Après ce crac qui fit redescendre d'un coup la température à celle d'un bloc de glace, c'était au cri d'Ava de faire paniquer l'ancien soldat qui ne jouait plus du tout au p'tit malin. Il ne s'était pas rendu compte de tout le poids et la force qu'il avait mis dans son geste trop amusé par la situation, trop enjoué par les regards qu'elle lui avait offert entre deux sourires. Bon sang, c'était si bien parti ! Mais j'allais te le laisser ton hot-dog ! Merde ! Dany fronça des sourcils, partagé entre l'envie d'un rire nerveux ou de rétorquer son mécontentement face à ce qu'elle insinuait. Mais j'en ai rien à foutre du hot-dog ! fit-il en se levant d'un bond à son tour. J'allais aussi te l'donner ! Ils étaient vraiment en train de parler du hot-dog, comme s'il s'agissait là de la source du problème ? J'ai pas fait exprès, il faut me croire, rajoutait Dany en s'approchant de la jeune femme qui grimaça à cause de la douleur qu'il ne pouvait qu'imaginer irradiante. Il la regarda, sans oser l'approcher d'avantage ou lui toucher l'épaule pour tenter d'apaiser sa colère. Au contraire, plus il s'avançait et plus Ava était énervée. Réaction chimique logique, quand on y pensait sérieusement, après tout il venait de lui péter le bras ! Heureusement, c'était pas un rencard, ça aurait été certainement le pire. Tu sais quoi, je m'en fous de savoir comme tu t'appelles ! Tu m'as pété le bras pour un hot-dog ! Les traits de Dany se crispèrent, un peu désemparé. Il avait envie de lui répondre "Un faux pas et ça y est, je suis le vilain garçon !" de façon plus grossière, bien entendu, mais se ravisa uniquement car elle souffrait. Quand elle s'en remettra ou sera sous morphine, il allait pas se gêner, tiens !
Ignorant les gens alentours, Dany dut délaisser leur table pour suivre Ava qui s'éloignait sur la rue. Mais où tu vas ?! La question était stupide, elle allait certainement à l'hôpital et c'était exactement l'endroit où il la conduirait. Ava ! Ah, la culpabilité le rongeait déjà. Elle ne lui répondait pas et ça l'irritait au plus haut point ; c'était donc ça, le caractère d'emmerdeuse qui l'étiquettait ! Elle s'éloignait toujours plus et à l'allure de sa posture, il devina qu'elle tenterait d'attirer un taxi. Grognant dans sa barbe, il fit demi-tour jusqu'à sa moto garée non loin. Le moteur vrombissant, il roula jusqu'à elle, la suivant au ralenti depuis la route où les klaxons lui faisaient comprendre de dégager le passage. Ava, grimpe, je t'emmène à l'hosto ! intima Dany plus qu'il ne proposa. Il la regarda, attendant une réaction. Mais t'es pas sérieuse, puisque j't'ai dit que j'ai pas fait exprès ! Grimpe ! Aussi têtu qu'elle voire plus encore, il lui bara la route en roulant sur le trottoir. On y sera en même pas cinq minutes à moto, articula Dany d'une façon étrangement calme bien que ses yeux fixant Ava laissait deviner qu'il se faisait violence pour ne pas hausser le ton et insister.
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La discussion n'a plus aucun sens. Debout devant Dany, sur la défensive, je recule dés qu'il s'approche de moi et je lui hurle littéralement dessus tandis que lui, me fixe, impassible, ce qui a le don de m'énerver encore un peu plus en fait. Ma main tenant mon bras contre mon corps, je grogne, fulmine en répétant en boucle que mes idées à la con finiront par avoir ma peau et je prends la direction de la rue avec la ferme intention de trouver un taxi pour me rendre à l'hôpital. Les gens qui ont été spectateurs de la scène me regardent les yeux écarquillés, certains essaient de me dire de rester là, qu'ils appellent une ambulance mais je ne les écoute pas. Là, je suis actuellement en mode tête de mule et rien ni personne ne pourra me faire changer d'avis à ce sujet.
Le pas rapide malgré la douleur, j'avance sur le trottoir sans faire attention à cette voix qui sort du lot. Dany est là, à ma hauteur, sur sa moto, à faible allure, se faisant klaxonner parce qu'il dérange la circulation mais je ne l'écoute pas et lui réponds encore moins.
Aucun taxi à l'horizon et lui, il est là, je le vois du coin de l'oeil, qui me suit, me suppliant de monter sur la moto pour qu'il puisse me déposer à l'hôpital. Au fond de moi, je me persuade que si je l'ignore, il finira par partir mais non, il doit être aussi bourrique que moi puisqu'il finit par venir me barrer la route avec sa moto. Je suis obligée de m'arrêter net. Je lève mon visage vers lui essayant de ne pas montrer que j'ai mal. Forcément, il me fait savoir qu'en moto on y sera dans pas longtemps et je laisse échapper un soupir. Je pourrais jouer à la conne, lui hurler dessus en lui demandant comment je fais pour me tenir avec un seul bras et essayer quand même de passer mais la petite partie raisonnable de ma personnalité voit bien qu'il n'y a aucun taxi à l'horizon et qu'à pieds j'en ai pour un petit moment. Je fronce les sourcils, serre les dents et décide de la jouer intelligemment.
"Aide moi à mettre le casque."
Une fois chose faite, je grimpe sur la moto, derrière lui, me tiens comme je peux et prends sur moi pour ne pas pleurer de douleur... Ridicule... cette situation et tout simplement ridicule.
En tout cas, il a raison, il ne nous faut pas longtemps pour rejoindre l'hôpital et il m'en faut encore moins pour descendre de la moto et rejoindre l'accueil. Une fois sur place, on me demande comment je me suis fais ça et je réponds sans hésitation.
"Entraînement.... mauvaise prise..."
Il m'a peut-être déboité le bras au bras de fer mais hors de question que tout le monde sache qu'il est le responsable parce que je pense qu'on ne me croira pas et qu'en plus il se retrouvera probablement avec les flics pour maltraitance alors qu'on n'est même pas ensemble... En tout cas, il est toujours là, à attendre...
Une infirmière vient me chercher et fait signe à Dany d'attendre qu'on vienne le chercher. Une fois dans une salle, on me fait me changer, j'enfile la blouse bleue réglementaire qui laisse les fesses à l'air et m'allonge sur le lit. Le plus long est d'attendre la radio mais une fois chose faite, tout s'enchaîne. La suite se passe relativement vite. On me place sous masque pour me détendre, perfusion de morphine pour la douleur et en deux deux, on me replace le bras dans le bon sens. Je ne sais même pas si je crie, je suis dans les choux.
