Pour toute réponse, Owen lui désigna Dell du menton. Julian fronça légèrement les sourcils. Vraiment ? La présence militaire le dérangeait à ce point ? Pourtant Julian aussi faisait parti de ce corps de métier.
Et à ce sujet, il se demandait ce qu'était Dell justement. Membre de l'équipage un membre de Masrani Global ? En écho au sourire de Owen cependant, Julian sourit naturellement.
La présence de la sécurité ne le dérangeait en rien, bien au contraire. Il jugeait cette présence nécessaire, sinon il ne serait pas là non plus.
En revanche, il espéra paraître moins constipé que Dell dans son rôle.

Haussant les épaules, Julian reporta son attention sur Owen qui, appuyé contre le mur demande la possibilité d'obtenir un Marlin, à défaut un Glock.

- Je pensais pas qu'on vous filerait des armes létales, souligna-t-il en songeant à la carabine réclamée par Owen.
Les paramètres avaient changé, clairement. Julian ne put s'empêcher de penser à Leanne armée d'un fusil. La dernière fois qu'il avait vu ça, elle avait failli lui tirer dessus. Un frisson lui parcourut l'échine. Non, décidément, l'idée de donner des armes létales aux animaliers n'était pas la bonne.

Dell leur fit signe qu'ils étaient libres et dans un salut presque trop militaire, les congédia. La surprise passée sur cette drôle d'attitude, Julian tourna son regard vers Owen qui déjà mentionnait son malaise. Le britannique éclata d'un rire franc à l'attitude trop franche du comportementaliste et hocha la tête à sa proposition.
La fin de journée touchait à sa fin, restait la salle commune à visiter. Il était bien tenté par le billard, moins par la bière. Avec la thérapie de Marika, il n'était plus autorisé à boire mais à présent qu'il se retrouvait seul ici, elle n'était plus présente pour le réprimander s'il déconnait.
Et puis, Julian lui-même allait se brider, il le savait. Premier jour, il ne pouvait prendre le risque de mal réagir à l'alcool.

Ils se mirent en route, papotant de tout et de rien jusqu'à arriver dans une très large salle, agrémentée d'un bar, de tables, de plusieurs canapés, baby-foot, billards et télévision.
C'était un curieux mélange d'un pub, d'un bar et d'un environnement familier, comme si on était à la maison. Cela lui fit immédiatement penser à un foyer qu'i avait connu à l'armée. Un lieu de détente et de ralliement.
Soupirant d'aise, il s'avança vers la table de billard libre. Au mur, il détacha deux queues et en tendit une à Owen :

- Billard ? Je ne bois plus vraiment en réalité, mais ne te gêne pas pour moi, sers toi mon pote.

Installant le triangle et les boules à l'intérieur, il ajouta :

- A toi l'honneur du premier tir.

« Comment ça, Voyez cela avec le responsable de votre secteur ? Attendez, vous savez qui je suis ? » Evidemment qu’on connaissait son identité. Leanne Grady. Les anciens étaient toujours surpris quand il s’agissait de se confronter à son nom de famille quand les nouveaux ne faisaient pas le rapprochement. « Regardez le nom de mon Responsable de secteur, maintenant, qu’on rigole ? » Haussant les sourcils, elle laissa la petite main s’exécuter dans un soupir avant de se retrouver, la bouche ouverte, à froncer les sourcils. « Ah bah voilà, ça percute… Je suis sensée lui demander avant ou après qu’on se soit brossé les dents ? Franchement, tout ça pour obtenir le droit de créer une nouvelle catégorie dans les dossiers informatiques, vous êtes pires qu’une bibliothécaire, vous ! » Forcée de se plier aux demandes de la hiérarchie, elle soupira longuement, fermant un instant les yeux pour passer à autre chose. « Bon, soit… Et où est monsieur Grady à cette heure ? » L’autre la regarda comme si elle était supposée le lui dire elle-même. Leanne leva les yeux au ciel avant de tourner les talons. Les bureaucrates, vraiment…

