Aidés de Wayne, Lance et Julian avait tiré Owen de la vase qui menaçait de le faire disparaître. En sortant de là, il était évidemment d'humeur exécrable et ne se fit pas prier pour le chanter à la cantonade.
Julian relâcha la corde et lui tendit la main afin de le sortir de là pour de bon. Il en profita pour lui lancer un regard qui lui demandait de s'apaiser. Les tensions dans le groupe étaient bien trop palpable et Julian craignait qu'elles ne prennent le dessus sur la mission en cours.
A force de se concentrer sur les dissensions, on en oubliait facilement le danger.

- Ça va ? Rien de cassé ? demanda-t-il aux deux malheureux couverts de boue.

Visiblement, ils allaient bien. Seules leurs dignités en avaient pris un coup et encore, il n'y avait rien de honteux à s'être retrouvé dans cette situation. La jungle cachait bien des dangers et parfois, ceux-ci ne possédaient pas forcément des dents. Il espérait que cette petite mésaventure rappelle aux troupes ce pour quoi ils étaient là.
Aussi, pour plus de précaution, il prit la tête de l'expédition après avoir rendu sa corde à Forbes.

Fusil anesthésiant dans une main, machette dans l'autre, juste au cas où, il menait la troupe à travers la jungle. Il s'étaient attendu à une forte densité de végétation mais en réalité, on circulait bien, preuve qu'il y avait du passage régulier d'animal imposant par ici.
Derrière eux, quelques pépiements se faisaient entendre et il espéra que le groupe de compsognathus ne se joindrait pas à eux dans l'immédiat.
Sur ses gardes, il avançait tout en tension, à l’affût du moindre bruit où du moindre mouvement suspect. Le brouillard n'aidait pas à la vision mais au moins, il ne pleuvait plus.
Après ce qui lui sembla être une éternité, derrière un rocher couvert de mousse et d'arbustes en tous genres, il lui sembla apercevoir ce qui ressemblait à une formation de crêtes. D'un signe de la main, il fit signe aux autres de ralentir dans le but d'observer quitte à prendre les positions qui leur permettrait de sniper l'animal. Son erreur fut certainement de se retourner l'espace de quelques secondes afin de leur donner d'avantage d'ordre.
D'abord fondu dans la végétation, le suchomimus apparut devant le groupe et leur asséna un puissant coup de queue en laissant échapper grondement guttural.
Julian fut percuté de plein fouet et se sentit soulevé du sol pour mieux atterrir sur le dos à trois bons mètres de là. Le choc fut en partie amorti par l'humus de la forêt mais dans la surprise, sa main avait lâché le fusil.

Les deux vets étaient sortis de la boue et Eva trouvait que l'atmosphère s'était plutôt détendue. À voir Grady s'ébrouer comme un labrador en menaçant de représailles qui oserait se moquer, elle esquissa un bref et discret sourire en coin.

Cela dit, entre leurs mésaventures et les humeurs des uns et des autres, ils avaient vite fait d'oublier pourquoi ils étaient là. Concentrée sur sa surveillance de la jungle, elle attendit que tout le monde soit prêt à repartir pour prendre sa place dans la file.

D'abord en couverture derrière comme prévu, elle remonta bientôt la colonne vers Blake pour lui poser une question. Elle ne l'avait pas atteint qu'il arrêtait la marche et levait le poing pour les mettre en alerte. Aussitôt aux aguets, le fusil prêt à servir, Eva leva les yeux vers ce que désignait l'agent en charge. Ils étaient prêts à se déployer, à se protéger, à faire ce qu'il fallait, mais la saloperie de suchomimus était vicieuse et fut plus rapide. À croire qu'il leur avait tendu une embuscade.

Sans avoir eu le temps de dire ouf, elle fut percutée par la queue de la sale bête et décolla du sol. Quelques mètres plus loin, elle atterrit la tête dans un tas de feuille et son front percuta une racine alors que son fusil roulait plus loin. Étourdie, elle mit quelques instants à se redresser à quatre pattes pour s'apercevoir qu'elle avait une arcade en sang.