L'infirmière quitte la pièce, je baisse les yeux vers mon bras, en écharpe, et éclate de rire. Au bout de quelques minutes, Dany est autorisé à entrer dans la salle et en voyant son visage, je ris encore un peu plus fort.
"Bah ça c'est un grand moment hein ! On s'en souviendra de ce rencard."
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Son insistance guidée par sa culpabilité avait porté ses fruits, Ava avait fini par grimper sur la bécane après qu'il lui mit le casque. Il n'attendit pas une seconde de plus pour démarrer et filer en trombe jusqu'à l'hôpital le plus proche, roulant entre les voitures. La vie d'Ava n'était pas en danger mais sa douleur bien réelle, et il ignorait le taux de tolérance de la jeune femme vis à vis de celle-ci.
Sur place, Dany n'hésita pas à l'accompagner, presque naturellement. Elle ne lui avait rien demandé mais il faudrait bien que quelqu'un finisse par la ramener chez elle ! A l'accueil, ils devaient ressembler à un couple sorti tout droit d'une dispute conjugale. La secrétaire ne sembla pas croire à l'histoire d'un entrainement ayant mal tourné et aussitôt son regard accusateur vira sur Dany, qui souffla du nez d'être pris pour l'enfoiré qu'il n'était pas. Il ne dit cependant rien et attendit avec Ava l'infirmière qui arriva assez vite ; surprenant, pour des urgences !
Bon, à tout à l'heure... dit-il à Ava qui ne l'entendit pas ou alors elle faisait très bien semblant de pas faire attention à lui. Pendant de très longues minutes, Dany resta donc dans la salle d'attention. Il passa le temps à compter les tâches de moisissures sur les hauts plafonds blancs, à regarder la télé à disposition pour les patients mais qui ne donnaient pas de son, à observer le temps passant sur son téléphone... Aussi, à se rejouer la soirée et chercher à comprendre comment ça avait pu se dégrader autant. Il ne lui avait pas cassé le bras, sinon elle n'aurait pu se tenir à lui sur la moto. Au "mieux", il était déboité et ils en riraient plus tard... du moins l'espérait-il. Pour sûr, il ne parlerait pas de cette soirée aux autres !
L'infirmière vint le chercher et il la suivit, se sentant encore jugé. Monsieur ? Votre femme vous attend dans la salle de consultation 7. Non, ce n'est pas ma... Vous tournez à gauche après ce couloir. Les ragots allaient bon train dans ce service, hallucinant ! Levant les yeux au ciel, il alla rejoindre Ava et la découvrit dans un état qui ne le surprenait pas au vu de la perfusion. Refermant doucement la porte derrière lui, il s'approcha, ne cachant pas son sourire. Il valait mieux en rire ! Voilà, ça c'est un joli sourire, répliquait Dany. Bah ça c'est un grand moment hein ! On s'en souviendra de ce rencard. En s'asseyant sur le bord du lit, près d'elle, il la regarda. La fatigue de cette étrange nuit commençait à se faire sentir et il retint un bâillement. Donc c'était finalement un rencard ? fit-il sur le ton de la taquinerie. Dany laissa son regard glisser sur le bras en écharpe. Ecoute, Ava, je suis désolé pour ça, s'excusa-t-il. Je sais pas quoi te dire d'autre, c'était pas voulu. Forcément. Je suis pas un taré qui casse les bras, ok ? Je... Il émit un soupir, comme pour se donner courage. Mais il n'en avait pas besoin, elle était dans les vapes et ne se souviendrait pas de cette discussion demain. Je voulais juste apprendre à te connaître. Tu me plais. Je suis visiblement doué pour gâcher les opportunités, pas vrai ? Même dans cet état, sonnée par la morphine ou cernée par la fatigue, il trouva Ava magnifique.
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Je lutte vraiment pour ne pas sombrer dans un profond sommeil, assommée par tous les médocs qu'ils m'ont collés et les restes de gaz. Je plisse les yeux quelques secondes, juste le temps de suivre Dany des yeux alors qu'il vient s'installer sur le bord du lit. Machinalement et sans trop savoir pourquoi, je viens tapoter sa main plusieurs fois avant de sourire une nouvelle fois. Je n'ai plus du tout aucun contrôle de ce que je peux dire et de ce que je fais alors lorsqu'il me demande si finalement cette soirée est un rencard, je le fixe d'un air que je veux mystérieux mais qui au final ne ressemble pas à grand chose.
"Qui sait... P't'être que oui... p't'être que non..."
Je finis par laisser échapper un nouveau rire tout en laissant ma tête retomber sur l'oreiller.
"Pfiou le bad trip...."
Toujours à côté de moi, Dany prend une nouvelle fois la parole sauf que je n'entends pas tellement ce qu'il me dit... Enfin si j'entends qu'il me parle, pas de soucis là dessus mais par contre je comprends rien du tout et à part continuer de le fixer, droit dans les yeux, je ne vois pas trop quoi faire d'autre.
Je me retrouve même à approcher ma tête de lui comme si ça allait m'aider à mieux comprendre ce qu'il est en train de me dire. La seule chose que j'entends et comprends c'est "tu me plais" et en entendant ces mots, je n'arrive pas à retenir un rire. Me voilà donc allongée sur le lit, à moitié les fesses à l'air, ne contrôlant plus grand chose, à rire parce qu'il vient de me dire que je lui plais. Je tapote une nouvelle fois son avant bras avant de lever mes yeux vers les siens.
"On va pas s'mentir, t'es pas mal aussi. C'est quoi ton nom d'ailleurs ?"
Je lui fais un clin d'oeil qui doit pas ressembler à grand chose et me laisse tomber une nouvelle fois sur le lit.
"Tu veux bien me ramener ?"
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"P't'être que oui, p't'être que non" Elle était agaçante ! ... et attachante ! Dany fronça des sourcils mais ne répondit rien, il était inutile de discuter trop sérieusement avec quelqu'un qui avait de la morphine dans le veine à la place du sang. Elle s'en rappelerait peut-être même pas de cette conversation, demain ! Et cette éventualité était bénéfique pour lui qui regrettait déjà de lui avoir avoué qu'elle lui plaisait. C'était trop direct, trop tôt, trop tout et ça, même si elle lui avait tapé dans l'oeil assez vite. Il fallait pas se mentir, son physique était la première chose qui l'avait fait déglutir. Ensuite ça avait été ce regard, sombre mais tendre. Puis sa voix, un brin suave avec une touche de fermeté qui ne laisserait aucun homme indifférent.