Réfléchissant un instant, elle laissa parler son instinct. Il lui avait soufflé vouloir se rendre à l’arrivée de l’hélicoptère. Il attendait quelqu’un ? Une connaissance, peut-être ? Elle n’avait pas regardé le registre des arrivées de ce jour… Calculant, depuis l’heure d’arrivée, elle en arriva à une conclusion qui la fit sourire. Si l’homme retrouvait une vieille connaissance, ils échangeraient certainement un verre… Et une partie de billard ? Aussi, la comportementaliste prit la direction de la salle commune pour mieux apercevoir l’objet de son but… Et de ses désirs. Son sourire en coin fièrement affiché sur les lèvres, elle ne prêta pas attention à celui qui se tenait là, se focalisant uniquement sur son époux. Aussi, s’asseyant sur un coin de la table de billard, elle lui adressa une moue amusée. « Salut, toi… » Attendant d’avoir l’assurance de capter l’attention de son époux, elle sourit en coin. « Tu sais bien que tu dois m’appeler, quand tu veux jouer avec une queue et des boules… J’avais l’intention de venir faire ça dans une autre tenue mais ça ne me semblait pas vraiment approprié. » Son regard, alors, coula sur l’autre présent. Et il ne lui fallut qu’une poignée de secondes pour comprendre l’enthousiasme d’Owen face à ce retour aussi surprenant qu’improbable. « Eh bah… Ca alors… Julian Blake… A moins que ce bateau ne soit hanté par quelques fantômes… » L’homme n’avait pas brillé par ses explications, abandonnant le navire – enfin, l’île – à l’époque. Et, bien que s’estimant être son ami, Owen n’avait guère plus reçu de nouvelles…

Owen ne fit aucun commentaire quant au désintérêt de la bière, ce qui surprit quelque peu Julian. Il pensait sincèrement que son pote se moquerait de lui. La joie de le retrouver devait le rendre plus tolérant ce ne pouvait-être que ça. Julian était entrain de replacer le triangle au mur après avoir installé les boules dans leur périmètre pyramidal, puis il était parti leur chercher leurs fameuses boissons. Une bière pour Owen et une bouteille d'eau pour lui. Son régime sportif ne lui autorisait pas le sucre des sodas et cela lui allait très bien, il n'appréciait pas vraiment ça de toutes façons.

A peine s'était-il éloigné du billard qu'une personne avait pris sa place auprès de ce dernier. Et pas n'importe qui.
Là, à quelques mètres se tenait, assise sur le rebord de la table de jeu Leanne Grady. La blonde ne l'avait pas encore remarqué et évoquait un autre style de jeu qu'elle aurait souhaité entamer avec son époux.
Putain c'était vraiment étrange de l'entendre parler à Owen comme ça. Encore plus étrange de voir Owen aussi gêné.
Julian dut réprimer un rire face à cette scène insolite à laquelle il n'aurait jamais pensé assister un jour.

Enfin, elle remarqua la présence de Julian, ou plutôt son existence à en juger par ses propos.
Ce dernier afficha un sourire aussi gêné que agacé et tendit la bouteille de bière à Owen.

- Moi aussi je suis content de te voir Wayne, d'autant plus que pour une fois, tu ne me menaces pas avec une arme. Enfin, Madame Grady désolé, l'habitude.

Il ouvrit la bouteille d'eau et bu à même le goulot, attendant que Owen soit le premier à tirer. Il lança à ce dernier un regard qui en disait long mais au cas où il ne le comprenne pas, ajouta :
- Tu penses que je dois vous laisser pour vos jeux de rôle ou bien...

