Je baisse les yeux quand j'entends sa réaction. Un peu déçue, oui. Bien que je n'oublie pas qu'il y a une probabilité que cette réaction soit la conséquence de cette fameuse adrénaline. Mais bon au moins, il me dit de faire comme je le souhaite. Donc je tends la main pour qu'il fasse de même et qu'il m'offre donc son bras gauche.

Quand c'est chose faite, je place mes doigts, mon index et mon majeur, sur son poignet gauche au niveau de son artère radiale pendant trente secondes. Pour ce faire, je tourne la tête vers mon réveil et j'attends le départ d'une nouvelle minute. Go! C'est parti pour trente secondes à compter. Alessandro, s'il me regarde, peut voir que mes lèvres bougent tandis que je compte silencieusement.
Dix secondes de passées, je suis réellement concentrée car j'espère qu'il comprendra que je fais cela pour son bien. Les arrêts cardiaques touchent les plus jeunes et c'est en nette amélioration. Plusieurs facteurs tels que le mode de vie, le diabète, la consommation d'alcool, le tabac et l'hypertension sont les responsables de cette augmentation.
Vingt secondes. En tout cas, la chose à retenir est que cela ne touche pas que les vieux. Et avant que je n'oublie, je ne l'ai pas pris pour quelqu'un de sexiste. J'ai surtout dis ça car certaines personnes ne gèrent pas bien leur timidité ou leur stress quand c'est le sexe opposé qui s'occupe d'eux. Comme lors d'un contrôle de police, des femmes demandent à être fouillée par une officière. Et bien, c'est pareil pour les soins.
Trente secondes.

Je relâche son poignet, lui souriant, tout en multipliant le résultat par deux pour avoir son battements par minute. Pour un adulte, le résultat se situe généralement entre 60 et 100 battements par minute.

- Était-ce si terrible? Demandais-je d'une voix amusée.

Il me demande pourquoi j'ai choisi les Gallimimus. J'hausse les épaules. A dire vrai, j'aurais pu choisir n'importe lequel. Ils m'intéressaient tous. Et je me moque bien qu'il ne soit pas le plus qualifié, je prends un réel plaisir à l'écouter. Sincèrement. Et de ce fait il se lance et mon attention revient directement, acquiesçant à ce qu'il m'apprend. Comme leur nom qui signifie "qui imite la poule". Alors ça, c'est une surprise. De plus, ils font partie d'un groupe de dinosaures qui sont les plus semblables aux oiseaux.

- Oh ben ça alors, je ne m'attendais pas à cela. Qu'ils soient comparés aux volailles. Dis-je d'une voix amusée. Merci.

Alessandro me reprend sur le fait que ce ne soit pas un volcan qui a éteint les premiers dinosaures. Mais bien la chute d'une météorite au Mexique qui a déclenché un bouleversement climatique. C'est vrai, maintenant qu'il me le rappelle, je m'en souviens.

- Ah oui la météorite et le changement climatique, je m'en souviens à présent. Je le regarde avant d'ajouter. Si jamais tu as des questions, n'hésite pas. Je ne suis pas ici pour te faire passer un interrogatoire, mais bien une discussion avec toi. Donc, vas-y si tu en as.

Je n'aime pas plus que lui l'ambiance actuelle. Je sens qu'il m'en veut alors que ma demande est pour moi, légitime. Et puis tout de même, c'est loin d'un examen médical poussé. D'ailleurs, jamais je ne lui aurais demandé ça dans notre dortoir. Là où je ressens une petite culpabilité, c'est d'avoir utilisé la carte du chirurgien. Pour ça, il mérite des excuses. Mais avant ces dernières, lui dire que tout va bien. Je passe outre le sarcasme que j'entends.

- Bon Alessandro, pour ton rythme cardiaque tout va bien. Il est de septante-cinq. Je suis rassurée, j'ai eu peur pendant un instant que ton cœur s'emballe de trop à cause de l'adrénaline. Je veux que tu comprennes que pour tout autre examen médical, nous aurions été à l'infirmerie et que je ne me serais pas permise de le faire ici. Je désire que tu comprennes aussi qu'en médecine, parfois, même souvent, l'anticipation peut te sauver la vie. Je prends une petite respiration avant de continuer. Prenons l'exemple du cancer du sein qui touche beaucoup de femmes. Le dépistage préventif est la clé. Pour le cœur, c'est pareil, il y a des signes. Je tiens à m'excuser pour le chantage. J'avoue que je n'aurais pas du utiliser la carte du chirurgien. Et je le redis, je m'excuse, Alessandro.