- Hijo de puta ! Marmonna-t-elle en cherchant des yeux son fusil hypodermique.

Si on lui avait dit qu'elle réussirait à balancer cette corde au dessus de cette branche du premier coup, Lorna vous aurait probablement ri au nez. Et pourtant, ô miracle, les choses se passaient enfin comme prévu dans cette jungle aux mille et un pièges. Tendant la corde entre elle et la comportementaliste aigrie, elle finit par tirée, aidée par Booker et Mendoza. Mais comme pour rappeler que les imprévus étaient toujours plus nombreux, la branche céda sous la force et manqua d'éborgner la jolie blonde qui ne tarda pas à rappeler gentiment que ce serait bien aimable de ne pas l'abîmer. Haussant les sourcils d'un air désabusé, Lorna eut soudainement envie de lui rétorquer qu'ils pouvaient tout aussi bien la laisser là... Mais l'agent Blake intervint, signalant aux deux jeunes recrues qu'elles devaient prendre le tour de garde. Lâchant la corde, elle posa alors ses yeux sur la jungle après avoir récupéré le fusil de son Responsable. Dos à ce qui se passait, elle soupira longuement, guettant à travers les branches pour retrouver la piste de son meilleur ami du jour qui l'avait poussé à venir faire trempette avec lui. « Quand je vois ça, je me dis que j'ai eu de la chance de n'être que mouillée en fait... » Le sourire en coin, elle adressa une œillade à Mendoza avant de reprendre son poste en bonne professionnelle.

Les minutes s'écoulaient sans qu'aucun bruit ne trahisse la présence de l'animal autour d'eux. L'un après l'autre, les animaliers furent extraits de la boue dans laquelle ils s'étaient retrouvés. C'est qu'ils allaient sentir bon, en plus... Devant les remarques faites par l'un ou par l'autre, la jeune femme dut lutter pour retenir un sourire franchement moqueur. On expliquait à monsieur qu'il n'était pas non plus taillé comme Apollon ? Non. Rendant son fusil à son propriétaire, elle reprit sa corde en le remerciant avant de ranger tout ceci et récupérant sa propre arme non-létale. Puis, emboîtant le pas du groupe, elle les suivit tout en restant alerte. Elle se trouvait non loin de l'agent Blake, doublée par Mendoza au moment même où l'homme leur fit signe de s'arrêter. Son attention doubla, certaine que quelque chose arrivait. Quelque chose digne d'un nouveau film d'aventure. Et la surprise les pris tous de court. Elle la vit avant de sentir la chose entrer en contact avec son corps, ouvrant la bouche pour tenter d'alerter tout le monde, mais incapable de sortir le moindre son. Seul un cri étouffé lui échappa lorsque la queue du reptile entra en contact avec son flanc, l'envoyant malgré elle au loin, son fusil et elle réalisant une séparation de corps digne des plus belles figures artistiques. Lorna n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer que son corps, déjà, amorçait une réception éliminatoire. Sa hanche toucha terre, suivie de près par sa tête qui vint se cogner violemment contre un rocher qu'elle n'avait pas même eu le temps de voir venir. Et tout devint noir.

A tirer sur la corde, elle manqua de râler après son collègue préféré pour lui faire comprendre qu'il devrait retourner à la salle de sport et arrêter la bière. Vraiment, ce sol avait une résistance assez terrible et à trois sur la corde, ils eurent beaucoup de peine à extirper l'homme de là. Et pourtant, ils y parvinrent, ce cher monsieur Grady sortant de là dans le même état qu'elle. Ils pouvaient se lancer dans un défilé de mode ensemble, tiens... A la mention de mettre la tête de celui qui le traiterait de gros dans cette boue, elle eut un léger rire. « Ça tombe bien, c'était la seule partie de mon corps immaculée... Quoique, attends, je te devance. » A l'aide de ses doigts souillés, elle vint dessiner deux traits obliques sur ses joues, façon Rambo au féminin. A moins que ça ne lui donne des airs de Lara Croft ? Mieux valait en rire qu'en pleurer, n'est-ce pas ? Reprenant ses affaires tandis que l'organisation se remettait en place, elle se dit qu'il valait mieux ne pas trop tarder. Ils commençaient à être sacrément handicapés. Qu'elle le reconnaisse ou non, la jeune femme tombée à l'eau finirait par plonger en hypothermie et Owen et elle risquait bien le même scénario s'ils n'étaient pas dérangés par la boue avant ça.