Attendant la suite des événements, il s'installa sur la chaise la plus proche, sans cesser de regarder ces deux là. La dernière fois qu'il avait vu Leanne, elle le menaçait de son fusil à fléchettes, complètement paniquée à l'idée d'avoir perdu son gamin. Il avait été lui prêter main forte et pourtant, elle avait failli le tuer dans sa détresse. Les souvenirs refluaient comme des vagues, plus ou moins flous, plus ou moins précis. La réalité en revanche se trouvait bien sous son nez. Un couple marié qui replongeait une seconde fois dans le danger.
Improbable couple, aussi improbable que celui qu'il avait formé avec Laura.
Comme quoi, tout n'était peut-être pas perdu.

Oh mais, salut. Ce sourire en coin est délicieux et, déjà, elle meurt d’envie de s’en saisir avec ses lèvres pour mieux le cajoler. Au lieu de cela, aguicheuse et démonstrative avec les mots autant qu’avec les gestes, elle fit étalage du plan machiavélique qu’elle avait eu le temps de formuler dans ses pensées pour mieux le mettre au pied d’un mur et ne pas lui laisser le choix. Merde ! Ah ! Il semblait gêné plus que de raison, et elle comprit pourquoi quand son regard se posa sur la tierce personne présente entre ces murs.

Julian Blake était de retour. Ça, c’était improbable au plus haut point aux yeux de la blonde. Voilà qu’ils allaient recruter dans les déserteurs maintenant… Masrani était si désespérée pour trouver du personnel qu’elle fermait les yeux sur cela ? Moi aussi je suis content de te voir Wayne. Elle plissa les yeux. Il n’était pas rare qu’on l’interpelle par le nom de son défunt premier mari, puisque c’était avec celui-ci qu’elle s’était fait connaître au sein des membres du personnel. Pourtant, il était plus difficile pour elle de l’encaisser, maintenant qu’ils avaient pris soin, Owen et elle, d’officialiser les choses. Pour une fois, tu ne me menaces pas avec une arme. Elle haussa les sourcils, le dévisageant de haut en bas. Il était vrai que, la dernière fois qu’ils s’étaient croisé, elle avait bien manqué de l’envoyer au tapis pour de longues heures, si ce n’était des jours. La peur de perdre son fils s’était faite plus grande et elle était devenue un bulldozer capable de terrasser un T-rex à mains-nues. Enfin, presque. L’occasion s’est présentée et Leanne avait jugé plus prudent d’entamer une partie de cache-cache. Madame Grady. Son sourire revint sur ses lèvres, doucement moqueur mais finalement égal à elle-même. « T’inquiète pas, Parker est en sécurité, j’ai pas besoin de tirer sur tout ce qui bouge pour m’en assurer… » Libérant la table pour que les deux hommes puissent entamer leur partie, elle gloussa quand Blake évoqua la possibilité qu’il puisse devoir les laisser pour mieux roucouler. « On aime bien se défiler, à ce que je vois… Panique pas, Blake, Owen est un peu rouillé, on avait pas ce genre de choses, au Kenya. » Et ils ‘nen avaient pas besoin puisqu’ils se suffisaient à eux-mêmes.

Pourquoi avait-il pensé que l'arrivée de Leanne serait un détail insignifiant ? Rien ne l'était avec cette femme, elle était simplement insupportable. ne vraie fouteuse de merde, c'était plus fort qu'elle. A sa remarque sur l'idée qu'il se défile, il se contenta de la toiser et serra les poings sous la table. Si elle continuait ses allusions sur sa désertion, il allait vraiment finir par être désagréable. Ses colères étaient explosives et la présence d'Owen n'allait pas apaiser l'ambiance des heures durant.
Même si celui-ci faisait vraiment un effort pour concilier femme et ami.
Il savait mieux que quiconque c'était certaine, qu'ils ne s'entendaient pas. Ils ne s'entendraient probablement jamais.

- Je te rassure, j'ai pas touché un billard depuis mon dernier séjour sur l'île.

