Les mains dans les poches de ma veste, je m'avance tranquillement sur la piste du navire... Il fait nuit, la pleine lune éclaire presque comme en plein jour et surtout, tout est calme... Une semaine que je suis prise d'insomnies, une semaine que je me réveille plusieurs fois dans la nuit... En temps normal, je réussis toujours à retrouver le sommeil mais cette fois c'est différent... Alors ouais, le début de mes insomnies coincide parfaitement avec l'arrivée de Dany sur le Renaissance pourtant, j'essaie de me convaincre que ça n'a rien à voir avec lui... mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
Maintenant qu'il est là, sur le même bateau que moi, depuis une semaine, beaucoup de choses me reviennent en tête et elles ne sont pas forcément agréables. 1 semaine à éviter de le croiser, 1 semaine à essayer de comprendre pourquoi la vie a décidé de me faire ce sale coup. Le regard fixe, droit devant moi, mes pas me guident jusqu'à une rembarde et je m'y appuie. Devant moi, sous la lune, l'ombre de l'île se dessine, les contours parfaits abritent bien sagement ces créatures qu'on pensait tous disparues... Oui, en venant ici, je pensais vraiment que le passé resterait derrière moi... En venant ici, je pensais oublier toutes ces choses qui m'ont détruites à petit feu... Mais surtout, en venant ici, je pensais oublier tout ce que je pouvais ressentir pour Dany.
Je prends une profonde inspiration, ferme les yeux et essaie, de toutes mes forces, de me convaincre que je peux y arriver, que je peux oublier tout ça, que je preux construire quelque chose de nouveau.... seule... Montrer à tout le monde que je n'ai pas fais d'erreur, que j'ai pris la bonne décision et que je ne me suis pas plantée en laissant tout tomber...
La légère brise vient caresser mon visage tandis que le bruit des vagues qui viennent se briser sur la coque me berce doucement... Un peu plus loin, il me semble entendre des bruits de pas mais ça n'a rien d'étonnant, un bateau comme celui-ci a toujours besoin de monde pour fonctionner... Je n'y prête pas vraiment attention, le regard toujours posé sur la silhouette de cette île immense.
"Oui... tout ira bien..."
Je ramène mèche de cheveux derrière mon oreille et place mes écouteurs dans mes oreilles et attrape mon portable... Rapidement, dans l'application, je cherche une chanson et la lance... les premières notes me font frémir et inévitablement, ma gorge se serre...
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Sa rencontre avec Ava n'avait pas été celle qu'il avait espéré et si longtemps imaginé dans ses rêves. Avec l'orgueil qu'il se trainait comme une boule à la cheville, il avait encore fait le con. Ca ne l'avait pas empêché de dormir comme un bébé, Dany avait la capacité de dormir n'importe où. Il n'avait pas encore expérimenté ce don unique perché sur la branche d'un arbre et menacé par des vélociraptors prêt à le bouffer tout cru, mais il n'en doutait pas, l'avenir le lui dire. Ca grimpait pas ces bêtes, hein... ? Mais bien que l'ex agent dormait comme un loir, ces songes n'étaient pas une partie de plaisir, à se remémorer leur première scène après presque deux ans de silence radio. Il avait regretté son comportement, c'était pour ça que pendant une semaine, il évitait Ava. Au réfectoire, à la salle, dans les couloirs... dès qu'il entendait sa voix, voyait son ombre, Dany fuyait le conflit et rebroussait chemin. Ces entraînements étant biaisés par la présence de son ex-femme, il avait élu le pont supérieur comme lieu de culte pour ces élans sportifs. Il y courait, tous les soirs, avant de prendre une douche et s'endormir pour une nouvelle tournée de rêves dénués de bon sens.
Vers deux heures du matin cette nuit-là, il s'était levé pour un tour aux toilettes communes. Dany essaya pendant une bonne heure à tenter de se rendormir. Plusieurs fois, son téléphone en main, il hésita à écrire à Ava. Puis à écrire sa démission. Puis à tout effacer en se disant qu'il n'était pas venu jusqu'ici pour rien et que c'était une occasion trop belle pour essayer de tourner la page. A nouveau, il avait enfilé short et basket. Le mois d'août était chaud, la sueur lui perlait la peau du torse découvert après pas moins de dix minutes de course, mais en pleine nuit la fraîcheur se faisait sentir aussi, il zippa son gilet d'un geste vif. En surface, il s'échauffa un court moment en vue de refaire deux petits tours du Renaissance. La musique entraînante dans les oreilles, contrôlant sa respiration pour éviter les points de côté, ses pas avançaient l'un après l'autre tandis que son esprit divaguait vers une solution à leur problème de cohabitation. Dany y avait si sérieusement réfléchi qu'il pensa avoir trouvé réponse à leur dilemme ; il ne restait plus qu'à en parler à Ava.
La lune était lumineuse et gigantesque, d'ici. Ce n'était pas en Floride qu'il avait droit à pareil spectacle au quotidien. Ce furent les rayons de l'astre qui éclairaient la silhouette près de la rambarde, et pour l'avoir vu sous toutes les coutures, Dany reconnut Ava. Elle ne l'avait pas vu, il hésita même une fraction de seconde à continuer sa route, mais ses pieds prirent naturellement le chemin de sa direction. Il reprenait son souffle tranquillement, marchant à pas lent vers la place libre à côté de la jeune femme. Il ôta ses écouteurs qu'il enroula autour de son téléphone ; finalement, l'univers lui avait offert ce moment suspendu dans le temps, pour lui parler.
Il mit ses mains sur la rambarde, le cœur encore battant de ses quelques minutes à courir avant d'avoir été interrompu par le destin lui-même. L'écran du portable d'Ava affichait un titre qui ne le laissait pas non plus indifférent. Qu'elle soit en train de l'écouter si tard, seule au bord d'un navire à flot, lui faisait dire que la colère du premier jour était passée. Tu me fais écouter ? demandait-il en observant l'île en face du bateau, qui présentement ne sembla être qu'un énorme rocher noir, ne laissant jalousement rien entrevoir de plus qu'un néant sans fond.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Ma gorge se serre et j'ai beau essayer de tout faire pour ne pas laisser l'émotion m'envahir, j'ai de plus en plus de mal à me contenir. Non, je ne pleurerais pas mais quand je ferme les yeux, les images défilent dans ma tête... Cette journée.... nos moments loin des invités et cette chanson qui a bercé et qui bercera à jamais nos vies... Je n'aurais pas du la lancer, j'aurais du passer et mettre autre chose mais les quelques fois où mon doigt s'est approché de la touche "chanson suivante", je n'ai pas céder. Maintenant, je suis là, debout contre la rambarde, seule sous la lune, à contenir mes larmes et à tenter de refouler ces regrets et ces remords qui me rongent depuis maintenant prés de deux ans.
Je prends une nouvelle inspiration, les yeux toujours fermés et je me mets à fredonner les paroles.
"So if you want to love me then darlin'.... I'll just end up walkin'... November rain"
D'un geste rapide de la main, j'essuie une larme qui perle au coin de mes yeux et me mordille les lèvres, avant d'ouvrir de nouveau les yeux. Cette chanson aura toujours cet effet sur moi qu'importe ce qu'il peut se passer... elle me rappellera toujours ce qu'on a vécu et pour l'instant, je ne peux pas me résigner à ne plus l'écouter... Je m'appuie un peu plus sur la rambarde, me penchant légèrement en avant alors que je sens que prés de moi, quelqu'un s'approche. Je ne bouge pas, je ne réagis pas et lorsque j'aperçois les mains qui viennent à leur tour se poser sur la rambarde, mon coeur manque un battement...