Ils se remirent en marche, Leanne toujours aux côtés d'Owen, suivis de près par son meilleur ami du jour aka le mec de la sécurité bougon. Comment s'appelait-il déjà ? Booker ? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire, finalement... Suivant le rythme, Leanne sentait tout autant la boue se glisser sous ses pieds, imbibant ses chaussettes. Grimaçant à chaque pas, elle imaginait déjà la tête de son fils quand il la verrait rentrer plus tard dans la journée. Pour sûr, le garçonnet risquait de lui adresser un grand sourire et une remarque bien sentie sur le fait qu'elle lui remontait les bretelles quand il se mettait dans un état pareil. A six ans, il avait déjà du répondant...

Ils progressèrent dans la jungle, l'envie de plaisanter s'éteignant un peu plus à chaque pas, un silence presque religieux accueillant l'ensemble de la petite troupe. Finalement, d'un geste de la main, le maître de la situation intima son groupe à s'arrêter. Tous restèrent en suspens, comme attendant les ordres. Mais la comportementaliste plissa les yeux. Le Suchomimus n'était pas réellement visible et pourtant, tout son être lui murmurait qu'il était là. Il n'était pas aussi intelligent que l'Indominus, ce spécimen monstrueux ayant littéralement scotché la comportementaliste dans ses réactions. Mais il n'en demeurait pas loin un être doté de capacités de chasse. Et ce fut grâce à son instinct qu'elle eut le réflexe de se jeter à terre quand le sifflement se fit entendre. Foutue pour foutue, sa tenue ne risquait pas un peu plus de boue. En revanche, n'ayant pas eu le temps d'alerter le reste de l'assemblée, ce fut presque estomaquée qu'elle observa tous ceux qui se trouvaient devant elle se faire balayer par un violent mouvement de la queue. Les plus chanceux demeuraient ceux le plus près de la bête, la force de frappe étant moindre. Le plus à plaindre tait peut être... « Owen ! » Appelant son collègue dans un cri doucement désespéré, elle lui adressa un regard pour mieux le voir souffrir. Et merde. Elle était vraiment toute seule ? D'un regard en arrière, elle put constater que non. Son Nemesis du jour était là, avec elle. On lui aurait demandé son avis, elle aurait certainement demandé à ce qu'on lui donne quelqu'un d'autre. Mais les cartes étaient distribuées et les autres trop hors course pour l'instant. Serrant les dents, elle se redressa, épaulant rapidement son fusil tranquillisant. Si elle commençait à lui donner un plan, il risquait de lui dire gentiment que ce n'était pas elle la chef. Non, sérieux, c'était prévisible à ce point ? En attendant, il y avait 4 personnes potentiellement à terre et un piscivore moyennement content prêt à tenter de voir quel goût ça pouvait bien avoir...

Alors s'en réfléchir, elle se dirigea dans la direction opposée aux terrassés du moment. Ignorant ce que pouvait dire ou faire Booker, elle siffla après l'animal, s'exposant pour qu'il puisse la voir. « Salut copine... On se souvient de moi ? » Un sourire en coin se plaça malgré elle sur son visage. Leanne, elle, se souvenait plutôt bien de l'animal qui choisit ce moment pour râler à nouveau. Visant de son mieux, elle tira une première fléchette. Si elle pensait être plutôt bonne au tir, il fallait se rappeler que le cuir d'un dinosaure ne valait pas la peau délicate d'un cerf du Vermont. Mal lancée, la fléchette ricocha légèrement sur la peau de la bête, refusant tout bonnement de se planter. « Et merde. » Ouai. Merde. Le monstre comprit bien assez vite ce qu'il se passait et, non content de se faire à nouveau tirer dessus par la blonde, lança le mouvement droit sur elle. Écarquillant doucement les yeux, Leanne laissa son adrénaline prendre le contrôle. Tournant les talons, elle se précipita aussi vite qu'il lui était donné de le faire dans une tenue pareille entre plusieurs arbres, profitant d'un tronc fendu pour se glisser entre les deux parois, adressant un regard en arrière pour voir si les crocs risquaient de frôler ses fesses ou non.