Lui qui n'avait jamais dérogé à sa règle, celle de séparer étroitement vie privée et professionnelle, se sentait défaillir tandis qu'il observait Ava se redresser sur son lit d'hôpital. Elle le regardait et Dany ne cilla pas, restant sérieux alors qu'elle se mit à rire. Il leva les yeux au ciel, c'était bien la première fois qu'une fille éclatait de rire après qu'il lui ait déclaré son attirance. Mais pour sa défense, encore une fois, elle était droguée aux médocs ! Elle lui tapota le bras et lui partagea elle aussi une information qui gonfla l'égo de Dany.
On va pas s'mentir, t'es pas mal aussi. C'est quoi ton nom d'ailleurs ? On ne mentait pas sous la médication, pas vrai ? Ca n'pouvait être que vrai ? Ah, comment il la taquinerait des jours et des semaines avec ça, c'était certain !
Dany, répondit-il avec un amusement non dissimulé. Il avait fallu qu'elle soit entre ses murs et sous perfusion pour enfin daigner lui poser la question. Quelle tête de mule, c'était pas croyable. Et c'est pas un diminutif, mon prénom c'est juste Dany. Un détail dont tout le monde se fichait mais auquel il accorda de l'importance depuis qu'on l'avait appelé à tort "Daniel". Il n'avait rien contre les Daniel, mais lui c'était juste Dany.
Ava se laissa tomber sur son lit, sous l'oeil attentif de son collègue qui se fit violence pour remettre la couverture blanche sur la jeune femme. Son pyjama de fortune laissait entrevoir des formes généreuses et il ne devait ô grand jamais laisser courir ses yeux avides de chair, de passion et d'amour, sur cette créature temporairement vulnérable.
Tu veux bien me ramener ? T'as oublié que j'étais à moto ? fit-il, peu sûr que ce moyen de locomotion ne convienne pour l'état d'Ava. Mais tu rentreras en taxi et j'te suivrais de près jusqu'à chez toi. C'était la moindre des choses après que... qu'il lui ait détruit le bras. Une infirmière fit irruption, de la paperasse en main à faire signer.
Madame Miller, vous pouvez rentrer chez vous. Quelques formalités et ce sera bon ! Alors qu'elle s'avança vers la malade, Dany lui se leva pour s'apprêter à sortir.
Bon... Change toi, signe ces papiers, moi j'appelle un taxi. Il passa la porte et attendit dans le couloir, profitant du calme pour passer ce coup de fil. Assis sur une chaise en métal très peu confortable, il se remémora la soirée et trouva dingue par quelles situations tantôt intimes, tantôt absurdes, ils étaient passés...
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Heureusement que je n'ai pas du tout la notion de ce qu'il se passe parce qu'une chose est certaine, si je me voyais faire là maintenant, de suite, je pense que j'aurais envie de me secouer et de m'en mettre une... Franchement, il n'y a pas idée de le fixer comme ça, avec le regard d'une gamine amoureuse ! La honte franchement et j'espère vraiment ne pas me souvenir de tout ça demain au réveil. En attendant, complétement dans le déni et surtout complétement shootée aux antidouleurs, je reste là à le regarder, un sourire niais sur le visage.
"Dany..."
Mon sourire s'agrandit alors que dans ma tête, je me répète encore et encore son prénom... Mon dieu, il faut vraiment que je ne me souvienne de plus rien demain. Finalement, je me laisse tomber en arrière, sur mon lit et Dany en profite pour remonter le drap sur moi ce qui a pour résultat de me voir, encore, sourire comme une ado amoureuse. Je termine en lui demandant s'il peut me ramener à la maison mais forcément, quand je l'entends me répondre, je me dis que je suis un peu stupide. Monter à moto là comme ça ? Pas moyen ! J'affiche une moue boudeuse et prends une inspiration.
"Ah oui... la moto..."
En me regardant comme ça, on pourrait carrément croire que je suis déçue de ne pas faire le trajet avec lui... mais la proposition qu'il fait, comme une sorte de compromis, a au moins le mérite de me rendre le sourire.
"D'accord.... on fait comme ça alors..."
Je me redresse et laisse tomber les jambes dans le vide au moment où l'infirmière fait son apparition dans la chambre pour me faire savoir que je peux rentrer chez moi. A elle aussi je lui fais un sourire tandis que je fais ce que je peux pour gérer les papiers... en tout cas, les calmants ne font pas aimer la paperasse plus que d'habitude.
Une fois seule dans la chambre, je m'empresse de m'habiller et de quitter la chemise de nuit avec vue. Je suis un peu plus longue que d'habitude mais j'arrive quand même à me changer et lorsque je sors de la pièce, Dany est encore là, à m'attendre. J'agite la main me concentrant sur mes pas pour ne pas chuter.
"On y va ?"
En sortant de l'hôpital, le taxi est déjà là et après avoir donné l'adresse, je file, suivie par Dany sur sa moto, en direction de mon appartement...
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Le taxi était déjà commandé lorsqu'elle sortit de sa chambre, vêtue d'autre chose qu'un pyjama horrible qui était pourtant sur elle, tout sauf laid. C'était un point sur lequel il devrait se pencher un d'ces quatre, parce que le commun des mortels ne pouvaient pas ressembler à quoique ce soit dans un vêtement d'hôpital.
Mais peu importait, Ava sortait et il la réceptionna habilement ; Dany avait remarqué que ses pas et son attitude générale étaient encore sous l'emprise du médoc et faudrait pas qu'elle se foule la cheville en plus de tout ça, hm ? Elle oserait encore dire que c'était sa faute à lui juste parce qu'il se trouvait à côté ! Ensemble ils sortirent du grand bâtiment blanc, la couleur immaculée qui faisait naturellement référence aux médecins, aux infirmiers, aux soins. La voiture était là, et après les quelques formalités nécessaires, les deux véhicules se mirent en route. La moto de Dany était toujours à l'arrière, il se mettait de temps en temps sur la droite pour vérifier qu'elle allait bien, mais la vitre teintée du taxi rendait la chose presque impossible en plus de son propre casque.
Elle n'habitait pas très loin de toutes les commodités, leur QG par exemple n'était qu'à une dizaine de minutes de là. Le motard garé, il rejoignait Ava qui sortait du taxi. Ca a été la route ? Tu te sens un peu mieux ? Son regard toisa le bras en écharpe de la jeune femme, lui arrachant un sourire malgré la situation cauchemardesque qui se déroulait ce soir. J'peux te ramener jusqu'à ta porte, à moins que tu préfères que je file ? Le taxi s'en était déjà allé, les laissant sur le bord du trottoir. Il était tard, Ava devait dormir et il n'allait pas lui imposer sa présence plus qu'il n'en fallait. T'es à quel étage ? Y a un ascenseur ?