Ces mains, je les connais si bien et je n'ai pas besoin de poser mes yeux sur lui pour savoir qu'il est là... Je voudrais bouger mais mon corps ne semble pas en avoir envie pour le moment et lorsque sa voix me demande si je peux lui faire écouter la musique, sans le regarder, je lui tends l'écouteur... Je sais qu'il sait ce que je suis en train d'écouter et je préfère ne pas parler pour le moment... Contrairement à la première rencontre, je n'ai pas envie qu'on se prenne la tête, je n'ai pas envie qu'on se vole dans les plumes... Après tout, on est adulte et même si on a un lourd passé commun tous les deux, peut-être qu'on est quand même capable de cohabiter sans s'entre tuer...
"Je l'écoute souvent..."
Je ne sais pas si c'est une bonne idée ou non de lui donner cette information mais peu importe... Je veux qu'il comprenne que même si c'est moi qui ai pris cette décision, je ne l'ai pas fais de gaieté de coeur et ça n'a pas été simple du tout pour moi aussi...
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Les deux étaient comme figés sur cette rambarde, à contempler un horizon qui ne désirait nullement se dévoiler à leur regard curieux. Dany n'avait pas vu couler cette larme sur la joue d'Ava, qui avait pourtant laissé ce sillon humide marquer sa trajectoire. Il n'avait noté que le geste d'une main conciliante à partager un écouteur, dans un silence étrangement serein. Après cette semaine mémorable, et pas dans le bon sens du terme, ça lui faisait du bien de pouvoir hisser le drapeau blanc. Peut-être que pour ne plus s'engueuler, ils n'avaient qu'à garder leur bouche scellée ? Entre eux, c'était de toute façon bien connu qu'ils se comprenaient d'un seul regard. Il mit l'écouteur et se vit transporter par la musique. Comme il avait aimé l'écouter, la chanter, et faire tournoyer Ava dans sa robe blanche sur cette chanson. Aujourd'hui, tout ça lui faisait du mal, mais aussi du bien. Une pensée paradoxale venant d'un type que la dépression avait attrapé aussitôt son château de cartes détruit. But if you could heal a broken heart, wouldn't time be out to charm you, fredonnait Dany tandis qu'elle admettait souvent l'écouter. Cette timide révélation lui arracha un sourire triste. Tout était contradictoire dans l'attitude d'Ava, et il peinait terriblement à comprendre ces signaux, s'il y en avait. Ou ces messages cachés dans l'étincelle d'un regard ? Dans le timbre tremblant d'une remarque pourtant acerbe ?
Tu te rappelles quand on a dansé dessus ? dit-il, de but en blanc. Il ne cherchait pas à l'amadouer, ni à l'avoir à l'usure ou par les sentiments. Dany ne cherchait qu'à parler des bons moments au lieu de se renvoyer la balle sur qui était plus fautif que l'autre. C'était en se remémorant les belles choses qu'il arriverait à accepter le départ d'Ava, pour enfin tourner la page. Tu m'avais convaincu de faire ça et jusqu'à la dernière seconde, je refusais, parce que j'étais très nerveux de tout ce public... Dany avait le rythme dans la peau et était un bon danseur, mais mal à l'aise à l'idée d'avoir tous les regards rivés sur eux et finir par faire un faux pas. Mais dès que la musique avait commencé, qu'Ava avait été dans ses bras et que les premiers pas les emportèrent... Il en avait oublié tout le reste. Finalement ça s'est bien terminé. Il parlait de la danse, évidemment. Pas le mariage. Non, le mariage avait été un fiasco. Dany finit par inspirer longuement, la balade se jouant toujours contre son tympan.
I know that you can love me when there's no one left to blame
Pourquoi tu l'écoutes souvent ? Sa question posée sans réel tact sombra dans la nuit. Il ne savait pas si elle répondrait sincèrement, mais l'espérait. Il voulait s'engager sur cette conversation, sur ce qui lui tenait à coeur de dire, mais pour cela Dany devait d'abrod être sûr qu'elle était à l'écoute.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Silencieux tous les deux, un écouteur chacun et la musique qui résonne dans les oreilles, nos regard évitent de se croiser alors que les secondes s'égrènent pour devenir des minutes. Je ferme de nouveau les yeux quelques secondes, j'écoute sa voix qui fredonne à son tour quelques paroles et je sens sa présence tout contre moi. Les quelques petits centimètres qui nous séparent sont à la fois rassurants et perturbants... Une partie de moi aimerait qu'ils soient réduits le plus possible pour que je puisse sentir son corps contre le mien mais l'autre partie aimerait qu'ils soient plus grands... histoire d'être sûre que les choses ne peuvent pas déraper.
Je suis soulagée que Dany ne semble pas avoir envie de faire la discussion et je ne peux pas m'empêcher de prendre une profonde inspiration. Du coin de l'oeil, je l'observe tandis qu'il continue de fredonner tout en observant l'île au loin. Sur la rambarde, nos mains ne sont pas si loin et l'espace d'un instant, je me demande ce que ça ferait si jamais nos doigts venaient à se croiser, à se toucher une nouvelle fois, après tout ce temps. Je commence à penser à toutes les possibilités mais je suis ramenée à la réalité lorsque Dany brise le silence, apparemment désireux de savoir si je me souviens de notre danse sur la chanson. Je ne peux pas m'empêcher de sourire et toujours sans le regarder, je réponds.
"Juste avant, je t'avais dis de ne regarder que moi..."
Je me souviens encore de son stress et de sa peur de devoir danser devant les invités... Je me souviens parfaitement du moment... Il était tellement beau... Les lumières se sont éteintes sur la piste, ma main dans la sienne, le fixant, lui souriant et lui murmurant de ne regarder que moi... très vite, on s'était retrouvé dans notre bulle et plus rien ne semblait avoir d'importance à part nous... Je finis par tourner ma tête vers lui et mon regard croise le sien.
"Alors oui... je m'en souviens..."
Sans m'en rendre compte, mes mains serrent la rambarde quelques secondes et mon visage se détourne pour que je n'ai plus à croiser son regard. Oui, toute l'histoire s'est bien terminée... si on met de côté la fin dramatique de ce mariage... fin qui laisse un goût amer...
Je me mordille de nouveau les lèvres et repousse une nouvelle mèche tandis que la musique continue de se jouer... 9 minutes... 9 minutes juste lui et moi, aussi proches... Mais alors que je pense avoir quelques minutes de répit, Dany prend une nouvelle fois la parole et me demande, tout simplement, pourquoi je l'écoute souvent. Ma gorge se serre, je suis obligée de détourner légèrement le regard et il me faut quelques secondes pour ravaler les larmes. Non, je ne pleurerais pas devant lui, je me le suis promis...
"Elle fait partie de nous, de notre histoire... et malgré tout ce qui a pu se passer, tout ça reste graver."
Peut-être que finalement, cette nuit, il va enfin comprendre que la décision prise ce jour là n'a pas été simple, loin de là et qu'il n'est pas le seul à souffrir de tout ça... Je prends sur moi et une fois certaine que je ne risque pas de pleurer, je tourne mon visage vers lui.
"Et je ne regrette pas ce qu'on a vécu..."
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Juste avant, je t'avais dit de ne regarder que moi... Oui, il s'en souvenait. Les secondes qui avaient précédé l'entrée sur la piste, où elle dût un peu le tirer avant qu'il n'avance comme le grand gaillard qu'il était. Son sourire resta encore sur ses lèvres, ça faisait un moment qu'il n'avait plus repensé à ça. Dany se l'interdisait, tout simplement parce que ce qui étaient jadis de beaux souvenirs le rendaient maintenant malheureux. Avec l'aide d'Ava, il espérait inverser cette tendance. Il ne pourrait jamais avancer sans l'avoir dans sa vie, ces dernières années en étaient la preuve. Alors s'il était impossible de la récupérer en tant que femme, pouvait-elle être autre chose ? Pouvaient-ils faire partis de ces couples que Dany avait toujours trouvé tordus ? Ces gens qui étaient en couple, puis séparés, puis amis. Et le voilà qui envisageait sérieusement cette idée. La vie était vraiment cynique.