Mes mains s'étaient rejointes et mes doigts se trituraient ensemble. Je crains qu'il ne les accepte pas  et qu'il demande un changement de dortoir. Si c'est ce qu'il décide, je ne m'opposerai pas contre sa volonté. S'il n'arrive pas à comprendre que c'était pour son bien, rien de ce que je pourrais dire ne le fera changer d'avis.

Vu que je ne suis pas ici pour lui faire passer un interrogatoire, il me répond qu'il s'en doute, mais que cela lui fait plaisir d'y répondre surtout quand il a les réponses. Et sinon pourquoi la carte du chirurgien? Car le titre de chirurgien est souvent plus respecté par les citoyens, que le titre d'infirmière. Je ne dis pas que c'est le cas d'Alessandro, mais je vous assure que c'est un fait.

- En tout cas, merci de m'instruire. Je me dis que lors des prochaines missions, si j'y participe, savoir des détails sur les dinosaures pourra m'aider. Donc merci, vraiment.

Puis il me pose une question. J'y réponds du tac-au-tac.

- Mon frère avait une collection de dinosaures en plastique et j'appréciais jouer avec. C'est en quelque sorte à ce moment que je suis devenue fan de ces animaux. Puis l'ouverture du premier parc Jurassic World et j'ai commencé à suivre et à lire tout ce que je trouvais sur Internet. Et pour terminer, Laura Masrani est une vieille connaissance même si nous n'avons jamais été de réelle amie. Et quand j'ai entendu qu'elle avait été retrouvée et qu'elle comptait relancer le projet, je me suis dit que c'était ma chance. J'avais besoin de changer d'air après la Covid-19. Même si ma mère... Je décide alors de lui en parler.

- Et puis...pourquoi j'ai pris l'exemple du cancer du sein? Car ma mère a été testée positive en 2019. Voilà pourquoi j'ai pris la décision de quitter l'armée et de revenir à Saint-Louis pour être plus proche d'elle. En ce jour, elle n'est toujours pas en rémission, mais les médecins sont optimistes à ce qu'elle puisse remporter son combat.

Je ne lui ais pas parlé de ce combat pour qu'il ait pitié de moi. Loin de là, ce n'est pas mon genre et je déteste qu'on ait pitié de moi.

Qu'allait-il choisir?...

Je n'aurais rien à dire. Pour la simple et bonne raison que je suis presque certaine que ce n'est pas autorisé sur ce bateau. Et si ce n'est pas le cas, je la ferai passer. Les araignées c'est le mal! Oui elles sont utiles. Je sais, mais je m'en moque. Pour ma part, elles ne m'apportent que des cauchemars, rien de plus. Je trouve tout de même que la comparaison est un peu bizarre. Entre soigner une tarentule et juste prendre un pouls, la différence est tout de même énorme. Enfin normalement, cet épisode sera bientôt derrière nous. Du moins s'il accepte mes excuses.

Alessandro me demande ensuite s'il avait montré quelconques signes inquiétants qu'il était proche d'une crise cardiaque.

- J'ai pris en compte que tu venais d'arriver par hélicoptère comme je te l'ai déjà dis. Je trouvais également ta voix un peu excitée quand tu me répondais. En résumé, oui je préférais prendre ton pouls et ce serait fini après trente secondes.  Ni plus, ni moins.

Son prochain argument est qu'il avait passé un examen médical pour être embauché ici. Et qu'il doutait qu'on lui aurait laissé prendre part à un tel projet si son cœur avait révélé des problèmes.

- Alors tout d'abord, pour réussir à apercevoir des problèmes cardiaques, il aurait fallu que l'examen médical soit assez physique.  Ou qu'il y ait ce genre de problèmes dans tes antécédents familiaux, l'examen aurait été plus méticuleux dans ce sens. Ma voix est calme pendant que je lui explique tout cela et je n'ai pas fini. Tu n'as jamais entendu que des footballeurs professionnels étaient tombés raide mort pendant un match de football? Tu crois que les footballeurs de ce niveau ne sont pas suivis physiquement avec beaucoup d'attention? Et pourtant, cela arrive. C'est rare, mais cela arrive. Voilà pourquoi j'ai préféré la prudence.