Sauf ce soir-là dans un bar de Melbourne où il avait frappé un mec avec une queue de billard. A cette époque, il cherchait à se punir de la disparition de Laura. Tout était bon pour s'attirer des ennuis.
Comme Owen lui tendait son arme de la soirée, il se leva et attrapa la queue avant de s'approcher du bord du plateau.

- Comme au bon vieux temps, affirma-t-il en cherchant à enlever la vision de Leanne qui restait là.
Il observa le bout et ajusta un peu de bleu tandis que le dresseur de vélociraptor s'appliquait à disposer les boules dans le triangle, bien au milieu.
Alors, il hocha la tête pour remercier son ami de le laisser commencer. Penché sur la table, il ajusta sa main sur le tapis velouté pus plia ses doigts de manière à définir un appuie pour la queue.
C'était assez étrange de voir comment son corps se souvenait aussi facilement de cette entrée en matière.
D'un geste sec, il frappa la boule qui lui faisait face.

Citation :

Un petit jet d'agi (10) pour le fun :') => et c'est presque un échec critique LOL

Le bout de la queue frappa la boule complètement de travers, et le bleu imprimé tourna allègrement sur la surface blanche qui déambula un moment en produisant un arc de cercle avant d'aller se ficher au milieu de toutes ses sœurs en formation triangle, sans en bouger véritablement une seule. Elle semblait avoir juste rejoint le troupeau.

- Putain j'y crois pas, lança Julian vraiment surpris en se tournant vers Owen. Je l'ai manquée.

Puis il partit dans un éclat de rire. Était-ce une nouvelle preuve de son manque de compétences ? Non, juste un putain de jeu qui lui rappelait que durant ces quatre dernières années, il n'avait pas été foutu d'améliorer ses capacités.

Le membre 'Julian Blake' a effectué l'action suivante : Dé de Jurassic World

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'Dé Compétences' : 19

Ne jamais donner ce genre d’information à l’adversaire, Madame. Les bras croisés, la mine sérieuse, l’Alpha comptait visiblement bien en découdre sur cette table, mais pas en sa compagnie. Lui adressant un sourire en coin, elle lui tapota l’épaule. « C’est pour mieux le pousser à te sous-estimer, mi amor. » L’un des avantages à avoir vécu une grande partie de sa vie en Amérique du Sud ou dans des îles rattachées à ce continent, c’est qu’elle pouvait sans souci se lancer dans quelques mots de ce genre qui n’étaient pas sans effet. Acceptant le baiser qu’il lui vola, elle ne put que sourire de plus belle devant le clin d’œil qu’il lui adressa. Oublié, le responsable et la demande ridicule qu’elle était supposée lui faire. Son esprit était tout occupé par d’autres choses…

Prenant place sur un tabouret pour mieux se faire spectatrice, elle nota la présence notable des boissons pour les deux concurrents… Et aucune pour elle, vu qu’elle ne pourrait pas voler quelques lampées dans celle d’Owen. Il y avait peu de chance que ce soit lui qui ait pris cette bouteille d’eau, non ? Je te rassure, j’ai pas touché un billard depuis mon dernier séjour sur l’île. « Oh beh je sens que le spectacle va être drôlement amusant… » La partie risquait d’être longue, à ce rythme, non ?

Comme au bon vieux temps. Blake eut l’opportunité de commencer… Et putain, ça valait le détour. La boule blanche vint gentiment rejoindre ses copines pour leur passer le bonjour. Putain j’y crois pas. Elle n’ont plus et fort heureusement pour elle, il rit avant qu’elle ne le fasse, impressionnée par un tel niveau de jeu. « Bon, j’te rassure Owen, quoique je dise, je pense que ça ne changera rien à la finalité de cette partie… Merde, t’aurais voulu le faire exprès que tu n’aurais pas réussi Blake ! » Hochant la tête, le temps s’annonçant long, elle descendit momentanément de son perchoir pour mieux les regarder. « Je vais aller me chercher un truc à boire. Je sens que je vais finir déshydratée avant que quelque chose de vraiment intéressant ne se passe… Pas que je ne vous fasse pas confiance mais vu le lancement, on part sur une partie d’anthologie… » Tournant momentanément les talons, elle les laissa seuls une poignée de minutes avant de revenir vers eux, se replaçant sur son tabouret pour mieux constater l’avancée de la partie.