Dany s'accouda à la rambarde, prenant appui pour plus de confort. Ses mains étaient maintenant jointes par-dessus bord, nullement impressionnées par ces vagues renfermant toutes sortes de créatures innommables. Son regard s'y perdit au moment où la voix d'Ava s'éleva, douce et agréable, comparable à un chant de sirène qui ferait perdre Dany à tous les coups. Elle fait partie de nous, de notre histoire... Il était bien trop faible en sa présence, et plus il se montrait fort et imperturbable, plus sa fragilité émotionnelle était grande. Et malgré tout ce qui a pu se passer, tout ça reste graver. C'était bien ça le problème, finalement ? Que tout cela restait gravé, qu'ils avaient l'impossibilité de se détacher de ses sentiments et ses souvenirs. Un passé commun qui leur collait à la peau et concernant Dany, qui le dévorait de regrets, nostalgie et mélancolie. Et je ne regrette pas ce qu'on a vécu...
Il se sentit déglutir. Lorsqu'elle lui parlait ainsi, qu'elle choisissait de tels mots, un espoir finissait toujours par pointer le bout de son nez. Il savait qu'Ava ne se jouait pas de lui, mais il n'en pouvait plus des messages codés qu'elle lui envoyait peut-être même inconsciemment. Elle était triste, il le voyait maintenant, cette trace de larme qui avait voulu se faufiler incognito. De coutume, Dany l'aurait effleuré du pouce pour la sécher. Il l'aurait serrée dans ses bras, humant un parfum dont il n'avait plus le droit de se délecter. Tu es loin d'être passée à autre chose, pas vrai ? finit-il par demander sur le ton de l'affirmation plutôt que l'interrogation. C'est ce que je comprends de ce que tu me dis, de comment tu me le dis. Il se redressa pour se caler sur le côté et se tenir face à elle, le vent s'engouffrant à contre-sens dans sa chevelure. Don't ya think that you need somebody ? Il la regarda en silence, un petit pas réduisant cette distance pesante. Pour Ava, il mettrait de côté son orgueil pour lui répondre avec la même franchise. Je regrette absolument rien de ce qu'on a vécu. Te rencontrer a été la meilleure chose dans ma vie. Il le lui avait déjà dit, mais ces vérités étaient facilement oubliées par les souvenirs plus douloureux. Et te perdre a été la pire chose... C'est la pire chose, rectifia-t-il pour parler au présent. Parce qu'il ne s'en était jamais remis, de son départ.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
L'émotion est présente, je ne peux pas le nier et ça fait mal... ça fait mal de se rendre compte que même si depuis presque deux ans, je fais tout pour me convaincre que j'ai pris la bonne solution, en réalité je me plante sur toute la ligne... La solution que j'ai prise est loin d'être la bonne, je le sais depuis tout ce temps mais je me voilais la face depuis le début... Je me suis servie de l'excuse du travail, de la fausse couche et de bien d'autres choses en espérant que ça donnerait une excuse valable à tout ça mais c'est bien le contraire qui s'est produit... Je me suis idiote, je me sens tellement ridicule... j'aurais tellement voulu que tout se passe autrement... Sauf que la relation devenait presque étouffante... Dany devenait bien trop insistant sur le fait de retenter, de tout faire pour que cette fois ça marche, pour que cette fois, je tombe enceinte et que tout se passe bien... J'aurais du lui dire depuis le début que je ne supportais pas de le voir insister comme ça, j'aurais du jouer franc jeu avec lui... Sauf que son rêve de fonder une famille était bien trop présent et que je ne me sentais pas capable de réessayer encore et encore...
Sa voix résonne une nouvelle fois alors que la chanson vient de prendre fin et sa question vient me frapper en plein coeur... Je ferme les yeux, secoue la tête doucement alors qu'il continue de parler... Ses mots viennent rajouter encore un peu plus de doute à celui que je ressens déjà et lorsque je finis par me tourner vers lui, il est là, tourner face à moi après avoir une nouvelle fois réduit l'espace entre nous.
"Non... s'il te plaît..."
Je m'écarte, secoue une nouvelle fois la tête alors que mon coeur s'emballe.
"Arrête s'il te plaît...."
Je fais encore un nouveau pas en arrière, les écouteurs tombant sur le sol alors que je continue de mettre encore un peu plus de distance entre nous. Cette fois, je n'arrive pas à contenir les larmes qui viennent perler au coin de mes yeux et ce que je redoutais est en train de se produire. Debout là, face à Dany, je me sens tellement fragile, à découvert...
"Ne fais pas ça... je t'en prie..."
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Il n'y avait qu'à observer ses petites rides d'inquiétude se former sur son front pour comprendre que dans l'esprit d'Ava, ça cogitait. Ce qu'il avait dit ne l'avait pas laissée de marbre et elle semblait perdre ses moyens face à ce que lui disait Dany. Ce fut là qu'il comprit que lui aussi, avait un pouvoir sur elle. Que s'il le désirait ardemment, il avait la possibilité de la faire céder, il suffisait à Dany de simplement ouvrir son coeur, de se rapprocher d'elle, de lui caresser tendrement cette joue froide pour la réchauffer. Non... s'il te plaît... Mais avait-il réellement envie d'user des faiblesses et des doutes de celle qu'il avait aimée si fort, qu'il aimait encore aujourd'hui ? Et que demain, il aimerait toujours ? Un homme bien, qui ressentait un amour pur et sincère, la laisserait s'en aller si c'était ce qu'elle voulait vraiment. Lui n'était en rien l'un de ces hommes, la preuve, il l'avait rejoint jusque dans ce foutu bateau, il avait signé sans contrainte pour joyeusement se faire étriper par une bête disparue depuis des millions d'années. Ava reculait, secouant la tête, montrant fébrilement son désir de le garder à distance. Lui sentait sa chair frémir doucement, sans savoir si la cause était cette brise légère ou l'émotion forte qui le prenait subitement. Pourquoi ? demanda-t-il face à ses résistances qu'il trouvait vaines. Au moins ils cédaient à leurs envies et vivraient heureux pour le restant de leur jour... au pire, ils regretteraient par la suite et au moins, ça serait clair. Mais elle fit un autre pas en arrière, ses écouteurs s'échouant sur le pont. Ne fais pas ça... je t'en prie...
Dany ramassa l'objet, le gardant un instant en sa possession. Il finit par le lui tendre dans un soupir. D'accord, répondit-il simplement. Donc j'arrête d'espérer, j'arrête de te regarder comme si je t'avais déjà vue nue, j'arrête de penser que tu veux la même chose que moi. Un triste sourire piégea ses lèvres, tandis qu'il reprit sa place, accoudé sur la rambarde. Il était évident, qu'ils ne désiraient plus les mêmes choses, pas vrai ? Ce qui nous amène à une conversation à laquelle on ne peut plus échapper.
Dany inspira longuement en cherchant ses mots. Le fait de divorcer, de signer ces papiers qui déliaient tout, était déjà en soi une façon de tourner la page. Mais lui avait besoin de plus et Ava devra lui donner tout ça pour espérer se débarrasser d'un ex-mari trop attaché. On souffre tous les deux et il faut arrêter ça. De mon côté, j'ai essayé, d'une certaine façon. Ca n'a pas fonctionné. Tu sais pourquoi ? La question rhétorique resta en suspend quelques secondes. Parce que j'ai toujours été convaincu qu'on finirait par se retrouver. Ce soir tu montres clairement que c'est non, alors pour éviter de me flinguer, de devenir complètement fou, de passer à autre chose... Ses yeux la fixent intensément, les sourcils froncés, la mâchoire crispée. J'ai besoin de t'entendre le dire, Ava. Que tu n'as plus aucun sentiment, que ce n'est pas la peine de t'attendre. Tu peux même me demander de quitter le Renaissance, je prendrais le premier hélico pour retourner à ma vie. Il haussa les épaules, comme la fatalité de la situation semblait l'exiger. Il ne pouvait pas éternellement pourchasser des fantômes et esprits farceurs, sa santé mentale y perdrait la raison.