En effet l'adrénaline n'est pas dangereuse en temps normal. Mais, car oui il y a un mais, elle peut l'être si la personne n'est pas habituée d'en ressentir. Je conçois qu'un soigneur dans un zoo doit en ressentir régulièrement quand il doit s'occuper de certains animaux. Encore une fois, la prévention n'allait pas le tuer et je trouve, maintenant que j'y pense, qu'il en faisait un peu un drame. Enfin...

Après lui avoir présenté mes excuses, il ne me dit pas qu'il les accepte mot pour mot, mais bien que peux l'appeler Aless. J'hoche la tête, cela ne me dérange pas. Je me questionne néanmoins si c'est pour me faire comprendre qu'il acceptait mes excuses.

- Et toi, tu peux m'appeler Hayley et me tutoyer. Ce serait plus agréable non?

Aless me demande si je ne connaissais vraiment rien des dinosaures et que pour travailler ici, même pour une infirmière, ce serait tout de même le minimum.

- Disons que je pense pouvoir les reconnaitre. De là à pouvoir dire que si nous tombons sur un nid avec un œuf, je puisse dire que c'est un œuf de tel dinosaure. Je ne le pense pas. Je pense savoir déterminer si il est carnivore ou herbivore également. Selon toi, il y a des détails qu'il me faudrait vraiment connaître? Qui pourrait me sauver la vie. La mienne ou celle de l'équipe avec qui je suis?

Il m'exprime son étonnement que je sois amie avec la patronne. Il ne m'a pas écouté, j'ai bien dis justement que nous n'avions jamais été de réelles amies. Je souris avant de lui répondre.

- Comme dit, nous n'avons jamais été amies toutes les deux. Mais je peux te dire que pendant un temps, nous avons entretenu une correspondance écrite.. Je n'en dirais pas plus, cela ne concerne qu'elle et moi pour le moment.  Je lui fais un petit clin d'œil, amusée.

Owen Grady, nous étions d'accord, est un grand homme. Il finit par me dire qu'il était désolé pour elle comme pour moi après que je lui ais raconté le combat que mène ma chère maman depuis quatre ans.

- Merci pour elle, Aless. Elle continue de se battre, les médecins sont optimistes. C'est en bonne voie. Et la tienne? Est-elle une passionnée des dinosaures ou des animaux?

En tout cas, cet épisode qui est normalement derrière nous m'a permis de mieux cerner mon colloc de dortoir. C'est une personne qui aime avoir raison, même trop. Les débats? A éviter! Je note tout de même qu'il ne relève pas mes derniers arguments. Après, celui sur les footballeurs professionnels est plus qu'un argument, c'est un fait. Je sens que je n'allais pas m'ennuyer avec lui. Un sourire s'affiche sur mes lèvres en y pensant.

Je remarque que le tutoiement n'est pas sa tasse de thé vu qu'il continue à me vouvoyer. Cela se ferait peut-être avec le temps. L'avenir nous le dira.

Nous revenons une nouvelle fois sur mon expérience des dinosaures. Il me confirme, en supposant que je reste constamment à l'infirmerie, que je n'ai pas forcément besoin d'en connaître davantage, mais que si je suis appelée à participer à des missions, quelques connaissances supplémentaires ne me feraient pas de mal. Sur ce point, je ne vais pas débattre, il a tout à fait raison.

- Oui tu as raison, je vais suivre ton conseil. C'est comme pour les raptors, j'ai lu un jour que si un nous fait face, c'est évidemment une grande menace, mais pas la seule. La plus grande menace dans cette situation, ce sont les autres qui peuvent arriver sur le côté et vous prendre en tenaille. Enfin je suppose que je ne t'apprends rien.

"C'est déjà pas mal." Voici sa réaction quand je lui explique pour Laura. Oui c'est mieux que rien. Il me tarde tellement de la revoir. Plus que quelques jours. Oui je suis clairement impatiente.

J'écoute Alessandro me dire qu'il est important de rester optimiste et d'avoir un bon mental. Que cela ne peut être qu'un plus pour la guérison.

- C'est exact. Rester optimiste et garder un bon mental est très important. Réduire le stress ne peut être qu'un avantage et se focaliser sur sa propre guérison. Etre bien entouré aide beaucoup également.