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Titubante, je quitte l'hôpital au bras de Dany pour rejoindre le taxi qui nous attend près de la sortie. Dany s'occupe de donner mon adresse au chauffeur et m'aide même à monter à l'intérieur du véhicule. Moi, j'ai toujours ce sourire niais sur le visage... même quand il referme la porte. Je ne sais pas ce qu'ils m'ont donné mais faut bien avouer que ça semble faire effet ! La tête posée sur le fauteuil, à l'arrière, je prends une inspiration et ferme les yeux quelques secondes jusqu'à ce que la voix du chauffeur se fasse entendre.
- Dure soirée ?
J'ouvre un oeil puis l'autre et aperçois l'homme qui me jette quelques coups d'oeil dans son rétroviseur. Je me contente de sourire, je ne réponds pas et tourne le visage vers la fenêtre. Au même moment, je m'aperçois que Dany est là, sur sa moto et qu'il semble veiller à ce que tout se passe bien... Un sourire au coin des lèvres, je me contente de l'observer alors que lui n'a pas l'air de me voir.
Le trajet n'est pas bien long et rapidement, nous arrivons à destination. Après avoir remercié le chauffeur, je descends du véhicule. Je me fais craquer la nuque, esquisse une grimace et me tourne vers Dany qui me rejoint quelques secondes après que le taxi soit déjà parti. Appuyée contre la colonne prés de l'entrée de l'immeuble, je passe ma main valide dans mes cheveux et prends une profonde inspiration. La question que me pose Dany aurait pu m'énerver vu le contexte mais étrangement, je décide de le prendre sur le ton de la plaisanterie.
"Je peux courir un marathon..."
Je grimace et secoue la tête avant de tenter de sortir le badge qui ouvre la porte de l'immeuble. Il me faut tout de même quelques minutes pour réussir à mettre la main dessus et finalement réussir à ouvrir la porte. Alors que je m'apprête à entrer, Dany me fait savoir qu'il peut me ramener jusqu'à la porte ou me laisser tranquille. Je souris et secoue la tête avant de me tourner vers lui.
"J'ai des bières si ça te dit... Mais ne te sens pas obligé d'accepter par pitié."
Du pied, je coince la porte et attends de voir ce que Dany compte faire. En tout cas, après quelques secondes, moi je prends la direction de l'ascenseur.
"Si jamais, c'est au 4ème étage."
Le temps qu'il se décide, moi je file et une fois dans l'ascenseur, la tête appuyée contre la paroi, je prends une inspiration et ferme les yeux. Cette soirée est, de loin, la plus étonnante et surtout la plus intéressante. Même s'il s'est passé que des merdes, faut bien avouer que les moments passés avec Dany sont agréables...
J'attends quelques secondes de plus et appuie sur le bouton de l'étage alors que les porte se referment. Lorsqu'elles finissent par s'ouvrir, je m'approche de la porte de mon appartement, la clef dans la main... Aucune trace de Dany... il a du laisser tomber...
"Dommage..."
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La fin de la soirée sonnait tandis qu'Ava tentait de trouver le badge pour entrer chez elle. Dany était appuyé contre le mur, occupé à la regarder galérer jusqu'à ce qu'enfin l'objet magnétisé ne finisse par apparaître après de longues secondes. C'était en voyant comme elle peinait à faire de simple chose, comme marcher droit ou penser clair, qu'il savait qu'il ne monterait pas avec elle. Ca ressemblerait trop à un pauvre type qui profitait de l'état fragilisé d'une femme, et ça c'était hors de question. Il était loin d'être un gentleman, c'était sûr, mais aussi loin d'être un salopard d'opportuniste.
J'ai des bières si ça te dit... Mais ne te sens pas obligé d'accepter par pitié. Dany fronça des sourcils, c'était pas son genre d'accepter "par pitié". Et pourquoi une telle pensée traversait l'esprit d'Ava, lui avait-il donné cette sordide impression au cours de la soirée ? Tout en mettant ses mains dans les poches, il répondit un peu du tac au tac. De la bière et un anesthésiant qui fait encore effet, j'crois pas que ça fasse bon ménage, Ava. Il lui sourit, son ton avait été léger et ne sonnait en rien comme une remontrance. Il était en fait très étonné qu'elle lui propose une after après tout ce qui venait de se passer ! Etait-ce le medoc ou simplement Ava, il ne saurait sans doute qu'à partir du lendemain. Si jamais, c'est au 4ème étage, informa-t-elle en relâchant la porte du pied. Instinctivement, Dany la bloqua de sa main. Il avait décidé de ne pas la suivre mais tout son être avait réagi au quart de tour en s'imaginant cette porte refermée et l'empêchant de passer. Aaarggh, putain... grognait-il, frustré de devoir passer outre son envie de la rejoindre. Les secondes, puis les minutes s'écoulaient tandis qu'il restait là, le dos appuyé contre cette porte. Finalement, se faisant violence, Dany se redressa. Le cliquetis qui signala la porte fermée une bonne fois pour toute le délesta d'une pression, et il regagna sa moto. En prenant place, il mit son casque et observa le quatrième étage. Il attendait que la lumière s'allume dans l'appartement, afin d'être sûre qu'Ava était bien rentrée, avant de faire gronder son moteur et filer dans la nuit.
Dany avait rebroussé chemin et mit plein les gaz pour apprécier ce retour. Ava lui collait désormais à la peau, son sourire si charmant et ses yeux rieurs, sa répartie cinglante cachant un coeur sur la main... Ouais, ils allaient se revoir, c'était certain.
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Dany n'a pas accepté l'invitation. Dommage... Avec difficultés et beaucoup de patience et de minutes, je réussis finalement à ouvrir la porte de mon appartement. Une fois à l'intérieur, la porte bien fermée à clef, je m'adosse contre la porte et prends une profonde inspiration. Je ferme les yeux et passe ma main valide dans mes cheveux avant de retirer habilement mes chaussures. Sans trop savoir pourquoi, je m'approche de la grande fenêtre qui donne sur l'avenue et j'aperçois les phares de la moto s'éloigner de l'immeuble... Tant pis...
Le reste de la soirée, nuit est assez folklorique... Déjà, il me faut un temps improbable pour réussir à me déshabiller et prendre une douche. Les calmants font de moins en moins effet, la douleur est bien là et ne manque pas une seconde ou un faux mouvement pour me rappeler à l'ordre... Une fois lavée, habillée d'une tenue confortable, je capitule alors que je tente de me brosser les cheveux et prends la décision de remettre ça à demain avant d'aller me coucher... et autant vous dire que la nuit est assez agitée...