Ou alors... on reste amis. Le seul fait de prononcer à voix haute une phrase aussi peu probable lui écorchait les cordes vocales. Mais c'était mieux que la voir devenir une étrangère... ?
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Je recule... je veux à tout prix mettre cette distance entre nous... Je ne veux plus qu'il soit proche de moi parce que je sais que si je le laisse faire, je serais incapable de tenir et de résister... alors oui, c'est idiot, mais j'ai besoin de mettre cette distance entre nous... c'est une sécurité parce que je n'ai pas confiance en moi... Je suis ridicule, je me sens ridicule mais j'ai besoin d'avoir cette distance entre nous... Je reste là immobile, à me contenter de le suivre du regard alors que je le supplie de rester où il est et de ne plus parler... Il se baisse pour ramasser les écouteurs alors qu'une nouvelle musique se joue... Still Loving You... quelle ironie... Je prends une profonde inspiration, mon coeur s'emballe alors que Dany prend la parole. Ses mots me heurtent en plein coeur mais qui suis-je pour le blâmer ? Il a le droit d'être en colère, il a le droit de penser tout ça, après tout, je suis partie du jour au lendemain et je ne lui ai pas vraiment laissé le choix. Le sourire triste qui s'affiche sur son visage me serre le coeur et je continue de l'observer, en silence alors qu'il parle, qu'il dit tout ce qu'il a sur le coeur...
Les larmes me montent aux yeux, j'ai de plus en plus de mal à contrôler tout ce que je ressens et lorsque je l'entends me dire qu'il est prêt à quitter le navire si je lui demande, je me mords les lèvres. On reste amis... Il y a encore quelques jours, j'aurais probablement appuyé cette option alors pourquoi, maintenant, sur le pont, j'ai envie de lui hurler que non, que je l'aime toujours et que je ne veux pas qu'il parte ?
Je me mords les lèvres de plus belle, entoure ma taille de mes bras pour tenter de ravaler les sanglots. Un silence pesant s'installe durant quelques minutes entre nous et on reste là à se regarder dans le blanc des yeux durant un long moment. Je pourrais partir, quitter le pont et rejoindre le dortoir mais mon coeur me crie de rester...
"Non..."
Je baisse les yeux, fixe mes pieds quelques secondes alors que je viens tout simplement lui faire savoir que je ne veux pas de cette dernière proposition. Je ferme les yeux, une larme perle et glisse sur ma joue et je relève mon visage pour poser de nouveau mes yeux sur lui.
"Je t'aime, je t'ai aimé et je t'aimerais toujours..." les bras toujours enrouler autour de ma taille, je prends une profonde inspiration et reprends la parole, mes yeux dans les siens. "Tu crois que cette décision je l'ai prise sans regrets ? Tu crois que ça a été facile pour de refreiner mon envie de me blottir dans tes bras dés que tu rentrais ?"
Je suis en colère contre moi, contre la vie et ça se voit... Je soupire, renifle alors que la brise semble se faire un peu plus présente.
"Je suis en colère contre moi et en colère contre toi ! Contre moi parce que je n'ai pas su te donner ce que tu voulais et en colère contre toi parce que tu n'as pas su voir à quel point je me sentais mal !"
Cette fois, je m'avance vers lui, les bras tombant le long du corps Je pleure et je ne m'en cache plus.
"J'avais besoin de toi et toi tu ne le voyais pas !"
Mes mains viennent s'abattre sur son torse et je me mets à le pousser, laissant parler la colère qui me ronge depuis tout ce temps.
"En perdant ce bébé, je t'ai perdu toi aussi !"
Et je continue de le pousser, de frapper, avant d'éclater en sanglots, épuisée, triste et complètement vidée...
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
C'était dur, de la voir contenir ses larmes. Dany fixait les yeux larmoyants d'Ava, attisant cette envie folle de la prendre dans ses bras, de calmer d'un geste tendre contre son dos, ces soubresauts qui marquaient sa voix. Il lui avait proposer de rester amis pour lui laisser un autre choix que celui de partir ; il ne voulait pas quitter le navire. Retrouver sa vie de solitaire, le FBI, ce quotidien fade et monotone... Ca pourrait littéralement l'achever. Ca avait d'ailleurs déjà commencé à le détruire, avant qu'il ne vienne ici. Alors l'entendre dire "Non" fut un poignard en plein coeur. Pour sûr, il avait préféré le silence pesant qui précédait cette réponse dite sans aucune hésitation. Non quoi ? Non ils ne seraient pas amis ? Putain et lui, le bel imbécile qu'il était, n'avait offert que deux choix et se sentait maintenant piégé comme un rat à devoir tenir sa parole et partir, comme il l'avait promis. Dany s'appréta à ouvrir la bouche, pour lui dire qu'elle allait encore une fois réitérer sa connerie, qu'elle allait prendre une seconde fois l'une des pires décisions de sa vie.
Je t'aime, je t'ai aimé et je t'aimerais toujours...
Mais au lieu d'une énième remontrance, il garda le silence, stupéfait par ce qu'elle venait dire. Il n'aurait pas cru réussir à lui tirer les vers du nez, pas aussi facilement. Dany restait statique, comme encaissant cette vérité qui pourtant avait toujours fait parti de ses certitudes. Ce n'était pas le manque d'amour qui les avait séparé. Les yeux de son ex-femme finissent par se plonger dans les siens et il se sentit déglutir, touché par ce qu'il y lisait. Il avait fallu autant de souffrances, autant d'éloignement, il avait même fallu qu'il prenne la décision de contrer celle d'Ava pour qu'enfin... elle le dise. Tu crois que cette décision je l'ai prise sans regrets ? Tu crois que ça a été facile pour moi de réfréner mon envie de me blottir dans tes bras dès que tu rentrais ? Il souffla du nez, les sourcils à nouveau froncés. Ca y est, tu recommences ! répondait Dany, submergé par ses sentiments. C'est pas un foutu concours de qui a raison ou tort, ou qui a souffert le plus ! Tout son corps était tendu, il pouvait dire adieu au drapeau blanc préalablement hissé ; c'était parti pour un deuxième round qu'il n'avait pas vu venir. T'aurais pas dû te retenir de venir vers moi, t'as fait que creuser un putain de fossé à me repousser ! Le vent s'immisçait dans leur éternelle querelle, mais Dany ignora tout ce qui se touvait autour d'eux. Il pouvait bien y avoir un tiers insomniaque qu'il ne l'aurait même pas remarqué, tant ses yeux étaient rivés sur Ava. Je t'ai jamais prise pour responsable, de sa mort, ce sont des choses qui arrivent ! Oui, elles font mal, mais on était deux ! s'emportait-il en se gardant néanmoins de ne pas trop hausser le ton. Il ne fit que parler fort pour surplomber les bêtises qu'elle avançait, des bêtises avec lesquelles il n'était pas d'accord. On était deux, pour surmonter ça...
Ava s'avançait, exprimant la colère visiblement dirigée vers lui. Et il était d'accord, avec ça, il était d'accord pour qu'elle l'exprime de toutes les façons qu'elle jugerait bénéfique pour guérir. J'avais besoin de toi et toi tu ne le voyais pas ! Bien sûr, qu'il l'avait vu. Mais à la perte de cet enfant, elle avait complètement changée, tant qu'il ne savait plus quelle approche adopter. Alors il choisit ce qui lui avait semblé le plus judicieux ; être à ses côtés en cessant de l'étouffer en la bombardant de propositions pour se changer les idées. Simplement la laisser faire son deuil. Dany avait apparemment mal interprété les signes, parce que voilà qu'elle lui reprochait son inaction. Ce n'était pas faute d'avoir essayé durant dès mois en essuyant refus sur refus ?
