait pas le moment approprié. Planning oblige, on se restaure vite et bien comme on dit avant de reprendre la route.

"On peut se répartir les cibles à abattre en fonction de notre position dans l’unité."

Dis-je l’arme en main, canon braqué vers le sol et les sens aux aguets. Ce n’est pas une compétition, c’est un travail d’équipe et tant que je fais ma part, je n’irai pas chercher la performance au détriment de mes coéquipiers, tout ça pour flatter ma vanité en essayant de toucher un maximum de cibles, sauf si le chef d’équipe nous donne un ordre en ce sens mais j’en doute.

Tant qu’aucune de nous ne croise son ex sur le Renaissance, ça devrait aller. Elle haussa les sourcils, dévisageant les deux autres filles en souriant. Ça s’annonçait difficile, la concernant, vu que ses rares ex dataient de plusieurs années. Lorna avait appris à vivre seule et, comme le soulignait si bien Alice, elle effectuait un travail qui demandait une prise de risques presque infinie alors… A quoi bon s’arrêter sur des choses aussi futiles que les relations ? Regardant rapidement les deux autres camarades de la bande, elle essaya de se souvenir d’éventuelles relations entre les membres du personnel, sur l’île. Elle n’avait pas souvenir d’avoir vu ni Julian, ni Lance avec une femme… Ou un homme. Le premier était focalisé sur son travail, sur l’application des consignes, et le second… Bah le second était suffisamment antipathique pour faire fuir la moindre tentative de sociabilisation. Lorna se sentait déjà privilégiée d’avoir pu passer tant de temps en sa seule compagnie en lui arrachant une ébauche de sourire.

Ca explique le port du casque devenu obligatoire. La tête dure, ça veut dire qu’il y a une petite cicatrice sous ta belle tignasse. Lorna ne put s’empêcher de rire, hochant la tête de droite à gauche, sa bouille s’illuminant naturellement par ce sourire qu’elle portait régulièrement. « Yep, c’est grâce à moi que le budget de Masrani a pris un coup. Mais c’est pas plus mal, j’ai eu de la chance à l’époque, ça n’aurait pas été le cas de tout le monde… Et non, pas de cicatrice. Juste un bon trauma crânien, histoire de venir secouer la boîte à pensées. » Elle hocha les épaules, comme si ce n’était finalement pas grand-chose. Les troubles cognitifs associés pendant une longue période n’étaient pas de cet avis, eux. Mais fort heureusement pour elle, elle avait pu récupérer l’ensemble de ses capacités.

La conversation, malheureusement, ne put être davantage creusée puisque déjà, Shaw invita l’équipe à se recharger et à armer correctement les armes qui étaient à leur disposition. Pas de spécimen à endormir, ici, mais le réalisme des armes d’entraînement était saisissant sur ce que Lorna avait en tête. Ils avancèrent de nouveau dans la jungle, reprenant leurs positions dans la petite troupe, Lorna ne pouvant s’empêcher de sourire dès lors qu’elle posait son regard sur la brunette qui collait aux basques de Julian. Il y avait quelque chose de plaisant, chez elle, comme un naturel qui se rejoignait avec ce qu’elle pouvait connaître et des valeurs qui semblaient être les siennes.

Finalement, au fil de la marche, quelque chose finit par capter l’attention de la petite troupe. Fronçant les sourcils, Lorna observe la cible et son décompte, s’interrogeant sur la signification de tout ceci. Ce n’est que lorsque le compteur arrive à zéro et que les autres cibles surgissent qu’elle comprend, n’étant pas la seule à le faire. Ajustant sa vue en cillant un bref instant, elle leva son arme pour tirer. Elle fit mouche mais, malheureusement, sa touche n’était pas percutante pour arrêter la course du drone qui finit par l’atteindre, malgré une tentative d’écartement. Touchée par le ruban, elle grimaça légèrement. « Et merde. » C’aurait été un suchomimus, elle aurait certainement retenté le grand plongeon, comme la première fois.