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Au petit matin, enfin je crois, il me faut quelques minutes pour remettre toutes les informations dans l'ordre dans ma tête.... Mais bon, j'ai juste à m'étirer pour que tout le contexte se remette en place... D'ailleurs, on en parle qu'au lieu d'insulter Dany en premier réflexe, je me sens obligée de vérifier mon téléphone pour voir si j'ai un message ou quelque chose... et d'être déçue de me souvenir qu'il n'a pas mon numéro... Je ne sais pas si ce sont les cachets ou pas mais je suis complètement à côté de la plaque...
La journée, j'essaie de m'occuper comme je peux, de retenter la coiffure et mettre quelques temps avant de trouver comment m'y prendre... Je m'ennuie, on ne va pas se mentir... Le boulot me manque, m'entraîner me manque... et au lieu d'aider les collègues, je suis là, assise sur mon canapé, une bougie allumée, en train de finir le troisième film de la journée... une comédie romantique en plus...
Fatiguée de ne rien faire, je laisse échapper un soupire et alors que je me lève pour aller jeter un coup d'oeil au frigo, l'interphone se met à sonner. Je fronce les sourcils, regarde l'heure et m'approche avant d'appuyer sur le bouton.
"Si c'est pour me vendre un truc, pas la peine."
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Au boulot le lendemain, tous s'était inquiétés de la présence d'Ava, mais leur supérieur les avait rassurés. Elle était souffrante et pas mourrante, bonne nouvelle à qui voulait l'entendre ! Dans son coin la mine un peu renfrognée, Dany se frottait un visage fatigué qui attira l'attention de ses pairs. Sarah avait débarqué à ses côtés, un café en main où était dessiné un smiley souriant. Il la regarda d'un air surpris avant de machinalement s'armer du gobelet bouillant et d'en boire quelques gorgées salvatrices. Merci, répondit-il simplement, peu désireux de la voir exposer cet enthousiasme flippant de bon matin. Je t'ai vu partir avec Ava hier soir, tout va bien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, elle n'a rien de grave ? En langage codé de femmes, Sarah essayait simplement de savoir s'ils avaient couché ensemble. Elle ne s'inquiétait pas de l'état de sa collègue et espérait sans doute encore moins qu'Ava se remette trop vite, afin d'apprécier son absence. Hors Dany n'était pas ignorant de ce langage codé vicieux mais n'était pas non plus un maître en la matière... encore moins lorsqu'il était dans cette fâcheuse prédisposition de manque de sommeil. Euh.. ouais... j'en sais trop rien à vrai dire, mentit-il en saisissant une autre gorgée de caféïne. Il ne savait pas trop quoi dire, encore moins s'il devait dire quelque chose. La faute à quelques traumatismes de jeunesse lorsqu'il avait bêtement converser avec une petite amie qui s'était offusquée sur un détail dont il ne comprenait pas le sens encore des années plus tard.
Les femmes, un vrai mystère !
La journée se passa et affairé à son travail, les coups de dix-huit heures sonna comme si la Faucheuse elle-même agitait sa lame par-dessus sa nuque à la veine palpitante. Il était anxieux, car son deux-roues se dirigeait vers l'appartement d'Ava qu'il avait décidé de visiter sans prévenir. Ca craignait, de s'inviter sans s'annoncer, mais il n'avait pas envie qu'elle le rembarre sauvagement s'il demandait la permission. Alors, Dany se l'était lui-même donné. Avec toutes les gaffes qu'il avait enchaîné hier soir, celle-ci n'allait sûrement pas plus entacher son ardoise, pas vrai ?
Un sac de malbouffes dans une main, quoiqu'il y avait quand même une soupe visant à réconforter la malade, il sonna une première fois. Si c'est pour me vendre un truc, pas la peine. Nous sommes les enfants de la Lumière des Anges et Elle peut vous sauver des ténèbres, répondit-il sans cacher son amusement. Puis, reprenant son sérieux avant qu'elle ne raccroche définitivement, il s'éclaircit la gorge. J'ai rien à vendre mais par contre, j'ai des hamburgers à partager. Tu me laisses monter ?
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Debout prés de l'interphone et de la porte, j'attends de savoir qui vient sonner chez moi. Je n'attends personne, je n'ai rien commandé et s'il y a bien une chose que je déteste, ce sont les surprises. Je prends une profonde inspiration et alors que je m'apprête à partir, une voix résonne dans l'interphone. Je fronce les sourcils en reconnaissant sans mal la voix de Dany. Je me mords les lèvres, reste là, sans rien dire ou faire le temps de quelques secondes puis je finis par appuyer à mon tour sur le bouton de l'interphone. Je secoue la tête, inspire et je lui réponds, essayant de me convaincre que je ne vais rien regretter.
"Tu peux monter..." Je relâche le bouton quelques secondes avant de réappuyer pour rajouter. "T'as intérêt d'avoir des frites avec."
Et sans rien dire de plus, j'appuie sur le bouton pour lui déverrouiller la porte d'entrée de l'immeuble. Rapidement, je jette un rapide coup d'oeil à mon appartement et remercie mon envie maladif de faire en sorte que tout soit rangé... au moins, j'ai pu tout ranger avant de me faire déboiter l'épaule... Sauf qu'il y a une chose à laquelle je n'ai pas pensé... Je regarde mon reflet dans le miroir et laisse échapper un soupir. Epuisée, les traits tirés, mal coiffée et pas vraiment bien habillée, tout est à faire... Tant pis, le naturel s'est bien non ?
Je regarde la porte, je la fixe alors que la musique résonne dans le salon. J'entends le bruit de l'ascenseur, les portes qui s'ouvrent et des bruits de pas... Bon... en espérant qu'il ne me cassera pas l'autre bras cette fois-ci !
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
En appuyant sur cette sonnette, Dany ignorait si la porte s'ouvrirait pour lui céder le passage. Il ignorait jusqu'à réellement savoir s'ils s'étaient quittés en bon terme ou pas, hier soir. Mais si la veille Ava n'avait pas été en état de lui en vouloir - ou pas - aujourd'hui elle était plus ou moins remise et avait toutes ses facultés pour le pointer du doigt !
Ses grandes enjambées le menaient vers l'ascenseur ; Dany se rappela l'étage et le numéro de porte, elle lui avait donné ses informations il y a plusieurs heures déjà. Les victuailles en main, il s'agita tandis que les mètres défilaient. Son arrivée n'était pas faite sur un véritable coup de tête, quoiqu'on pouvait en douter un petit peu, lui-même n'en était pas sûr... il n'avait rien préparé, ne savait pas quoi dire et il se connaissait ! L'improvisation c'était son truc, mais il n'avait jamais dit la gérer avec brio.