En perdant ce bébé, je t'ai perdu toi aussi ! Dany secoua vivement la tête, sa paume tapant contre la rambarde. Non. Non, non, non..., grogna-t-il dans sa barbe mal taillée. Il encaissa les coups contre son torse, puis attrapa les poignets d'Ava lorsqu'elle se mit à sangloter. Ses doigts ne cherchaient pas à avoir une emprise de supériorité sur elle. Au contraire, bien que la colère de ces propos l'avait lui aussi touché, il s'était approché d'elle jusqu'à ce qu'une étreinte soit possible. Dany lâcha ses poignets pour pouvoir la serrer contre lui, afin de lui montrer qu'il avait toujours été là. Avant, avec le chagrin qui la tuait, elle ne l'avait juste pas réalisé. Ou se fourvoyait-il et se donnait-il bonne conscience ? J'étais là, Ava. Tu n'as pas voulu faire ton deuil avec moi, et je m'en suis remis, plus rapidement que toi. Une main contre son dos, l'autre saisissant délicatement sa nuque pour la maintenir dans une position rassurante et de sécurité. Il déposa un tendre baiser contre sa chevelure, cherchant dans sa mémoire ses propres méfaits. Je te demandais sans cesse de réessayer et j'me rendais pas compte qu'une année entière ne t'avait pas suffit à aller mieux. J'suis tellement désolé pour ça.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Je hurle, je lui crie dessus, je frappe de toutes mes forces, je pleure... Le schéma se reproduit, encore et encore, rien ne va changer. Presque deux ans que je vis avec cette boule au creux de l'estomac, presque deux ans à me convaincre que je ne suis pas responsable de tout ce qu'il s'est passé... Deux ans à me convaincre que la décision prise est la bonne et voilà qu'en quelques minutes seulement, toutes mes convictions se sont effondrées... Je continue de frapper mais rapidement Dany me prend les poignets et je suis là, immobile, en train de pleurer toutes ces larmes que je refoule depuis tant d'années.
"Je me sentais seule..."
Dany s'est rapproché de moi mais je ne le vois pas. Je pleure encore et lorsqu'il finit par relâcher mes poignets, je n'essaie même pas de m'écarter. Doucement, il vient me serrer tout contre lui. Je sens son parfum, son coeur qui bat la chamade, comme le mien... Tout me revient, toutes ces belles choses qui ont fait notre mariage mais aussi toutes ces mauvaises... Deux ans maintenant que nous sommes divorcés, deux ans que j'ai fais le choix de quitter la Floride en pensant que mettre de la distance entre lui et moi m'aiderait probablement à faire en sorte que tout aille bien... que tout aille mieux... Deux ans que je me complais dans quelque chose de complétement faux... et voilà qu'en quelques secondes, tout est balayé d'un simple regard, d'une simple étreinte...
Je pose mon front sur son torse alors que je sens une de ses mains glisser dans mon dos alors que l'autre vient appuyer doucement dans ma nuque. Le corps parcouru par les sanglots, les yeux fermés, je l'écoute alors qu'il m'avoue qu'il est désolé de ne pas avoir vu à quel point je n'allais pas bien.
"J'avais besoin de toi..."
Mon ton est plus calme, moins énervé, mais je suis toujours en train de pleure là tout contre lui.
"J'avais besoin de toi et tu ne l'as pas vu..."
On reste là, de longues minutes, serrer l'un contre l'autre. Les yeux fermés, je tente désespérément de me calmer et lorsque j'y suis enfin parvenue, je finis par m'écarter, à contre coeur, de son étreinte. D'un revers de la main j'essuie les larmes sur mon visage avant de plonger mon regard dans le sien...
"On est censé faire quoi maintenant ?"
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La première étreinte depuis plus de sept cent jours. Même après tout ce temps, même après les disputes, ça avait toujours été tellement naturel de la serrer dans ses bras. Ava resta blottie contre lui, ne cherchant ni à s'en délivrer ni à le repousser. Elle s'était sentie seule, une réalité qui ne lui avait pas échappé à l'époque et que Dany ressentait aussi. Il rentrait du travail avant elle, s'endormait parfois même avant son retour. Lui aussi ne s'était jamais senti aussi seul qu'à ce moment de leur vie commune, cherchant désespérément l'attention de sa femme. Il ne rajouta cependant rien de plus ; le but n'était pas, comme il l'avait dit plus tôt, de peser sur la balance qui avait le plus souffert. Alors au lieu de quantifier ce qui ne pouvait l'être, Dany préféra de continuer ses caresses sur son dos, dans de lents mouvements circulaires. Il ne calculait pas où ce rapprochement pourrait les mener et pour être honnête, s'ils devaient reprendre quelque part dans leur couple, ce ne serait pas là où ils s'étaient arrêtés. Bien loin de là, en vérité, mais il 'était bien trop tôt pour y penser. J'avais besoin de toi et tu ne l'as pas vu... Une légère grimace déforma ses traits. Il n'était pas tout à fait d'accord. Non, en fait il n'était pas du tout d'accord, mais ses yeux encore humides étaient une bonne raison de ne pas en remettre une couche. Au bout de quelques minutes, alors qu'Ava réussit à se calmer, elle finit par se libérer de sa prise. Dany ressentit le froid l'envahir tandis que leurs corps se défirent et que ses yeux sombres le dévisageaient. On est censé faire quoi maintenant ? Voilà une question qui le prit au dépourvu et pour laquelle Dany n'avait aucune réponse. Plutôt, aucune réponse sérieusement réfléchie. Hm... Pour ma part, je vais honorer minutieusement le contrat que j'ai signé pour ce job... Sécuriser les zones de l'île une par une en évitant de finir en chair à pâté... Il haussa les épaules, amusé par sa propre répartie qui n'était certainement pas ce qu'Ava voulait entendre. Mais tout aussi perdu qu'elle, il ne pouvait rien lui dire de plus... Alors, taquin, Dany mima un air exagérément surpris avant de faire mine de se rattraper. Oooh, pardon, tu parlais de nous deux... ? Il croisa les bras, peu sûr de vouloir lancer leur conversation si loin. Mais c'était peut-être une de ces nuits magiques, où un portail s'était accidentellement ouvert, lui offrant l'opportunité de changer ce qui n'allait pas dans sa fade existence. Pas de pression, Ava, ok ? On n'a pas à décider quoique ce soit maintenant... ni demain. Il n'était pas assez fou pour se lancer trop rapidement, muni de son désespoir, dans une relation ambigue avec elle pour risquer de tout gâcher. Mais on peut marcher, faire le tour de la piste, parler. Tiens, à mon arrivée tu m'as dit que "les gens changent" en parlant de toi qui aimes maintenant faire des choses je cite "complètement tarées." Il rit, imaginant une Ava réceptive à des expériences fortes. Avant le parc, qu'est-ce que tu as fait de dingue, hm ? un saut en parachute ? du ski-nautique ? des rencontres d'une nuit dans un bar miteux ? rajouta-t-il innocemment, notamment pour savoir si elle avait tenté de l'oublier dans les bras d'un autre.
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L'étreinte est tellement douce, un goût de souvenirs, un goût que j'apprécie tellement... On reste là quelques minutes, moi tout contre lui, lui me berçant doucement, sa main caressant délicatement mon dos tout comme il avait l'habitude de le faire... Deux ans sans se voir, deux ans sans se toucher... deux ans c'est long, bien trop long...