Aless me parle de sa mère et encore une fois je l'écoute attentivement. Je ne me force pas, j'aime écouter. Et surtout, cela m'intéresse. Donc sa mère préfère le animaux de notre époque. Et ils travaillaient ensemble dans le même zoo même si elle avait un poste plus haut gradé que lui. Et ses derniers mots me font sourire. Qu'elle aime les dinosaures pour ce qu'ils ont été, pas pour ce qu'ils sont actuellement. Cela me fait penser aux dires du Docteur Takahashi.

- A mon arrivée ici, j'ai été accueillie par le Docteur Takahashi, chirurgien de son état. Je te passe les détails, mais je me souviens qu'il ma dit que les dinosaures sont plein de promesses pour la science. Moi, bien évidemment, je lui demande pourquoi. Je souris avant de poursuivre. Il m'a répondu en me disant que les dinosaures développeront forcément des bactéries propres à eux à un moment et que ces bactéries seront potentiellement utilisables pour la création de médicaments, de vaccins. Qu'il serait intéressant d'étudier leur régénération cellulaire ainsi que leur croissance. Car cette croissance est exponentielle et que ce sont les seuls à avoir ce genre de caractéristique. Je prends une courte respiration avant de terminer. Il m'a même dit que faire des recherches sur ce sujet pourraient permettre à terme de traiter des maladies dégénératives, des greffes. Tu en penses quoi?

Pour le tutoiement, cela se ferait avec du temps, je n'ai aucune crainte là-dessus. Et même si il est plus à l'aise avec le "vous", qu'il en soit ainsi. En même temps je suis habituée. Le vouvoiement ne me dérange pas vraiment. Quand je repense aux soirées mondaines, c'était presque obligatoire. A l'armée avec les supérieurs, tout pareil. C'est surtout à partir de ma période dans l'hôpital à Saint-Louis, durant la Covid-19, que le tutoiement avec les collègues est venu facilement. Donc voilà, je ne compte pas forcer pour le moment, nous verrions bien.

Alessandro confirme mes dires au sujet des raptors et de leur technique de chasse. Et effectivement quand on y repense, à notre époque, il y a également des prédateurs redoutables.

-Et à notre époque, je pense aux requins qui arrivent à s'organiser des festins incroyables. Rassemblant  un nombre incalculable de poissons, ils tournent autour de ces derniers puis arrive le moment du festin. Enfin j'explique sans doute un peu mal. Tu vois ce que je veux dire?

Oui tourner le dos à un prédateur, c'est presque signer votre arrêt de mort. J'ai lu qu'il fallait, la plupart du temps, garder un contact visuel avec ce dernier. Je lève les yeux vers lui quand il se remet à parler, me demandant si je connais l'expression "combattre le mal par le mal". Je connais, bien évidement, mais je ne l'interromps pas. Il me dit que ça ne sert à rien de courir face à un raptor vu qu'il sera forcément plus rapide que moi. Logique. J'hoche de la tête, signe que je comprends et que je suis tout à fait d'accord. Et qu'au final, fuir ne fait que titiller son instinct de chasseur. Il m'explique pourquoi il a choisi cette expression. Cela devient plus clair. Ce n'est pas en le combattant ou en fuyant, mais bien en utilisant la ruse pour combattre la ruse. Ca se tient. Avoir un coup d'avance sur eux, plus facile à dire qu'à faire. Enfin, tout dépend de la situation quand on se retrouve face à eux.

- Oui je connais l'expression et je suis tout à fait d'accord avec toi. Même si avoir un coup d'avance sur eux dépend aussi de la situation. Si tu n'as pas d'arbres ni de bâtiments, cela commence à sentir mauvais, très mauvais. Et encore faut-il savoir gérer sa peur et être capable de réfléchir pendant une telle rencontre. Oui de la chance, c'et surement ce qu'il nous reste dans ce genre de situation.

Que dire de l'année scolaire où dans l'un des cours, notre professeur nous a demandé d'écrire comment on s'imaginait notre père, son travail, etc. Et que le portrait que j'en ai fais n'était pas glorieux. A tel point que le professeur m'avait mit une mauvaise note pensant que je n'avais pas été sérieuse. Que j'avais prit ce devoir comme une vaste blague. Ma mère, le lendemain, était intervenue en plaidant ma cause. Au final, ma note avait changée jusqu'à obtenir un quatorze sur vingt. Mieux que rien. Cela avait sauvé ma moyenne.