HRP: Petit tir d'habileté et force est de constater qu'Owen est plus doué qu'Ava aux dés et qu'il n'a pas perdu la main au billard

Le membre 'Owen Grady' a effectué l'action suivante : Dé de Jurassic World

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'Dé Compétences' : 1

L'éclat de rire avait fini par passer. Il avait au moins eu le mérite de mettre tout le monde d'accord. Pour une fois.
C'était vraiment étrange de constater que Wayne était désormais Grady, Julian avait du mal à s'y faire.
Serait-elle désormais toujours là dans l'ombre de Owen ? Il l'ignorait. Est-ce que ça lui plaisait ? Pas vraiment. C'était le choix de Owen et il se devait de le respecter. Après tout, si la blonde pouvait le rendre heureux, Julian n'avait rien à ajouter.
Et justement, elle s'était levée pour rejoindre le comptoir, les laissant seuls tous deux. Mais que pouvait bien dire Julian ?

Le dresseur venait de faire un tir mémorable, digne d'une compétition de billard. Il s'approcha de la table et attrapa la petite bouteille d'eau qui l'attendait.

- Joli tir, concéda-t-il après avoir bu une gorgée. T'as pas perdu la main on dirait.

Il s'installa à la place de Leanne, Owen devant jouer à nouveau après ce tir magistral. Beaucoup de questions restaient en suspens, Julian ne pouvait pas les poser sans prendre le risque qu’Owen creuse en retour.
Il jeta un coup d'oeil à Leanne qui amorçait son retour et se leva, cédant la place avant même qu'elle ne revienne. Appuyant sa hanche sur le bord de la table de billard, il réfléchissait à ce qu'il pouvait bien demander qui étancherait sa soif de savoir sans crainte.

- Est-ce qu'on sait pourquoi Wiesner a annoncé qu'il avait tout bombardé après votre rapatriement ?
Voilà qui l'intéressait. Pourquoi avoir menti au monde entier ? Il pensait que Laura était morte mais il aurait pu laisser le parc à l'abandon comme cela avait été officieusement le cas. Pourquoi annoncer la destruction de ce que Laura avait reconstruit ? Qu'en était-il aujourd'hui ? Quels comptes avaient-ils dû rendre ?

- Je ne suis pas trop au courant de ces événements, ajouta-t-il alors que Leanne était de retour.

Et pour cause, il avait déjà mis les voiles, incapable de supporter la douleur de cet échec et la souffrance de la perte de Laura.
Cela évidemment, il ne pouvait le dire et savait qu'il passerait pour un lâche. Peut-être l'était-il au final ?
Cependant, il avait beau retourner la situation en tous sens, il ne saisissait pas ce que Wiesner avait souhaité réaliser, ce qui le poussait forcément à se méfier de cet homme.

De l’eau. A ce rythme, tenir un secret aussi lourd que le sien ne durerait pas longtemps puisque la nouvelle madame Grady n’était pas réputée pour boire ce genre de choses, dans un moment aussi détendu que celui-ci. L’excuse du mal de mer finirait par perdre en validité, sans compter sur son ventre qui menaçait inlassablement de la dénoncer, au moins dans l’intimité, pour l’heure. De loin, elle regarda Owen se pencher sur la table et soupira doucement. Il fallait qu’elle le lui dise. Mais comment ? Quand ? Maintenant, tout ça semblait bien compliqué.