Après ce contact, trop court mais intense, je finis par m'écarter de lui et je recule quelques pas en arrière. De nouveau, mes bras viennent entourer ma taille et je prends une profonde inspiration, essuyant d'un revers de la main les larmes sur mes joues. On est là, les yeux dans les yeux, à se regarder sans rien dire puis je finis par interrompre le silence en demandant à Dany, sans le quitter des yeux, ce qu'on est censé faire maintenant. Dans ma tête ça bouge à mille à l'heure, je me pose énormément de questions... Dany finit par répondre au bout de quelques secondes mais sa réponse m'étonne... je ne m'attendais pas à ça, du moins pas à une réponse concernant le travail. Lorsqu'il se rend compte que ce n'est probablement pas ce que j'attendais comme réponse, il se reprend et avec cet air que je lui connais parfaitement, finit par me demander si c'est de nous deux que je parlais. Je ne dis rien, le regarde croiser les bras et continue de l'observer en silence, mes yeux noirs plongés dans les siens si clairs. Je l'écoute alors qu'il me donne sa réponse et je dois dire qu'elle me va plutôt bien... Je prends une nouvelle inspiration.
"Pas de pression... ça me va..."
Je place mes mains dans les poches de ma veste et détourne le regard quelques secondes vers la silhouette de l'île. Nouvelle inspiration, étrangement, ce poids qui me nouait les entrailles depuis tout ce temps semble prendre beaucoup de place depuis quelques minutes. Dany fait même la proposition d'aller marcher sur le pont pour parler... Première fois depuis que je l'ai vu, j'esquisse un léger sourire.
"J'ai changé d'état, rejoins une mission suicide et je suis arrivée ici..." Je marque une pause et hausse les épaules "Et toi ? Enfin je veux dire, à part te laisser pousser la barbe, tu as fais quoi ?"
Je souris une nouvelle fois, entrant dans son petit jeu. Mon sourire s'efface et d'un signe de la tête, je lui fais signe de me suivre alors que je reprends ma marche sur la piste... Oui, marcher est définitivement une bonne idée et puis ça permet de passer du temps avec lui... Discrètement, je replace mon collier, auquel j'ai accroché l'alliance, sous mon tee-shirt.
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J'ai changé d'état, rejoins une mission suicide et je suis arrivée ici... Hmpf ! se moqua gentiment Dany devant la liste des choses folles qu'Ava avait pu faire. Tu parles d'une rebelle ! Il sourit, les mains dans les poches tout en avançant à ses côtés le long du navire. Le Renaissance était gigantesque et en faire le tour à pieds, avec leur cadence tranquille, allait mettre un bon moment à s'achever. Cela leur donnait le temps de réapprendre à se parler, et peut-être même à se connaître ? Les expériences, surtout mauvaises, changeaient les gens. Comme elle le disait si bien. Ava avait occulté la moitié de ses questions et il se plut à constater qu'elle ignora avec délicatesse celle des rencontres romantiques qu'elle aurait pu avoir. Si c'était pour le préserver d'une douloureuse vérité, ce n'était pas nécessaire. Lui aussi avait eu des aventures, toutes peu sérieuses en comparaison de leur histoire, bien évidemment.
"A part me laisser pousser la barbe" ? répéta-t-il en s'esclaffant. D'ailleurs, tu aimes ? renchérit l'ancien agent en passant rapidement sa main sur cet amas de poils mal taillés. On m'a dit que c'était loin d'me rajeunir mais que ça augmentait mon charisme naturel. Un petit rire lui échappa. Ca lui avait manqué, ces échanges banales de la vie, et pas plus tard qu'hier il avait pensé que ça ne saurait plus possible d'en avoir avec Ava.
Sinon, plus sérieusement... Je n'ai rien fait de spécial. Quelques dossiers plus complexes que d'autre à traiter au bureau fédéral, j'étais souvent sur le terrain. Ca m'aidait à ne pas trop penser et le temps passait plus vite... C'était un peu ce qu'elle avait fait lorsqu'ils avaient leur problème de couple, durant leur mariage.
Du coin de l'œil, Dany l'observait ranger son collier sous ses vêtements. C'était un peu tard pour cacher ce détail, qui même dans l'obscurité de la nuit avait scintillé grâce à la lune qui éclairait la piste extérieure comme en plein jour. Lui aussi portait son alliance, elle pendait sur le même collier de sa plaque gardée depuis l'armée. L'Irak avait été une période importante de sa vie et il la gardait près de lui, pour ne jamais oublier les faux pas et les bons souvenirs. Elle n'avait pas pu le voir, cependant, il gisait précieusement sous son t-shirt.
Que pouvait-il dire d'autre ? En réalité, il ne se voyait pas admettre être devenu une loque sans but lorsqu'elle s'en était allée. Ava était l'une de ses principales raisons de vivre heureux et à son départ, il avait perdu un pilier important qui régissait son présent et son futur. Et tenace comme l'était Dany, il reposa une de ses questions restés en suspend. Il n'allait pas lâcher l'affaire et voulait sa réponse, trop curieux. Sa nature jalouse était sans doute une raison suffisante pour qu'elle tente de l'ignorer, mais s'ils devaient prendre un nouveau départ, la franchise était de rigueur. Même si cela ne les mènerait nulle part.
Alors ? T'as pas répondu. Tu as fait des rencontres ? Tu as... quelqu'un ? Ses yeux clairs se posaient sur elle, le bruit de leur pas couvrant des battements de cœurs effrénés.
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On se met en route, tous les deux, pour arpenter la piste... La nuit est bien entamée, la lune toujours aussi grosse dans le ciel... Nous sommes juste tous les deux et là où il y a encore quelques jours, je faisais tout pour éviter de croiser son chemin, à cet instant précis, je ne cesse de me dire que je n'échangerais pas ma place, pour rien au monde. Certes on marche à une certaine distance mais ça me va... Chacun son espace, une sécurité nécessaire pour l'instant... Dans ma tête, ça fourmille encore, je me pose mille et une questions et moi qui aime tout planifier, le fait qu'il soit arrivé ici a tout retourné. J'esquisse un sourire tandis qu'il fait une remarque sur sa barbe et continue d'avancer, les mains toujours dans les poches.
Au bout de quelques secondes, il finit par répondre à la question, à savoir ce qu'il a fait tout ce temps... Sa réponse ne m'étonne pas vraiment. Lui et moi avons le même mode de fonctionnement et quand quelque chose ne va pas dans notre vie, on a tendance à passer beaucoup de temps au travail... ce que j'ai fais les derniers mois de notre mariage... Me réfugier dans le boulot pour éviter le conflit.
"En même temps, c'est une habitude chez nous ça..."
Mon sourire en coin s'efface et je pose une main sur mon alliance, glissée sous le tee-shirt. Je prends une nouvelle inspiration, sentant son regard sur moi. Je ne dis rien, ne réagis pas et continue d'avancer, toujours au même rythme pour qu'on soit au même niveau.
Au bout de quelques secondes, Dany revient à la charge et me redemande, une nouvelle fois, si j'ai fais des rencontres durant ces deux années. S'il y a bien une chose qui ressort quand on parle de Dany, c'est sa jalousie... Un de ses plus grands défauts. Je me mords les lèvres et m'arrête avant de tourner le visage vers lui.
"Non." Je lui réponds calmement et puis je finis par venir me placer face à lui. "Et quand bien même. On est divorcé." Je fronce les sourcils et plisse les yeux quelques secondes avant de rajouter. "Et toi ? Sara a du être contente d'apprendre que tu n'étais plus marié non ?"
Sara... une collègue... Elle ne s'est jamais cachée sur ce qu'elle pensait de Dany et elle prenait toujours un malin plaisir à chercher comment me faire exploser... Alors je suppose que lorsqu'elle a su pour lui et moi, elle n'a pas vraiment perdu de temps. Les bras le long du corps, je fixe Dany quelques secondes avant de reprendre la marche...
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Ava releva qu'il était coutume, dans leur fonctionnement, de se plonger corps et âme dans le travail lorsque tout autour partait en vrille. Ce n'était qu'à moitié vrai pour lui, qui avait adopté ce "comportement défensif" contre les aléas de la vie, en vivant avec elle. En d'autres termes peu élogieux, son ex-femme avait réussi à l'influencer, lui le grand gaillard au côté rebelle très prononcé.