Je m'étais attendue à ce qu'il rebondisse sur l'occasion de me taquiner quand je cite le Docteur Takahashi. Je rigole brièvement, le prenant évidemment bien.

- Lui-même. Je confirme en ajoutant un clin d'œil.

Aless me dit qu'il n'est pas médecin mais que "nouvelles espèces" veut forcément dire nouveautés scientifiques. Et que les bactéries sont douées pour évoluer et gagner en conquête. Attention, il vient de croiser les bras. Je souris, fortement amusée. Je l'observe alors qu'il prend le temps de réfléchir. Et c'est parti pour le show! Oh qu'ais-je fait...j'ai la musique en tête à présent! Et c'est parti le stade est chaud... Bon OK, j'arrête!

Je l'écoute en haussant les sourcils. J'apprends vraiment un truc encore une fois!

-Donc leur taille viendrait du taux d'oxygène élevé à cette époque là? C'est incroyable. Je me suis toujours demandé d'où leurs viennent cette taille. Après tu ne penses pas qu'il y a des endroits sur notre planète qui pourraient les aider dans ce sens? La forêt amazonienne par exemple?

Je me mets à rire en entendant la réflexion sur les requins. Que pour les éviter, il suffit tout simplement d'éviter l'eau. Après une bonne quinzaine de secondes, j'essuie les quelques larmes qui étaient apparues. Ce qui en ressort de bénéfique, c'est que toute tension, du moins de mon côté, s'est évaporée.

- C'est le meilleur moyen pour éviter les requins. Dis-je d'une voix très amusée.

Ensuite, Alessandro me fait remarquer par rapport à l'environnement qu'on ne se retrouve pas au milieu de nulle part par simple hasard. En particulier, quand il s'agit d'une île où on sait qu'il y a des dinosaures. En toute logique, bien entendu qu'il a raison.

- Tu as raison. Déjà, cela ne devrait pas nous arriver ici sur cette île. L'équipe de sécurité doit savoir où se trouve chaque bâtiment, chaque endroit où ils savent qu'ils seront normalement en sécurité. Avoir toujours un point de replis. C'est important. Et oublier ceci n'est pas envisageable. A moins de vouloir mourir et je doute que quiconque se soit engagé dans ce projet pour perdre la vie. Il y a plus simple. Je termine en haussant les épaules.

Je me repasse les mains dans les cheveux alors que je réfléchis à ce que je viens de dire. Je remarque qu'Aless semble plongé dans ses pensées et je ne me décide pas d'y mettre un terme tout de suite. Peut-être commence-il à fatiguer? C'est une possibilité après tout.

Et pour terminer au sujet de l'environnement, la réussite d'une mission c'est la préparation. La connaissance du terrain est primordiale. Chaque détails comptent. Toute échappatoire peut vous sauver la vie. Et je n'ai aucun doute que les missions seront préparées dans ce sens. Ils savent ce qu'ils risquent après tout si ce n'est pas le cas. La chance c'est bien, mais elle a ses limites.

Aless sort de ses réflexions pour répondre à ma question sur la forêt amazonienne. En toute logique les dinosaures pourraient y vivre si et seulement si on suppose qu'ils ne se reproduisent pas et qu'ils n'étendent pas leur territoire. Il me dit aussi qu'il parlait en particulier d'une reconquête de notre planète. J'hoche la tête, comprenant où il veut en venir.

- Je comprends. La pollution ne doit pas aider non plus. Nous sommes les monstres après tout.

Puis à nouveau je l'écoute avec beaucoup d'attention. Je souris, il est reparti. Est-ce qu'Aless était une bonne façon de l'appeler? Ou alors, Alesspedia. Oh! Ca sonne super bien à mon oreille. Je continue de sourire en coin. Je ne suis pas en train de me moquer de lui, je suis vraiment intéressée. Il me confirme qu'une taille trop grande n'a jamais été d'une grande aide dans l'évolution et que ce sont surtout les petites tailles qui ont survécu au cataclysme. Cela me semble une évidence. Voir un t-rex se cacher dans une grotte me semble complètement absurde. Ce n'est pas le genre du spécimen à faire cela...enfin...je suppose. Et il y a plus grand que ce dernier, ne les oublions pas.