Lorsque Julian se redressa, il ne put que constater deux choses : La première, c'était que la plupart de ses coéquipiers étaient à terre, la seconde c'était que son fusil n'était plus dans sa main. Wayne avait attiré l'attention de la créature, Booker avait usé de son fusil à fléchettes hypodermiques mais le dinosaure avait fuit. C'était une aubaine en réalité, une putain d 'aubaine qui leur permettait de se remettre en selle.
Rapidement, le responsable balaya du regard la zone afin de faire un état des lieux. Mendoza n'était pas trop loin, il s'avança vers elle, machette toujours à la main pour s'assurer qu'elle allait bien, Owen se tenait les côtes mais Julian ne lui fit pas l'affront de lui demander s'il avait mal. Il savait pertinemment que même avec une côte pétée, il continuerait sa chasse. Il se contenta de lui lancer un regard éloquent, du genre qui parlait pour lui. Si l'animalier voulait arrêter, il lui suffisait de le dire.

Là, il remarqua son fusil au sol, le récupéra et l'observa rapidement d'un oeil critique. Il se préoccuperait des dégâts matériels avant.
Wayne était entrain de revenir vers eux et il songea un instant à l'engueuler pour avoir agi sans réfléchir et s'être ainsi mise en danger. Il se tut cependant, jugeant que ce n'était pas le moment d'envenimer la situation.
Il s'agenouilla aux côtés de Booker près de Forbes, toujours inconsciente. Relâchant sa machette, il contrôla le pouls de la jeune femme et demanda à son agent :

- Ta fléchette a touché pas vrai ?

Même sans avoir de réponse, il était persuadé que c'était le cas. Booker était un des meilleurs tireurs que pouvait compter l'île.
Un sourire en coin, il tira son talkie de l'étui et enclencha le micro.
- Poste de contrôle, ici Blake, nous avons une blessée inconsciente. Respiration et pouls stables pour l'instant. Nous craignons un choc traumatique.
L'appareil crachota et une voix lui répondit :
- Blake, ici Poste de contrôle, nous dépêchons une équipe pour venir la chercher.

Il se redressa et soupira avant de reprendre la parole face à tous.
- Il me faut un volontaire pour rester avec Forbes en attendant les secours. Les autres, on continue à pister notre lézard. La fléchette va commencer à faire son effet, il risque d'être d'avantage dangereux avant que ce soit le black out.

En effet, ils ne pouvaient pas perdre la trace du dinosaure. Une fois endormi profondément, allongé dans la végétation, il serait encore plus difficile à repérer. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas attendre les secours pour Forbes, voilà pourquoi ils devaient se séparer. Cela n'enchantait guère le responsable de la sécurité, mais il n'avait plus le choix. C'était la dernière ligne droite et il espérait qu'elle ne soit plus semée d’embûches.

Jurant toujours à voix basse en espagnol, Eva se remit debout et se secoua. Rien de cassé ni aucune séquelle grave, tout allait bien. Elle essuya le sang de son arcade qui dégoulinait dans ses yeux avec son t-shirt noir et fit un signe à l'agent Blake pour lui assurer qu'elle n'avait pas besoin d'aide ni de soins. Peut-être un ou deux points plus tard s'ils ne rentraient pas dans trop longtemps, sinon tant pis, ce ne serait qu'une marque de plus et elle ne s'en souciait pas le moins du monde. Elle récupéra son fusil heureusement en état de fonctionner à première vue.