Leur marche tranquille continuait, Dany couvrant ses mains dans les poches de son jogging. Sa séance de sport tombait à l'eau mais c'était définitivement un mal pour un bien, il n'aurait pu laisser passer cette occasion de colmater les brèches de leur réconciliation. Ava était plus silencieuse que bavarde, signe peut-être que le malaise était toujours présent. Ou alors que la question très indiscrète de son ancien amant était totalement malvenue ; c'était une possibilité plus que probable. Mais Dany ne connaissait pas de limite à sa nature, encore moins lorsqu'il s'agissait de sa jalousie. Celle-ci n'était pas maladive, mais elle n'en restait pas moins un gros point noir qui entâchait sa personnalité. Il avait plus d'une fois transformé un beau moment en souvenir gâché, à cause de ça.
Non. Il se sentit soulagé à cette réponse, et ce même si Ava s'était prostré devant lui, comme si elle allait l'incendier pour autant d'audace.
Ces deux années, lorsque la solitude était à son paroxysme, il s'était souvent demandé si elle se sentait heureuse dans d'autres bras. Si elle jouissait d'autres caresses que les siennes, là où Dany savait qu'elle frissonnerait. Ces pensées l'avaient, au début, rendu complètement fou et déclenché une réaction virulente. A savoir, la tournée des bars avec les amis, les nuits sans sommeil, les filles sans prénom. Il s'était assez vite calmé cependant, s'enfermant plutôt dans une bulle impénétrable pour quiconque. Et quand bien même. On est divorcé. Il rit, très amusé par cette répartie un peu trop facile mais véridique. Ouais, ouais... mais tu me connais. Il fallait qu'je sache. Puis sans qu'il ne s'y attende, elle lui renvoya la balle, citant cette fameuse Sara. Une femme qui était tout le contraire d'Ava, blonde, des yeux bleus très clairs. Il comprenait pourquoi elle venait si subitement dans la conversation, bien sûr Sara n'avait jamais caché son attirance pour Dany. Très vite, après quelques secondes où Ava le fixa d'une intensité nouvelle, elle reprit sa marche. Il ne l'entendit cependant pas de cette oreille, hors de question que cette Sara vienne les emmerder encore maintenant ! Il lui attrapa doucement le bras, pour la stopper dans son élan. Ava, dit-il, non. Quel genre de connard j'aurai été à fréquenter la nana du Bureau qui n'respectait pas ma femme ? Et quand bien même cela n'avait pas été le cas, c'était bien trop compliqué à gérer, de sortir avec une collègue ! Ava avait été l'exception et il avait été bien plus jeune à l'époque, encore dénué de règles de vie propres à soi et de bon sens. Mais c'était, la concernant, sans regret.
Enfin, Dany desserra ses doigts. Il avait de plus en plus froid et commença à grelotter. Etant venu à la base pour courir, il n'avait rien emporté de chaud pour se couvrir. Ca te dit la salle commune, un thé ? Ou tu veux peut-être aller dormir ? Il ne voudrait pas la retenir plus qu'elle ne le désirait, mais ce regard qu'elle avait à lui lancer depuis le début de leur promenade, il le connaissait bien. Ava n'avait pas plus envie que lui de mettre fin à cette escapade nocturne improvisée.
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On est divorcé oui et j'aurais pu passer à autre chose, accepter les rendez-vous qu'on me proposait... Mais rien de tout ça. Même divorcée, je ne pouvais pas me résoudre à tourner la page... A chaque fois que je me rendais à un rendez-vous, je faisais rapidement demi tour, prétextant quelque chose pour ne pas m'y rendre... Puis au fur et à mesure que le temps avançait, je refusais de suite les propositions, n'arrivant pas à me sortir Dany de la tête... Toutes les situations me faisaient penser à lui et je passais mon temps à le revoir. Alors non, durant deux années, je n'ai eu personne et ça m'allait. Dany me fait rapidement savoir qu'il fallait qu'il sache ce qui ne m'étonne pas vraiment le connaissant. Je ne relève pas et reprends rapidement la marche tout en parlant de Sara. Sa main vient se poser sur mon bras et je frissonne à ce contact. Je m'arrête, sans le regarde d'abord puis au bout de quelques secondes, je me tourne vers lui, le regard posé sur le sien... Dany sait très bien pourquoi je dis ça et sa réponse ne se fait pas attendre. Lorsqu'il me fait savoir qu'il n'est pas le genre à fréquenter quelqu'un qui ne me respectait pas, je ne peux pas m'empêcher de ressentir un certain soulagement.
Je sens ses doigts lâcher doucement mon bras et je replace mes mains dans les poches de ma veste. Je prends une profonde inspiration et tandis que je m'apprête à repartir, Dany me demande si l'accompagner à la salle commune pour prendre un thé m'irait ou si j'ai envie de retourner me coucher. Je me mords les lèvres et pose, une nouvelle fois, sur lui ce regard avec lequel je l'ai regardé tellement souvent.
"Un thé... c'est une bonne idée..."
Passer du temps avec lui même si ce n'est plus comme avant... passer du temps, sentir son odeur, entendre sa voix, le voir... toutes ces choses simples qui m'avaient tellement manquées... Il m'avait manqué, tout simplement... et encore une fois, viscéralement, je ne peux pas m'empêcher de ressentir toute cette vague d'émotions contradictoires...
C'est donc à deux, silencieux, qu'on se rend en direction de la salle commune. Nerveusement, je joue avec mes écouteurs au fond de ma poche. Forcément, la salle est vide mais c'est une bonne chose. Je m'approche de la table sur laquelle se trouve tout ce qu'il faut question café et thé et m'attelle à nous servir la précieuse boisson chaude. Une fois que tout est prêt, une tasse dans chaque main, je m'approche de Dany, hésitant quelques secondes, avant de m'installer près de lui, sur le canapé. Je lui tends sa tasse et souffle doucement sur la mienne...
"Je peux te poser une question ?"
Mon regard posé sur lui, j'attends qu'il me donne sa permission... Je sais que le sujet que je m'apprête à aborder risque de jeter un froid mais j'ai besoin de savoir... j'en ai besoin pour avancer.
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Ce regard lui avait toujours donné des papillons dans le ventre. Une expression bien simplette pour exprimer sa gorge qui se nouait, son cœur qui faisait des siennes, sa bouche qui s'asséchait tout à coup. Ava le rendait fébrile et dépourvu de tous ses moyens, avec ses yeux là posés sur lui. Un thé... c'est une bonne idée... Il sourit à la voir accepter son invitation. Il était presque aussi heureux que la première fois où elle avait dit oui, pour un rencard maladroitement proposé par Dany. Il avait toujours été un grand séducteur et se rappelait avoir déployé ses plus fines cartes pour lui montrer qu'il en valait la peine ; parce que bien entendu, ce n'était pas un détail qui sautait aux yeux !
Ce simple oui lui donna un regain d'énergie. Il n'osa pas tellement jeter un coup d'œil à l'heure, préférant nettement ignorer le temps qui continuait d'avancer, malgré la bulle confortable dans laquelle il se complaisait. Effacer l'ardoise était nécessaire, pouvoir se pardonner encore plus, afin d'être à même de vivre l'un à côté de l'autre. Ensemble, le duo regagnait l'intérieur du navire, descendant jusqu'à l'étage de la salle commune. Là-bas, il y avait tout pour se poser tranquillement, une ambiance assez cosy avec ces fauteuils sur lequel Dany se voyait bien piquer un somme. Bon sang, ils étaient bien plus douillet que le matelas de son dortoir ! Il poussa un soupir d'aise en posant son fessier sur le coussin, s'adossant contre le dossier comme s'il venait de livrer bataille. Ce qui en somme, était un peu le cas, avec la semaine pourrie qu'il venait de passer. La tête en arrière, les paupières closes tandis qu'Ava préparait leur boisson chaude, Dany profita d'un petit moment de calme. Oui, car il s'attendait toujours à ce que la tempête arrive, c'était le hic quand on voyait le verre à moitié vide.