Il en vient à parler des mammouths qui n'ont disparu qu'il y a 4000 ans et que c'est leur isolement qui a eu pour conséquence une consanguinité. D'où sa disparition. Encore une fois, je suis surprise d'entendre cela.

- Disparaitre pour une raison si idiote, quel dommage. Voir un mammouth devait être si incroyable.

Je souris une nouvelle fois alors qu'il parle des éléphants, des girafes et de la baleine bleue. Cette dernière dépassant tous les records grâce à son habitat. L'eau. Sur terre, ce serait impossible.

- Donc imaginons qu'une nouvelle catastrophe se déclenche. Est-ce que les bunkers sont une bonne solution d'après toi? Car bon vivre sous l'eau, est-ce réellement envisageable pour nous?

Evidemment, je ne pense pas que des personnes ont rejoint ce projet pour mettre fin à leur vie. A moins qu'ils aient déjà eu des tendances suicidaires et qu'ils ont été payés grassement pour donner une mauvaise image à ce programme. Il y a déjà eu des attaques, ne soyons pas naïfs à croire qu'ils ne comptent pas en planifier d'autres. Et nous, nous ne pouvions pas nous permettre de douter d'eux. Lors d'une mission, cela peut causer notre perte. Le temps que nous prendrons à réfléchir, à douter, c'est le temps qu'il nous manquera pour réagir et qui sait, ne pas mourir.

"Nous sommes les monstres après tout." C'est assez radicale, j'en suis consciente. Mais après tout, c'est bien nous qui polluons avec nos usines, nos inventions. C'est bien nous qui chassons et exterminons certaines espèces juste par simple amusement. Et j'en passe bien entendu, je ne vais pas tout citer. Mais qu'est-ce que cela fait de nous dans ce cas? Heureusement, oui, qu'il y a des personnes qui se battent pour contrer ce que nous faisons de plus mal et toutes ces associations ont mon plus grand respect. Alessandro me dit qu'il n'aurait pas été jusque là, de nous qualifier de monstres, mais qu'en effet la pollution n'aiderait pas les dinosaures.

- Oui, c'est radical, mais si nous n'en sommes pas, nous n'en sommes pas loin. Néanmoins, il y a des exceptions comme pour tout. Je ne fais pas une généralité.

Les mammouths.

Alessandro me fait remarquer que cela serait aussi incroyable que les dinosaures et qu'il est même étonné que les généticiens n'aient pas recherché à les reproduire. Encore une fois, je n'ai rien à redire sur ça. Bien évidemment, avoir la chance  de voir des dinosaures était déjà extraordinaire. Et je suis moi aussi étonnée, maintenant qu'il le dit, que personne n'ait remit les mammouths au goût du jour.

- Je suis moi aussi surprise maintenant que tu le dis. Pour l'ADN, je n'en ai aucune, mais je suppose que tu as raison.

Si je me mets à la place du public, je trouverais aussi fascinant un mammouth qu'un dinosaure. En toute franchise. Cela reste une espèce disparue, alors en voir un resterait quelque chose de spécial à mes yeux.

Sa réaction quand je soumets l'idée qu'une nouvelle catastrophe se déclenche me fait rire. Si spontanée. Il me dit tout de même que les bunkers sont là pour ça.

- Oui ils sont là pour ça, j'en suis bien consciente. Mais est-ce qu'ils suffiront? Voilà ma question. Je l'espère bien sûr. Enfin ce n'était qu'une question imaginaire pour avoir ton avis. Sinon, tu n'as toujours besoin de rien? Ni faim, ni soif? Si tu veux te promener et découvrir le Renaissance, je ne voudrais pas te retenir plus longtemps. Mais je ne suis toujours pas pressée, alors dit moi. Dis-je en souriant amicalement.

Il y a une seconde chose que je n'approuve pas. C'est de croire que parce que certaines personnes pensent être les maîtres du monde, elles pensent également que seules leurs survies comptent. Et cette façon de penser m'insupporte au plus haut point. Tenez, imaginons que la catastrophe se déclenche et que nous devons nous cacher dans un bunker. Quelques jours plutôt, vous avez écouté une personne à la télé faire une déclaration en pensant de la même façon décrire juste avant. Vous le laisseriez entrer dans votre bunker s'il venait frapper à ce dernier?