Suivant le mouvement, elle approcha de Forbes et s'accroupit pour lui toucher la main. Mierda. Son binôme était à terre et ça la remuait un peu quand même. Blake avait pris les choses en mains et les secours allaient arriver mais elle n'était pas tranquille pour autant. Lorna était une chouette fille et un binôme précieux pour elle, même si elles ne bossaient ensemble que depuis quelques semaines. Ça l'emmerdait bien de la voir hors de combat. Et quand le chef demanda qui restait, la réponse lui parut évidente.

- C'est ma partenaire. Je reste.

Ça ne l'enchantait pas mais elle ne le faisait pas de mauvaise grâce non plus étant donné qu'elle se souciait réellement et personnellement de l'état de Lorna. Grady la surprit alors en annonçant aussi qu'il restait vu son état. Bon, du coup ça se goupillait mieux. En tant que membre valide de l'équipe, il valait mieux qu'elle continue à traquer le sucho tant qu'ils le pouvaient encore.

Elle s'assura que les deux qui restaient avaient de l'eau, de quoi manger et un talkie en état de fonctionnement puis, fouillant le sac de Lorna, elle en sortit sa couverture de survie qu'elle déploya sur elle. Avant de se relever, elle posa une fois encore les doigts sur le poignet de la jeune femme et hocha la tête. Le pouls était régulier et fort, même si elle était dans les vapes. Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus et ne ferait pas à Grady l'affront de lui faire des recommandations. Elle reprit donc fermement son fusil et s'apprêta à suivre Blake et les autres à la recherche du dino parti pour la siesta.

Serrant les dents, elle s'était faxée à la vitesse de l'éclair entre les deux pans du tronc, désorientant doucement le dinosaure, Bon, au passage, elle s'était doucement éraflé un bras mais entre ça et le voir finir dans le gosier du dinosaure... Pour sûr, elle préférait cette option là. Ne stoppant pas sa course pour autant, un nouveau râle de la bête, plus éloigné, la poussa à faire volte face. Elle put alors constater que l'animal avait changé de comportement. Loin d'essayer de la poursuivre, il tourna les talons pour mieux s'en retourner plus profondément dans la jungle. Poussant un long soupir, elle prit deux secondes pour souffler longuement avant de retourner vers le groupe. Couverte de boue et le bras écorché laissant doucement venir le sang, elle haussa les sourcils quand elle entendit Blake confirmer un tir de Booker. Bon, au moins, tout ça n'avait pas servi à rien. Elle croisa pourtant le regard de l'agent de sécurité et sentit peser dans ce dernier des reproches qu'il ne formulerait pas. Ils auraient l'occasion d'en reparler plus tard. Se tournant vers son partenaire et collègue direct, elle lui adressa un sourire avant de froncer les sourcils devant la grimace qu'il tirait. Mais le plus gros du problème était par terre. La gamine qui avait bien failli finir noyée venait visiblement d'être envoyée violemment au pays des rêves. Bordel, elle n'avait pas de chance, la jeunette... Et bienvenue à Jurassic World, c'est ça ?

Il fallait qu'ils se séparent. Si elle s'inquiétait pour la brunette, Leanne avait décidément plus d'un compte à régler avec le gros lézard. La troisième femme de la bande se porta volontaire en premier lieu, bien vite rattrapée par un Owen qui retenait difficilement ses grimaces. Franchement soucieuse de son état, son amie vint doucement poser sa main sur son épaule. C'était vraiment pas son genre de rester derrière. La gorge serrée à l'idée de le laisser en arrière, elle se contenta de hocher la tête. Chargeant à nouveau son fusil, elle finit par déclarer. « Il n'était pas agressif, il ne fait que défendre son territoire. Tout dépend de la fléchette envoyée, mais dans tous les cas, il de vrait commencer à piquer du nez d'ici cinq minutes. Il ne va pas pouvoir aller bien loin. » Elle connaissait ses gammes. Suffisamment pour réfléchir à la direction empruntée par la bête. « Il va peut être essayer de retourner à la rivière. » Soupirant longuement, elle adressa un regard à Owen. "Si tu as le moindre problème, fais nous rappliquer surtout..." Une personne à terre suffisait largement.