Revenant vers le jeu et la visible performance de son époux, elle haussa les sourcils quand Julian s’était levé, quittant le tabouret qu’elle occupait avant de filer vers la table de billard. Elle faisait si peur que cela ? Ou bien la prenait-il pour une handicapée ? L’un dans l’autre, elle préféra ne pas relever, se rasseyant là où elle se trouvait auparavant, buvant une gorgée de sa bouteille tandis que Julian posait une question qui semblait suffisamment ouverte pour qu’elle puisse y répondre. Elle avisa Owen d’un regard avant de se lancer. « Personne n’est suffisamment dans les petits papiers de Wiesner pour comprendre cette manœuvre. » Et c’était vrai. On parlait là d’instances supérieures qui n’avaient finalement pas de comptes à rendre à ses employés. « T’aurais adoré la manière dont ils ont choisi de nous rapatrier… Pas vrai, Owen ? » Dans les cris et les ordres, ne laissant à chacun que bien peu de chance d’empaqueter le minimum avant de déguerpir sous la menace de gestes physiques. « Si tu veux mon avis, Blake, Wiesner voulait surtout dissuader les plus bornés de s’aventurer malgré tout sur cette île… C’est dingue qu’il n’y ait pas eu d’accident pendant ces presque quatre années, d’ailleurs. » Des touristes téméraires. Des aventuriers aguerris… Mais finalement, sachant que tout avait potentiellement été détruit, pourquoi venir s’amuser sur une tas de ruines et de cendres ?

Julian était curieux de savoir ce que pensait Owen et Leanne du comportement de Wiesner. Même s'il avait fait des pieds et des mains auprès de Miller pour revenir, il ne lui avait rien demandé au sujet de cette annonce publique. De ce mensonge énoncé sans une once de culpabilité.
À l'époque, il souhaitait juste être admis à nouveau, peu importaient les conséquences ni ce que cela pourrait lui coûter.
Il estimait que sa place était ici, aux cotés de Laura, qu'elle le veuille ou non.
Cette simple volonté avait balayé tout le reste.

Avec le recul, il cherchait à comprendre pourquoi Wiesner avait annoncé la destruction de l'île sans rien faire en réalité.

Leanne parla la première, avisant Owen d'un regard comme si elle attendait un accord quelconque.
Il aurait été surpris d'apprendre que c'était vraiment le cas. Wayne n'était pas du genre à attendre qu'on lui dicte son comportement.
Ainsi donc, personne n'était suffisamment proche de Wiesner pour comprendre la manœuvre. Même pas Laura visiblement puisque c'était lui-même qui avait du apprendre la terrible nouvelle à l'Indienne.
Qu'est-ce que Wiesner fils avait foutu ?

Il haussa un sourcil, intrigué par la suite du récit qu'il écouta de fait attentivement.
D'après l'intervention de Owen, cela ne s'était pas passé en douceur. Il pouvait aisément deviner que les animaliers refuseraient d'abandonner les animaux, surtout en sachant ce qu'il allait advenir d'eux.
Un léger rire s'échappa d'entre ses lèvres lorsque Owen l'insulta. Un con, c'est tout ? Il avait d'autres mots de vocabulaire pour lui.

S'appuyant avec nonchalance sur le rebord du billard, faisant face aux deux jeunes mariés, il reprit :

- À mon avis, la zone n'était pas libre d'accès durant ces quatre dernières années. Je ne serais pas surpris qu'il ait fait boucler la zone maritime pour s'assurer que personne ne viendrait. J'aimerais juste comprendre le pourquoi de la manœuvre.

Que comptait-il faire si Laura ne revenait pas ? Aurait-il fini par réellement bombarder l'île ? Enterrer des milliards de dollars juste comme ça ? C'était assez peu crédible pour un magnat des affaires comme Wiesner. Pourquoi ne pas avoir liquidé l'île dès le départ ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?

Il secoua la tête puis se rapprocha de la petite table pour boire une gorgée de sprite. Posant la bouteille, il se saisit de la queue de billard à nouveau et se prépara à son prochain tir, qu'il manqua bien évidemment.
À ce rythme, la nuit allait être très longue.
Après un vague soupir, il lança :

- Alors, à quoi occupez vous vos journées sans dinosaures pour vous perturber ?