Un couloir apparaît lorsque l'ouverture s'enclenche dans la ferraille. Alors qu'il le franchit, ses pensées dansent un ballet frénétique et nerveux dans son esprit, Dany réfléchit à ce qu'il ferait si cette visite inopinée part en vrille. Il n'aimait pas s'excuser verbalement, peut-être à cause de l'orgueil, mais c'était un fait ; par les actions il lui était plus facile de montrer ses regrets.
Trois coups donnés déclarèrent sa présence et la porte s'ouvre enfin sur Ava, le méli-mélo de sa coiffure et sa tenue attisant le sourire de Dany. Tu es... superbe, fit-il d'un air volontairement ironique même si ça n'enlevait en rien la véracité de son compliment. Non, vraiment. Et après avoir déguster ce délicieux repas calorique, la sauce qui coulera sur ton pyjama ne fera que rajouter à l'élégance de ton mood actuel. Il haussa les épaules puis leva légèrement ses deux mains pour mettre les sacs en évidence. J'espère que t'as faim, parce qu'y'a de la malbouffe pour au moins quatre personnes, là !
L'appartement d'Ava était comme il l'avait imaginé ; impeccable. Il devrait avoir honte de son antre bordélique à lui, mais elle ne le verrait à priori jamais. Il enleva sa veste en cuir usée et par habitude le posa sur le dossier de la première chaise à proximité qu'il vit. Dany portait un t-shirt blanc et un jean, les seuls pantalons dans lesquels il se sentait bien en dehors de l'uniforme de l'armée. Tu devineras jamais qui a demandé de tes nouvelles, au bureau !
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Trois coups donnés à la porte m'indiquent que Dany est là. Je prends une profonde inspiration, passe une dernière fois ma main dans mes cheveux et pose la main sur la poignée de la porte d'entrée. Nouvelle inspiration et j'ouvre la porte, silencieuse. Dany est bien là, face à moi et la phrase qu'il lâche alors que la porte s'ouvre sur moi me fait froncer les sourcils. J'ai envie de lui demander s'il est déjà en train de se payer ma tronche ou pas mais je prends sur moi et préfère ne pas lancer les hostilités dés maintenant... Mais alors que je m'apprête à m'effacer pour le laisser passer, il prend une nouvelle fois la parole en parlant de mon mood actuel. Cette fois, je ne réussis pas à me retenir.
"Disons que prendre soin de soi avec un bras en moins, c'est un peu compliqué."
Je plonge mon regard dans le sien, il me montre les sacs où se trouvent la nourriture et je m'écarte pour le laisser passer. Une fois qu'il est à l'intérieur, je referme la porte derrière moi alors que la chaîne continue de jouer un vieux morceau de rock. Je prends la direction de la cuisine ouverte, passant prés de Dany et vais nous sortir verres, serviettes et de quoi boire. Alors que je dépose, comme je peux, sur la table basse du salon, Dany décide de me lancer une petite devinette. Je tourne le visage vers lui et lève les yeux quelques secondes avant de lui répondre.
"Trop facile... Des nouvelles ou de la curiosité mal placée ?"
Pas compliqué de savoir qu'il s'agit de Sara. Elle nous a probablement vus partir ensemble et elle s'est fait tout un tas de films, espérant que Dany et moi on se soit pris la tête ou je ne sais quoi d'autre. Je pose mes fesses sur le canapé et croise les jambes en tailleur.
"Fais moi rêver, elle s'imagine quoi ?"
Je tends deux bières à Dany pour qu'il nous les ouvre et le fixe comme si j'attendais qu'il m'annonce la grande nouvelle de l'année... Au passage, je ne peux que noter que le jean et le tee-shirt blanc lui vont très bien...
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Disons que prendre soin de soi avec un bras en moins, c'est un peu compliqué. Ca perdait pas de temps, une femme en colère. Mais parfois Dany les pensait fâchées alors qu'en fait, elles exprimaient une fausse émotion pour cacher d'autres subtilités. C'était trop compliqué de tenter de déchiffrer ces codes vieux de plusieurs millénaires ; si après autant de temps les hommes n'étaient toujours pas fichus de comprendre la femme, c'était pas lui qui ferait la révolution. Sauf les soeurs, c'était bien plus facile, avec elles. Y'avait peut-être un mode d'empli fourni du fait qu'ils avaient les mêmes parents, qu'ils étaient passés par la même grande porte... ? Oui, c'était la seule explication logique.
Dany la suivit jusqu'à la cuisine ouverte, n'arrêtant pas l'inspection des lieux comme il le ferait au boulot. Déformation professionnelle ! Ava se débrouilla comme elle put pour les servir et lui, la regarda faire, ne venant pas l'aider volontairement ; il y avait à cette attitude de gros macho, plusieurs raisons toutes aussi douteuses les unes que les autres. Trop facile... Des nouvelles ou de la curiosité mal placée ? Elle posait une question en connaissant parfaitement la réponse. Dany sourit, il décida de jouer le jeu. Celui-ci s'était naturellement installé entre eux, depuis qu'elle était entrée dans cette cafétéria et qu'il était venu la titiller un peu. Son regard se perdit sur ses clavicules, se devinant sous la courbe de ses épaules fines. Même ce pyjama n'enlevait en rien ce qui était évident chez Ava ; elle était une très belle femme. De la curiosité vachement mal placée. Mais tu l'savais, hm ? répondait-il en marchant vers ce canapé, sur lequel elle s'installa. Il suivit le mouvement et prit place sur l'autre extrémité, après avoir déposé les sacs sur la table basse. Chez lui il n'y avait aucun set de protection et Dany aurait déjà tranquillement mis ses pieds sur la surface fraîche du meuble. Il n'allait pas oser ici, Ava n'avait pas à s'en faire. Fais moi rêver, elle s'imagine quoi ? Il mima sur ses traits tirés par la fatigue de la journée, une facette trahissant une intense réflexion. Sarah est venue me voir ce matin. Elle n'a même pas pris la peine d'me dire salut, qu'elle enchaînait avec "t'es parti avec Ava hier soir", rit Dany qui s'amusait comme à l'époque des cours de récréation. Il décapsula les bières et tendit celle de son hotêsse d'un geste délicat. Il ne pouvait lire entre les lignes, par cette information Sarah avait voulu lui montrer qu'elle avait fait attention à lui. Mais quand l'image mentale d'une autre effleurait l'esprit d'un gars, c'était peine perdue d'attirer son attention ! Du moins ça valait pour Dany. Toute façon j'ai répondu qu'je savais pas si tu allais bien... Il leva les yeux vers elle, un peu plus tendu. Ce qui n'est pas totalement faux, je sais que t'es pas mourrante mais je n'savais pas si ça a empiré. A cela il observa le bras d'Ava et se rappela de la veille ; une soirée somme toute originale qu'il appréciait se remémorer. Un sourire naquit lentement alors que les souvenirs défilent. D'une main tenant sa boisson, il but quelques gorgées dans sa cannette, appréciant la sortie récente du frigo. Son autre bras reposant le long du dossier du canapé ; une position tout à fait appréciable pour Dany qui avait facilement pris ses aises !