Julan avait pris note des blessures apparentes ou de celles qu'il supputait. Mendoza saignait à l'arcade mais elle ne semblait pas s'en soucier. Comme elle venait de fouiller dans le sac de Forbes pour en sortir la couverture de survie afin de recouvrir la jeune femme inconsciente, il chercha dans ses propres poches s'il ne détenait pas un mouchoir ou tout autre tissu qui pourrait lui permettre de nettoyer un petit peu le sang qui avait coulé sur une partie de son visage. Ce genre de plaie saignait toujours plus que ce qu'elles étaient réellement. Malheureusement, il n'avait rien prévu de ce genre. Il se résigna à sortir sa trousse de secours et en tira une compresse qu'il tendit à Mendoza.
Le groupe s'était réunis et venait de décider du volontaire qui demeurerait avec Forbes jusqu'à l'arrivée des secours. Owen l'avait emporté et Julian s'en sentit soulagé. Vu la tête qu'il faisait, ses côtes ne devaient pas être simplement fêlées. Il en savait quelque chose.

Wayne donna son appréciation en tant que comportementaliste, les éclairant sur la marche à suivre vs à vis du dino. S'il retournait vers la rivière et qu'il avait la bonne idée d'aller nager, ce pouvait être une très mauvaise idée, aussi bien pour lui que pour eux. Il fallait à tout prix éviter ça.
Posant une main sur l'épaule de Owen, il hocha la tête et lui lança :

- Mets toi sur le canal général de la sécurité, l'équipe de Curtis est en route, vous rentrerez tous les deux avec lui.

Se tournant vers les autres, il reprit :
- Vérifiez tous vos équipements, assurez-vous que tout fonctionne correctement. Le suchomimus a pris une fléchette et devrait dormir, mais ce n'est pas certain à 100%. Certains ont besoin d'une nouvelle dose, soyez vigilants. On y va.

Nul besoin de répéter qu'il pouvait être encore plus dangereux en se sentant acculé. Ils le verraient par eux-même. Profitant de ce que chacun vérifie son équipement, il en fit de même. Son fusil a fléchettes avait morflé, mais le mécanisme fonctionnait toujours. Il s'en assura en retirant la fléchette et en tirant à blanc. Après avoir réarmé ce dernier, il mit en marche sur la piste du saurien. Ce n'était pas comme s'il était difficile à suivre, un animal de cette taille laissait des marques sur la végétation. Il se plaça en tête et les sens aux aguets, il avança, ignorant la douleur dans son dos qui accusait le coup de son envolée sauvage.

S'ils avaient fait venir les animaliers avec eux pour cette mission, c'est que leur avis avait tout de même une certaine valeur. Et même si la rencontre avec le sucho avait plutôt donné envie à Eva de l'abattre pour ne pas risquer de finir piétinée ou dévorée, elle écouta donc ce qu'affirmait Wayne au sujet de la bête. Elle aurait aimé jouer les bourrins, se foutre des histoires de territoire ou d'instinct mais elle savait par expérience que prendre en compte les instincts des animaux était indispensable pour ce job. Tout comme prendre en compte celui des hommes lui avait été plus qu'utile en zone de guerre.

Tandis qu'elle vérifiait le bon fonctionnement de son fusil et constatait avec soulagement que le mécanisme n'était pas endommagé et qu'elle avait toujours ses fléchettes, Blake lui tendit une compresse. Elle contempla un instant le carré blanc avec étonnement avant de se souvenir de son arcade. Avoir du sang qui coulait dans l’œil n'était pas vraiment idéal pour une mission de ce genre, même si elle était capable de faire avec. Elle remercia donc son supérieur d'un hochement de tête, colla la compresse sur la plaie et prit une minute pour fouiller dans une poche de son sac à la recherche du mini-kit qu'elle trainait sur elle et qu'elle savait contenir un truc aussi utile. Quelques secondes plus tard, elle se collait sur le sourcil un tampon hémostatique qui arrêterait le saignement plus impressionnant qu'inquiétant.