Il savait déjà que les siennes seraient composées d'une succession d'entraînement. Course, muscu, combat, parcours...il avait quatre années à rattraper.

Disons que certains n’ont pas pris assez de coups. Elle avait souri, face à cette idée. Owen aurait été armé pour, il aurait certainement tué pour rester sur cette île ou, du moins, pour qu’on laisse à la mère et son jeune fils la possibilité de partir correctement des lieux. Parker, longtemps, avait évoqué cette journée terrible, son jeune âge créant dans ses souvenirs des images traumatiques d’une exclusion inattendue. L’instant d’avant, tout allait pour le mieux et, celui d’après, il se retrouvait à étreindre sa mère avec force tandis que cette dernière essayait de faire entendre son droit de récupérer plus d’affaires qu’elle n’avait pu en charger dans leurs maigres valises. Leanne avait pris soin de lui expliquer comme cela n’était pas normal et qu’elle et Owen avaient été là pour le protéger, chose qui s’était confirmée une fois à bord du ferry les ramenant sur la terre ferme, Owen venant refermer autour d’eux ses bras protecteurs devant cette vision de l’île qui s’éloignait.

Un con fini, c’est tout. Elle pouffa, noyant son hilarité dans une nouvelle gorgée d’eau alors qu’Owen se rapprochait d’elle, tant pour venir s’emparer de son verre que pour venir déposer ses lèvres sur sa joue, la poussant à lui offrir un sourire en coin et une œillade qui traduisait tout ce qu’elle ressentait pour lui, ses doigts venant machinalement replacer l’une des mèches de cheveux de l’homme à sa place. C’était ces petits gestes là qui pouvaient démontrer tout l’amour qui existait entre eux deux. « Ce n’est pas non plus celui qui a ma sympathie… Il est même derrière les Masrani, c’est pour dire… » Owen comprendrait bien ce que cela veut dire, connaissant plus que de raison son mépris pour cette famille de fous. Blake prit place contre le billard avant de répondre aux suppositions qu’elle avait pu formuler, elle. Je ne serais pas surpris qu’il ait fait boucler la zone maritime pour s’assurer que personne ne viendrait. J’aimerais juste comprendre le pourquoi de la manœuvre. Elle hocha les épaules, ne s’étant pas vraiment interrogée sur tout ça, répondant au tac-au-tac. « Chez les requins, il n’y a qu’un truc qui motive les gens. L’argent. » C’était difficile de comprendre comment les choses pouvaient bien tourner quand on ne partageait pas la même pensée. Leanne ne pourrait jamais comprendre les motivations de Wiesner et si Blake voulait des réponses… « Mais si ça t’intrigue, son fils s’amuse à faire des baptêmes d’hélicoptère régulièrement pour débarquer ici. Masrani a peut-être revu sa politique mais ils sont visiblement toujours cul et chemise, ces deux-là. » Et ce gosse de riche ne trouvait pas plus grâce à ses yeux.

Puis, il reprit le jeu et manqua à nouveau son lancer ce qui eut le mérite de faire sourire en coin la blonde. Plus encore quand il leur demanda à quoi ils pouvaient bien occuper leurs journées sans dinosaure. « On jouait avec une queue et des boules… Parfois même sur une table… » Guettant sa réaction, elle se retint de pouffer plus encore, ce qui n’aurait fait que vendre la mèche quant au sens caché de sa phrase.

Leanne donna son avis, sans filtre comme à son habitude. Peut-être aurait-il du se réjouir de l'avoir finalement dans son camp ? Non quand même pas. Celle-ci pensait que la motivation de Wiesner restait l'argent. Julian en doutait. Si tel avait été le cas il aurait pu vendre les cartes génétiques, les embryons même des spécimens entiers morts au marché noir pour des collectionneurs.
L'attentat qui avait vu le doigt de Laura tranché avait démontré une chose : certains laboratoires étaient prêts à beaucoup, pour ce genre d'informations.
Il ne releva pas les propos de la nouvelle Madame Grady. Putain s'y ferait-il un jour ?

