Laura et Julian étaient réunis au même endroit, mais ils ne vivaient pas la même instant. Julian était inquiet de l'attitude de la jeune femme. Elle semblait déconnectée de la réalité et ça ne lui plaisait pas de savoir que le simple fait d'être plongée dans une pièce fermée dans le noir, la mettait dans cet état. Que foutait Miller depuis tout ce temps ? Les médecins et les psy ? Comment pouvaient-ils la laisser ainsi ?
Tu es là… Tu es venu…
Il n'avait eu qu'une seule envie alors, la serrer dans ses bras et lui assurer que sa présence était une évidence. Il était venu, aujourd'hui dans ce container, et chaque jour sur ce bateau.
Parce qu'il n'arrivait pas à vivre loin d'elle. Comment l'aurait-il pu ?
Sa culpabilité était grande, pas au point de l'éloigner pour de bon songea-t-il.

Il traversa le bateau, Hanna sur les talons, tachant d'ignorer les regards, les murmures et les conséquences que ce moment pourrait avoir. Il ne voulait pas y penser, tout comme il ne voulait pas penser à Laura qui avait bredouiller d'étranges paroles, en s'aggripant à lui comme si sa vie en dépendait. La réalité, c'était que de la savoir dans cette situation le faisait soufrir à un point qu'il n'aurait pu imaginer, bien plus que ses propres blessures. Il continuait à avancer tout droit, en direction de l'hélicoptère, affichant sa mine solennelle et rude de l'agent investi d'une mission.

Laura s'agita mollement entre ses bras, bredouillant un refus qu'il ne comprenait pas.
« Je… Je ne veux pas… Non… »
Devait-il la déposer là ? Non, elle se tenait toujours à lui, il avait plutôt le sentiment qu'elle ne voulait pas qu'il se dirige vers l'hélico mais il n'avait pas le choix. Tout comme il savait qu'il devrait subir les conséquences de tout ça.
La porte s'ouvrit, Miller apparut et après un regard porté sur la situation puis sur Julian plus particulièrement, ce dernier sut qu'il était temps de transférer Laura. Ce qu'il fit, non sans regret.
À peine ses bras avaient quitté le corps de la jeune femme, qu'elle tendit une main dans sa direction, cherchant à se raccrocher à lui dans une supplique, un "non" qu'il ne comprenait toujours pas.
Qu'est-ce qui lui faisait peur ? Elle allait être en sécurité.
La main de laura flotta un instant dans les air et il tendit instinctivement la sienne dans sa direction. leurs doigts ne purent que se frôler tandis que Miller resserrait son étreinte sur Laura.

- Qu'est-ce que...commença Julian en remarquant la seringue que tenait le docteur Lane.
Son regard se reporta sur Miller qui persistait à murmurer à l'oreille de Laura et sur cette dernière, dont le regard horrifié croisa le sien.
- Hey, qu'est-ce que vous faites bordel ! John !

Laura se laissa sombrer et la porte se referma sur eux, laissant Julian dans une incompréhension la plus totale.
- John !! appela-t-il encore en cognant du poing sur la porte en métal.
Mais déjà, Hannah le tirait en arrière tandis que l'hélicoptère prenait de la hauteur.
- Putain !! hurla-t-il à travers le bruit du moteur qui étouffa ses propos.
De rage, il donna un coup de pied dans le vide avant de se souvenir qu'il n'était pas seul ici. la colère se lisait sur son visage, sa machoire était crispée et sa mine tendue.
- C'était quoi ça, demanda Hanna quand le bruit de l'hélicoptère s'éloignant la laissa parler.
- J'en sais rien...éructa-t-il en se prenant la tête entre les mains pour souffler un coup.
Il voulait des explications, il devait voir Miller dès que possible. Non, Miller lui ferait déjà un sermont pour avoir été avec Laura cet après-midi. Il savait que le responsable ne resterait pas sans rien faire après ça. Restait à savoir ce qu'il lui réservait.
Il pourrait voir Laura mais...arriverait-il à aborder le sujet sans se mettre en colère ? Saurait-elle lui répondre ? Ne venait-il pas d'assister à la mise sous sédatif de la jeune femme ? Est-ce qu'elle allait bien au moins ? Et où l'emmenaient-ils ?
La voir emportée par cet hélicoptère au milieu de toutes ces personnes qui ne désiraient que son bien aurait du le rassurer, pourtant, il trouvait que quelque chose clochait.

- BLAKE !
Reprenant une posture normale, il se tourna vers Kellerman qui dirigeait la mission de ravitaillement. À ses côtés, l'agent à qui il avait collé son poing dans la gueule se tenait bien droit mais ne le regardait pas. Avait-il honte de sa plaisanterie ? Il l'espérait bien car lui n'avait pas honte de l'avoir frappé.
Evidemment, le responsable lui offrit de sérieuses remontrances auxquelles tout le monde put assister.
Il demeura là, accueillant la foudre sans pour autant ployer les épaules. Il ne regrettait pas son geste et se bornait à l'afficher, un léger sourire en coin flottant sur ses lèvres.
Les travers de l'armée avaient le souvenir profond, il eut le sentiment de revenir des années en arrière, durant ses classes mouvementées.
Pour cet insolence, les deux jours de mise à pied se transformèrent en trois journées. Il ne le montra pas mais au delà de la punition, c'était surtout de ne pas pouvoir prendre son tour de garde sur la zone sécurisée, comme il l'avait espéré, qui le vexa.
Au programme de l'après midi, on lui refila évidemment tous les travaux les plus barbants en lui soulignant qu'il serait de corvées de chiotte dès le retour sur le bateau et pour les trois jours à venir sans compter que tout ceci serait notifié sur son dossier et que son attitude faisait honte au poste qu'il avait occupé.
À peine arrivé et déjà relégué au rang de mec instable et problématique. Comme au bon vieux temps.