La marche reprit et elle se replaça en queue de colonne, laissant les deux hommes encadrer la spécialiste des humeurs des dinos. Le passage de leur nouveau copain avait laissé des traces qu'ils suivirent sans peine vers la berge, comme l'avait recommandé la blonde, mais là se perdait la piste. Soit le sucho n'était pas retourné à la rivière, soit il était passé sur la pointe de ses griffes pour ne pas faire de nouvelles traces. Soit encore, il était en planque et se foutait bien d'eux, mais là elle avait un gros doute. En revanche, ceux qui les mataient et se moquaient, c'étaient les compsognathus. Ils avaient beau être petits et même plutôt mignons, ils valait mieux ne pas les sous-estimer. Elle avait entendu les histoires et n'avait aucune envie de les exciter.

Elle pensa aussitôt à Forbes et Grady, songeant que s'ils se trouvaient face au même problème, Owen ne suffirait sans doute pas à les défendre tous les deux. Elle vérifia que son talkie était bien allumé et le son assez bas pour qu'elle entende sans risquer de se faire surprendre par un appel. Face aux mini-carnivores, elle comptait sur ceux qui avaient le plus d'expérience pour les sortir de là sans encombre parce qu'il leur restait tout de même la grande sœur à débusquer. D'ailleurs, ils feraient mieux de retrouver sa piste, non ? Lentement et sans gestes menaçants, elle se mit donc en quête des traces du passage du sucho sans s'éloigner trop du groupe. Se séparer était toujours une mauvaise idée, songeait-elle sans arrêt, même s'ils n'avaient pas pu faire autrement vu l'état de Forbes.

Lorsqu'ils arrivèrent sur la berge, il n'y avait pas âme qui vive. Enfin, presque. Le géant d'écailles n'était pas comme Julian l'espérait entrain de dormir paisiblement, en revanche, il reconnut sans aucune hésitation les petits gloussements aiguës qui émanaient des fourrés non loin. D'un mouvement de la main, il indiqua aux autres de ralentir et surtout de se taire, afin d'écouter à leur tour les pépiements des compsognathus. De sa propre expérience, il pensait à un groupe d'une dizaine d'individus et croisa les doigts pour que les petites créatures ne se mettent pas en tête de venir s'amuser avec eux. Seuls, ce genre de dinosaures n'étaient pas spécialement dangereux mais en groupe, ils pouvaient aisément attaquer l'homme. La cicatrice en forme de dentition sur le mollet de Julian était là pour le lui rappeler.

Il fit signe aux trois autres membres de l'équipe de se rapprocher et dès qu'ils furent à portée, il chuchota :
- Des compsos, on continue à avancer et on reste sur ses gardes.

Inutile de préciser que le suchomimus leur avait faussé compagnie pour le moment, ils pouvaient tous le voir. Mais la piste demeurait fraîche et facile à suivre, alors le responsable de mission se remit en marche, jetant des coups d'oeils furtifs en direction des buissons. Ne manquerait plus que les petits reptiles les suivent jusqu'à leur cible. Cela aussi il l'avait déjà vécu lors de la capture du dilophosaure et il n'en gardait pas un très bon souvenir.

[HRP] Vous pouvez tirer les dés pour les compso si vous le souhaitez ou continuer le chemin vers le sucho qu'on va retrouver au prochain tour dans le pire des cas ^^[HRP]