En tout cas j'te dis pas la pipelette que t'es, sous médoc ! ricana Dany qui allait la charrier jusqu'à ce qu'hilarité s'en suive.
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Assise en tailleur sur le canapé, tenant ma bière de ma main libre, je fixe Dany, attendant patiemment qu'il me fasse un compte rendu de ce que l'autre sorcière a bien pu dire nous concernant... Oh elle ne doit pas être la seule à avoir jasé sur le fait qu'on soit parti tous les deux et en fait, je m'en fiche un peu... mais juste parce que c'est Sara, juste parce qu'elle m'a toujours pourri la vie depuis que je la connais, j'ai envie qu'il me dise ce qu'elle lui a dit... en me faisant la promesse de la remettre en place une fois que je reviendrais au bureau.
Je remonte mes jambes et bois une longue gorgée. Normalement je ne dois pas trop abuser de tout ça avec les cachets mais tant pis. Je penche légèrement la tête et écoute Dany alors qu'il me raconte ce qu'il s'est passé avec Sara et en fait, je dois avouer que je suis un peu déçue... Je m'attendais à beaucoup plus croustillant... Tant pis alors !
"Quelle déception. Je pensais qu'elle allait se faire tout un film."
J'esquisse un sourire et me réinstalle en tailleur, faisant face à Dany qui s'est mis à l'aise sur le canapé. Durant quelques secondes, le silence se fait dans la pièce et à part la musique aucun autre son ne se fait entendre. Mais ça ne dure pas longtemps puisque Dany décide d'attendre que je sois en train de boire une nouvelle gorgée de ma bière pour me faire savoir que je suis du genre pipelette lorsque je suis sous médicaments.
Je ne dis rien, me contente juste de sourire et déballe les poches qu'il a déposées sur la table pour en sortir le repas de ce soir. Silencieuse, c'est seulement une fois que j'ai terminé que je me tourne vers lui pour répondre.
"Et je me souviens parfaitement de ce que j'ai dis."
Mon regard accroche le sien quelques secondes et l'espace d'un instant, dans mes yeux, brille une toute autre lueur, celle d'une toute autre faim... Mais très vite, je me redresse et attrape un burger.
"Tu peux me charrier autant que tu veux à ce sujet, j'assume pleinement tout ce que j'ai pu te dire."
Puis sans rien dire de plus, je croque dans le burger, de la malice plein le regard.
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La déception se lisait sur le visage de la malade, attisant ce sourire amusé que Dany ne retint pas. Les femmes, c'était quelque chose, elles étaient bien plus vicieuses et malignes que la gente masculine qui préférait faire parler leur muscle pour la plupart. Qu'est-ce que cela aurait bien pu faire à Ava que leur merveilleuse collègue aux cheveux dorés se fasse tout un film ? Hm, perfidie, quand tu nous tenais... ! Il se demanda dès lors, quels étaient les antécédents des deux femmes, les différends réels qui les opposaient. Connaître les potins c'était son côté féminin, après tout, on en possédait tous un. Pas très causante la collègue, pensa-t-il en machouillant sa brochette de poulets marinés.
Tu crois vraiment qu'elle a l'imagination nécessaire pour se faire carrément tout un film ? Dany en doutait, cette Sarah avait l'air plutôt calée court métrage prévisible. A entendre par là, des histoires furtives car ce qu'elle montrait de sa personnalité pointait une part frivole - et c'était tout à son honneur en tant que femme libre et indépendante. Pour ça, faudrait lui en donner plus, rajouta-t-il avec un sous-entendu camouflé par un ton tout à fait naturel.
Les paquets de malbouffe déballés, Ava se mit à manger silencieusement. Si silencieuse que Dany se dit n'avoir jamais vu quelqu'un se nourrir avec autant de concentration et de sérieux. Ca changeait des repas entre potes où tous parlaient la bouffe pleine, où la nourriture refroidissait car les discussions s'éternisaient sur des sujets aux détails belliqueux. Ce n'était qu'une fois repue qu'elle ouvrit la bouche. Et je me souviens parfaitement de ce que j'ai dit. Il haussa un sourcil, soutenant le regard de la brune qui le détailla d'une façon... Dany déglutit, c'était quoi, cette façon ?
Tu peux me charrier autant que tu veux à ce sujet, j'assume pleinement tout ce que j'ai pu te dire. Rhaaa ! Elle n'était pas drôle, en lui ôtant la possibilité de se moquer ! C'était frustant, il avait mis de côté une panoplique de petites moqueries à caser ici et là, mais Ava venait de tout détruire d'une simple phrase.
Ok, ok ! Admettons que tu assumes. Dany posa le plat en carton vide sur un des sachets en plastique pour ne pas salir la table et but longuement dans sa bière ; elle commençait déjà à se réchauffer et c'était dégueulasse, une bière chaude. Alors redis-moi tout ça maintenant, sourit-il en se trouvant très malin à la taquiner. Il était là pour s'excuser d'une manière ou d'une autre, pour lui changer les idées, il n'allait pas le faire à moitié.
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Heureusement, je réalise assez vite que la façon dont je le regarde durant de longues secondes n'a rien de très catholique et il s'en rend compte puisque, l'espace de quelques secondes, je crois le voir déglutir, ne sachant pas vraiment quelle attitude adopter. Je me racle la gorge et croque une nouvelle fois dans mon burger histoire de me remettre les idées de place... D'ailleurs, j'en profite pour lui répondre concernant Sara et son besoin de se faire des films.
"Méfie toi, elle est plus maline qu'elle en a l'air et elle t'a dans le viseur."
Je souris, un sourire franc et amusé avant de tourner mon visage vers Dany.
"Ah ? et il faudrait lui donner quoi en plus ?"
Je ne sais pas du tout à quoi on est en train de jouer mais je suis assez grande pour savoir que c'est carrément le genre de jeu qui peut rapidement faire déraper la situation alors je prends une profonde inspiration et me redresse sur le canapé, mettant un peu de distance en plus entre lui et moi... juste par sécurité.