Dure question? Ou votre réponse serait simple?

J'ai beau être une infirmière, ma réponse est toute trouvée. Ce serait un non catégorique. Pourquoi? Car si nous échappons à cette catastrophe, cette façon de penser, elle, ne doit pas survivre. Attention, je ne dis pas qu'elle disparaitrait avec cette personne. Evidemment que non. Pensez aussi que si cette personne se présente seule ou avec sa famille. Mon choix serait totalement différent. Je les accepterais sans aucune hésitation. Tous. Sans exception.

Pour ce qui est des mammouths, oui je comprends tout à fait que, comme pour les dinosaures, notre planète n'était plus la même qu'à l'époque pour les accueillir.

Alessandro réagit au sujet des bunkers. Qu'ils suffisent ou non, il faudra faire avec de toute manière. J'acquiesce avant de répondre.

- Cela va de soit, nous n'aurions pas le choix de toute manière. J'ai une question pour toi. Tu es dans ton bunker. Quelques jours plus tôt, tu as vu un homme sur les réseaux sociaux qui se pavanait devant un lion mort avec son fusil. Là, il frappe à la porte de ton bunker pour y chercher abris. Le ferais-tu rentrer? Est-ce qu'il mérite ton aide en sachant ce qu'il a fait? Je précise, il est seul.

J'observe ses réactions après avoir posé ma question. Je suppose qu'il l'accueillerait. A mon sens, Aless est bien trop gentil pour faire l'autre choix. Je me trompe? J'allais le savoir rapidement.

Mon colocataire me dit qu'il n'a pas faim, ni soif et qu'il va sans doute commencer par faire un tour. J'hoche la tête, souriante. Surtout qu'il ne veut pas m'accaparer tout mon temp. Il m'a tutoyé! Pendant une ou deux secondes, je suis si surprise que j'en reste bouche-bée.

- D'accord. Je vais me rendre à l'infirmerie dans ce cas. On aura bien d'autres occasions de faire des activités ensemble. Et si tu veux qu'un jour, on se retrouve quelque part, tiens voici mon numéro. (prend en compte que je lui donne ^^) Un petit sms et je vois si je suis occupée ou non. Je lui souris, reculant de quelques pas pour le laisser passer. Bien sûr, j'aurai attendu qu'il me réponde avant.

Comme prévu, Alessandro le ferait entrer. Et malgré ma position sur le sujet, je comprends. Pour ma part, cela dépend de la situation. Comme pour tout. Ce serait un meurtrier, même si pour moi, tuer un animal pour le plaisir c'en est un également, je ne prendrais en aucune façon le risque de faire rentrer une personne ainsi dans mon bunker. Qui ne nous dit pas que dès qu'il n'aura plus d'animaux à chasser, il ne se tournerait pas à la chasse à l'homme?

- Je comprend même si j'ai un avis un peu différent. Cela dépend des situations. On en reparle plus tard? Dis-je en souriant.

Que je sois infirmière ou non, dans ce genre de situation, il faut également penser à notre propre survie. Prendre tout en compte. Le risque d'accueillir quelqu'un vaut-il le coup si cela met ma propre survie en danger? Qui pourrais-je aider si je perds la vie en acceptant un inconnu dans mon bunker? Personne. Et donc ma mort peut avoir plusieurs autres morts comme conséquences. Donc je me répète, mais le risque vaut-il le coup?
Toutefois, que cela soit clair, jamais au grand jamais, je ne me prends pour Dieu. Je suis juste réaliste.

Aless me dit en plaisantant que notre première activité ensemble serait de dormir dans ce dortoir. Evidemment! En espérant qu'il ne ronfle pas!

- J'espère que tu ne ronfles pas! J'affiche un grand sourire avec une voix taquine.

Et oui nous aurons pleins d'occasions de nous voir, je ne m'en fais absolument pas.

- A ce soir Aless!

Je le regarde partir. Dès qu'il est parti du dortoir, je me change, mettant une tenue plus adaptée pour aller à l'infirmerie. En quelques minutes, je suis prête. Et me voici en direction de mon lieu de travail. Je ne m'en fais pas pour son numéro, je l'aurai bien assez vite. En tout cas, je suis ravie de ce colocataire. Cela ne promet que du bon.