Une équipe était en route pour évacuer les poids morts. Leanne n'aimait pas trop laisser son partenaire derrière elle et pourtant, ils auraient encore besoin d'elle sur le front s'ils espéraient pouvoir arrêter le Sucho avant que d'autres drames n'arrivent. Ayant pris soin de recharger son fusil hypodermique, l'équipant d'une fléchette pour grand dinosaure, elle avait fini par emboîter le pas au reste de l'équipe, non pas sans adresser un dernier regard inquiet vers Owen et la jeune brune qui était bien plus sur la touche que lui. S'activant malgré la boue qui recouvrait toujours ses fringues, s'immisçant sur sa peau çà et là, elle allait bon train pour coller aux basques de l'équipe de sécurité toujours en place. Ils n'étaient plus que quatre et c'était dans un silence presque mortuaire qu'ils progressaient dans la jungle. Ce fut à une vitesse bien plus rapide que le chemin aller qu'ils arrivèrent à la rivière. Mais l'endroit était désert et Leanne ne put s'empêcher de serrer les dents. Les empreintes les avaient conduits jusque là et pourtant, rien. L'animal s'était volatilisé. Pourtant, elle était persuadée qu'il ne pouvait être si éloigné que cela, qu'ils touchaient au but et qu'il saurait se rappeler à eux bien assez tôt. D'un geste de la main, Blake incita le reste de la troupe au silence et, rapidement, ce dernier fut rempli par les petits pépiements de dinosaures bien plus petits que le Suchomimus mais pas moins dangereux. Il était difficile de quantifier le nombre de spécimens présents autour d'eux. Mais ils se promenaient rarement seuls.

S'approchant autant que les autres de l'homme de la situation pour écouter ce qu'il avait à dire, elle hocha la tête. Oui, il faudrait être vigilant car ces petits monstres pouvaient réserver plus d'une surprise. Progressant en queue de peloton, elle emboîtait le pas dans ceux de ses collègues, essayant au mieux de se faire oublier dans la jungle épaisse. Et pourtant, si les pépiements semblaient venir de nul part et partout à la fois, un plus distinct la poussa à accorder un regard par dessus son épaule. De ses yeux clairs, elle le vit, là, juste derrière elle, la tête légèrement inclinée comme s'il analysait par quel bout il allait devoir croquer l'animalière qui poussa un soupir. « Fais chier. » Oui, car au-delà du calme omniprésent, elle savait que cette petite horde de reptiles analysaient avant de se lancer, cherchant à faire craquer mentalement sa proie du moment pour être sûr qu'ils parviendraient à l'encercler avec facilité avant de lui sauter dessus. « Continuez à avancer au même rythme. Ne leur donnez pas de raison de nous sauter dessus. Ils observent plus qu'ils s'apprêtent à attaquer. » Les compsos, pourtant, commençaient doucement à sortir de leur tanière, un à un. Il était de plus en plus difficile d'analyser leur nombre car il semblait bien que les petits cris qu'ils poussaient commençaient doucement à faire leur œuvre dans les esprits déjà fatigués de la fine équipe.

Pas du tout heureuse de la situation, Eva avançait comme Blake en avait donné l'ordre mais elle ne quittait pas son état de vigilance extrême. Le Sucho les avait déjà surpris une fois et voilà qu'en plus ils étaient suivis par la bande de comiques qui ne l'était pas tant que ça quand on savait de quoi ils étaient capables. Plus que jamais, il était capital de rester groupés et sur leurs gardes. Elle était absolument convaincue qu'au moindre signe de faiblesse de l'un ou de l'autre, les compsos en profiteraient largement pour encercler le maillon faible et en faire leur goûter.

La comportementaliste avait pris la queue du groupe mais, placée juste avant elle, Eva la gardait à l’œil. Pas par méfiance non, bien au contraire, mais parce que la sécurité était leur domaine et que l'animalière devait aussi être protégée. Même si elle était capable de se défendre et qu'elle l'avait prouvé, elle restait le dernier membre scientifique et spécialiste des dinosaures de leur groupe puisqu'Owen était hors service. Pas question de laisser Leanne en arrière. Mais où diable était allé se fourrer le grand crétin qu'ils poursuivaient ? Il fallait le trouver et rentrer. Même si elle restait concentrée sur le présent et son environnement direct, elle pensait sans arrêt à Forbes et Grady, peu rassurée de les savoir seuls, même si l'équipe de secours était en route.