Très vite, plus vite que je ne le pensais, Dany remet la situation de la veille au soir sur le tapis et surtout le fait que je sois du genre bavarde quand je suis sous cachets... Au passage, j'en profite pour lui faire savoir que je n'ai pas oublié ce que je lui ai dis et que j'assume complètement mes paroles. Du regard, j'observe Dany alors qu'il dépose la barquette sur la table, boit une longue gorgée de bière. Je fronce légèrement les sourcils et penchant à peine la tête et lorsqu'il a terminé de boire, il se tourne vers moi pour me demander, clairement, de lui redire ces mêmes choses. Je bois, à mon tour, ma bière et la termine avant de tourner mon visage vers Dany, mes yeux fixant les siens.
"Il me semble t'avoir dit que tu n'étais pas mal non plus."
J'appuie mon coude valide sur le dossier du canapé et pose ma tête dans la paume de ma main, esquissant un grand sourire.
"Et si je me souviens bien, c'est toi qui a lancé les hostilités non ?" Je marque une pause avant de lui poser la question. "Tu m'as dis quoi toi d'ailleurs ?"
Le jeu qu'on vient de lancer est dangereux, on le sait tous les deux mais je suis joueuse et j'ai hâte de voir jusqu'où il est capable d'aller...
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Jouer avec le feu, Dany l'avait fait de nombreuses années avant d'atterir au bureau fédéral. Il avait pensé s'être calmé, avoir mûri ou du moins être assez fort pour soutenir un regard aussi expressif que celui d'Ava, pour ne pas tomber dans le piège du chat et de la souris. Est-ce qu'il était le chasseur ou la proie, tout ça n'était pas encore défini, mais son interlocutrice lui avait déjà montré la veille qu'elle n'était pas du genre à se laisser manger toute crue. Des crocs, Ava en avait de toutes pointues et scintillantes, c'était indéniable. Ah ? et il faudrait lui donner quoi en plus ? Elle avait fait exprès, de mordre à un hameçon placé sans une once de réserve. Ca lui apprendra à balancer des perches en pensant que personne ne s'y aggriperait pour lui tenir tête ! Pour toute réponse, Dany avait brièvement ri du nez. C'était la pire des réactions à avoir mais s'il avait parlé, il aurait sorti à coup sûr une connerie.
L'ambiance du repas était bizarre. C'était pourtant ni un rencard ni un quelconque rendez-vous platonique organisé à l'arrache, car il s'était pointé chez elle sans prévenir. Elle avait cependant ouvert la porte, ça voulait dire un truc, non ? De manière métaphorique ou littérale, aucune fille n'ouvrirait une porte si elle n'en avait pas vraiment envie. C'était qu'au fond, hier soir ça c'était pas si mal passé, même si Ava ne l'avait pas épargné en reproche. Il avait mis cette épisode sous le compte de la douleur causée à son bras, c'était une excuse on n'peut plus valide. Il me semble t'avoir dit que tu n'étais pas mal non plus. Bon sang, elle était super directe. Franche. Il adorait ce manque de tact et ce regard de braise qu'elle laissait volontairement couler sur lui ; un homme sentait ça, il le sentait d'ailleurs même quand y'avait rien. Mais là, y'avait quelque chose ! Elle lui sourit, dans cette nouvelle position qui ne trahissait aucun tremblement de gêne ou de malaise. Ava avait dit vrai, elle assumait tout ce qui sortait d'entre ses lèvres.
Ca dépend quel moment tu comptes comme lancement d'hostilité, répondit Dany qui lui rendait un demi-sourire. Ce jeu lui plaisait, il devait en découvrir les codes et les règles et pour ça, il n'y avait jamais assez de temps avant que le premier tour ne s'achève. Les femmes dans son genre n'étaient pas des créatures très patientes, c'était son p'tit doigt qui le lui disait ! Tu peux pas compter le moment où je t'ai blessée au bras de fer, ça compte pas, c'était pas fait exprès. Il la suppliait intérieurement de ne pas revenur sur ce détail - inoubliable malgré lui - de la soirée. Et je maintiens que c'est toi qui as tout lancé. J'te rappelle que j'avais à peine mis un pied dans ta chambre, que tu m'as dit : "On s'en souviendra de ce rencard" ! Dany éclata de rire, c'était bien trop amusant que de se remémorer la tête qu'elle avait fait à cet instant.
Tu m'as dis quoi toi d'ailleurs ? Moi, commença-t-il par répondre tandis qu'il se réappropriait le canapé à sa convenance, j'ai été un parfait gentleman qui s'est excusé pour t'avoir envoyé à l'hosto. Les infirmières ont même cru que j'étais ton mari violent. C'est sûr, je suis fiché dans cet hopital, j'pourrais jamais y remettre les pieds...
Ava ne craignait pas de le défier à son propre jeu, tandis que lui n'imaginait pas une seule seconde tomber dans son propre piège.
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Hors de question que je perde à ce petit jeu... Je suis joueuse, certes, mais je suis aussi très mauvaise perdante... Perdre à ce petit jeu serait m'avouer vaincue et je ne veux pas... Je ne veux pas parce que si je m'avoue vaincue, cela voudra dire que Dany me fait ressentir des choses plus fortes que je ne l'aurais souhaité. Je prends une profonde inspiration, mes yeux toujours plongés dans les siens et esquisse un léger sourire s'affiche sur mon visage alors qu'il me demande quel moment compte, pour moi, comme le début des hostilités. Je me redresse et m'enfonce un peu plus dans le canapé avant de répondre, de la malice plein le regard.
Sans rien dire, je l'observe alors qu'il me fait un rapide topo de la soirée et lorsqu'il me rappelle que j'ai parlé de rencard, je prends une profonde inspiration tandis qu'il éclate de rire.
"C'était un rencard d'ailleurs ou pas ?"
Dany continue, me fait savoir ce qu'il a dit et fait mais je ne suis pas convaincue parce qu'il omet, volontairement, un petit détail qui pourrait faire pencher la balance... Doucement, mon doigt se met à entortiller une mèche de cheveux et lorsque le silence revient dans le salon, je reprends.
"Je pourrais parler du bras mais non..." Je me tourne vers lui. "Mais il me semble que pour que je te dise que je te trouve pas mal, tu as du dire quelque chose avant non ?"
Je me mets, cette fois, face à lui, réduisant encore un peu l'espace entre nous et fronce les sourcils en me mordillant les lèvres.
"Alors... Je répète ma question..." Je hausse un sourcil. "Tu m'as dis quoi pour que je te dis tout ça ?"
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