Cependant, la suite de ses propos ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Wiesner fils venait souvent ici. Il savait déjà que lui et Laura étaient restés proches, sa venue en Australie y était liée et puis, Laura avait été retrouvée grâce à lui. Aussi, Wiesner fils était hors de tout soupçon à ses yeux. Il devrait faire profil bas cependant, car malgré tout ça, il ne le portait toujours pas dans son cœur.
Julian avait la revanche facile. Laura pouvait bien pardonner à Damian ses travers de jeunesse, lui non.

Après son nouveau coup au billard manqué, Owen se moqua à nouveau. C'était de bonne guerre, de plus, il était vraiment mauvais.

- Ouais, clairement, assuma-t-il avant d'attendre la réponse à sa dernière question.

Alors que le tour de Owen s'amorçait, Leanne prit la parole pour lancer une affirmation particulièrement graveleuse.
Julian la regarda quelque peu surpris mais amusé. Owen manqua son tir en conséquence et le menaça d'en rajouter.
Julian plaça ses mains en avant, en signe de paix et de reddition mais ne put contenir l'éclat de rire qui traversa sa gorge avec force.

- Je n'ai rien dit, poursuivit-il sans pouvoir s'arrêter de rire. je suppose que vous n'êtes pas pressés de retourner sur l'île du coup.

Il observa la pièce commune, vaste et déjà bien occupée. Avec autant d'employés, la pièce devait être rarement déserte. Où trouvaient-ils leur intimité ?

Blake resta de marbre alors qu’elle exprimait le fond de sa pensée, avec une franchise digne de son tempérament. Et puis, ce fut à son tour de jouer et l’homme avait manqué son coup, à nouveau, Leanne se gardant une remarque salée quand Owen ne manqua pas de montrer son hilarité. Finalement, il se moquait largement pour eux deux et elle n’avait nul intérêt, momentanément, d’accabler l’ancien responsable de la sécurité plus que de raison. Souriant en coin, elle l’écouta assumer son mauvais coup alors qu’Owen se mettait en position. N’était-il pas temps de rééquilibrer la balance ? Et puis, les questions de Julian s’orientaient vers une direction qu’elle prit un malin plaisir à explorer.

Face à ses mots, Owen ripa sur la boule manquant son coup, forçant son épouse à arborer un sourire triomphant. Nom de Dieu, Leanne ! « Je ne suis pas certaine qu’invoquer Dieu dans ce genre de discussions soit une chose adéquate… » Et son sourire n’en finissait plus de s’étendre, encore et encore, satisfaite de cette vérité doucement dissimulée sous quelques métaphores bien tournées. L’agent de sécurité avait fini par lâcher un rire en conséquence, la fierté de Leanne l’auréolant de plus belle. Pas un mot sinon je serai obligé de t’assommer, mec. Elle leva les yeux au ciel devant les mots de son mari, Julian se rendant avant même d’avoir essayé de contre attaquer. Je n’ai rien dit… Je suppose que vous n’êtes pas pressés de retourner sur l’île du coup. Elle haussa les épaules. « On manquait d’exotisme dans tout ça… » Après tout, la jungle d’Isla Nublar et son humidité n’appelait-elle pas à quelques instants plus intimes ? « En vérité… Je préférerai retourner sur le terrain… Les bureaux, ce n’est clairement pas ce qui est fait pour moi… Nos lionnes me manquent, actuellement… Pour d’autres, ce sont les raptors… » Elle coula son regard océan vers Owen, ne sachant que trop bien que lui aussi mourrait d’envier de s’en retourner sur l’île, dans le seul but de la traquer pour mieux la retrouver.