Pas un chat dans la pièce, seuls les bruits du thé versé dans les tasses et des bruits de satisfaction grognés par Dany, tranquillement calé dans un coin du canapé. J'pourrais ne plus bouger de là, il est super confortable, dit-il alors qu'elle revenait en lui tendant sa part. Merci. Il prit la tasse fumante et souffla par réflexe dessus. Ava s'était installée près de lui, il restait moins d'une dizaine de centimètre pour que leur jambe se frôle timidement. Dany eut un sourire en coin, son regard déviant sur les prunelles sombres de celle qu'il considérait comme sa moitié, encore aujourd'hui. Ses joues tantôt froides reprenaient de la couleur maintenant qu'ils étaient à l'abris ; l'envie de lui caresser cette joue rose était viscéral, mais il était trop tôt pour repousser les solides barrières qu'elle avait érigées entre eux. Dany en était certain ; plus il se montrerait distant, plus elle s'approcherait. Une théorie qu'il n'avait encore jamais eu à tester avec aucune femme, mais il y avait une première fois à tout... Pas étonnant que ce soit Ava qui l'oblige à sortir des sentiers battus.
Je peux te poser une question ?
Ah, voilà la tempête qui arrivait. Le calme avait été bien trop beau pour durer ! Evitant de se faire le coup du cric, Dany hocha brièvement la tête. Après tout c'était peut-être rien, hm ? Ouais, dis-moi ? Il but un peu de son thé, avant de se raviser très vite car la boisson était encore brûlante. Le visage d'Ava ne lui disait rien qui vaille. Et pendant qu'il attendait, les secondes semblaient s'éterniser...
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Assis sur le canapé, prés l'un de l'autre, je baisse les yeux et fixe quelques secondes ma tasse de thé. La fumée qui s'en échappe a quelque chose d'hypnotisant et maintenant que je lui ai demandé si je pouvais poser une question, je n'arrive plus à soutenir son regard. De temps en temps, mon regard passe sur sa jambe et la mienne qui sont seulement à quelques centimètres l'une de l'autre et je frémis... Je suis obligée de fermer les yeux pour effacer et chasser ces images, ces souvenirs qui m'assaillent. Ma gorge se serre, nostalgique de tout ces moments... Même si sur la fin ils étaient plus agités et tristes, ils n'effacent pas tout les bons moments passés... Au bout de quelques secondes, je relève la tête, pose finalement mes yeux sur Dany alors qu'il me donne l'autorisation de lui poser la question. Je porte la tasse de thé à mes lèvres, bois une gorgée et finis par prendre une profonde inspiration.
"Je... c'est stupide mais... mais j'ai besoin de savoir..."
Doucement, je pose ma tasse sur la petite table devant nous et me tourne vers lui. Ma jambe frôle la sienne, je frémis une nouvelle fois et passe une main dans mes cheveux avant de le regarder une nouvelle fois. Sans m'en rendre compte, encore et toujours ce regard...
"Si je t'avais clairement dis que je ne voulais pas... que je n'avais pas la force de te donner ce que tu voulais..." Je continue de le regarder, prends une nouvelle inspiration et rajoute. "Tu serais parti ?"
Je sais que ce n'est pas vraiment le moment, ni même l'endroit mais j'ai besoin de savoir... Je sais à quel point tout ça c'était important pour lui et à quel point il espérait et voir, tous les mois, son visage se fermer, cette lueur le quittait... je n'arrivais plus à le supporter... Dans ma tête, la fautive ça a toujours été moi et rien ne me fera changer d'avis.
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Le silence tant craint s'était éternisé. Plus que jamais, Dany sentait cette tension palpable dans tout son être. Si Ava prenait autant de temps à formuler sa question, c'était que celle-ci portait un poids lourd de conséquence et ça le frustrait d'attendre. Il n'y avait en vérité, qu'un seul sujet assez sérieux pour la mettre dans cet état de réserve, et il priait intérieurement pour qu'il se trompe. elle but cette ultime gorgée, se donnant quelques secondes en plus pour trouver le courage de parler. Je... c'est stupide mais... mais j'ai besoin de savoir... Non, ce n'était pas stupide. Peu importait la question, rien de ce qu'elle pouvait dire n'était synonyme de stupidité. Pas avec lui, pas avec leur bagage commun qu'ils se trainaient tous les deux. Le bruit de sa tasse posée sur la table annonça l'arrivée imminente de la bombe qu'elle s'apprêtait à lâcher, qu'il devina aisément lui torturer l'esprit. Elle passa sa main dans sa chevelure, lui en fit de même sur sa barbe, inconsciemment. Son cœur était comme serré dans un étrange étau, étroit et brûlant, donnant cette désagréable sensation qui prit possession de sa précédente sérénité. Si je t'avais clairement dis que je ne voulais pas... Sa phrase avait peine commencé qu'il se sentit déglutir, son doute se matérialisant sous ses yeux. Elle allait vraiment lui demander ça, maintenant. Que je n'avais pas la force de te donner ce que tu voulais... Une famille. Tu serais parti ? Ils se regardèrent, Dany ne pouvant détacher son regard du sien. Cela avait eu l'effet d'une douche froide, pour la simple et bonne raison que la réponse ne lui paraissait pas évidente. Il n'y avait aucune bonne réponse, en réalité. Rien qui pouvait satisfaire l'un sans anéantir l'autre.
Ava... Son soupir fut long, extériorisant la peine qui le submergeait à nouveau. Il n'y avait aucun bon moment pour en parler, aussi il ne lui en voulait pas d'aborder le sujet. Il s'en voulait surtout à lui-même, de ce qu'il s'apprêtait à dire, avec toute la délicatesse qu'il lui était possible d'avoir. Je t'ai demandé ta main parce que je t'aime, dit-il, en prenant soin de parler au présent car cet état de fait n'allait sans doute jamais changer. On s'est mariés pour ça, avant tout, pas vrai ? La question était rhétorique, presque inutile tant l'évidence était frappante. Mais les mots sortaient seuls, tournant autour du pot, retardant le moment fatidique de la cruelle vérité. On s'est aussi marié parce qu'on désirait tous les deux de fonder une famille. Il reposa à son tour sa tasse sur la table, la dégustation d'une boisson chaude étant devenu soudainement si caduc et superficielle. Là, c'était un whisky, qu'il lui fallait. Je... C'était si difficile, de la regarder dans le blanc des yeux et d'être totalement honnête. Mais il ne pouvait pas lui mentir. Et si lui dire le fond de sa pensée serait comme la perdre une seconde fois ? Je veux être père, Ava. Je veux ça, et je te veux toi. Dany se rabattit sur le dossier du canapé, frottant de ses mains son visage. Ce sujet était la principale cause de ce qui les avait éloignés, puis séparés. Il se redressa aussitôt, lancé dans cette conversation nocturne si intime, qui paraîtra comme un songe au petit matin. Un songe, ou un terrible cauchemar qui avait un goût de déjà-vu. Je n'sais pas si je serai parti. Ca me paraît fou de penser ça, en sachant ce que j'éprouve pour toi, ok ? Sa mâchoire se crispa et l'anxiété aura tôt fait de faire apparaître la légendaire impulsivité qui le caractérisait. Comment tu veux que je réponde à ça ? Toi, tu es bien partie, non ? C'était bas, mais Dany ne retenait plus ses mots. Il se sentait piégé, fait comme un rat, aux pieds de celle qui avait elle-même commis la fuite. On n'est pas les seuls à avoir perdu un enfant. D'autres ont ressenti cette même douleur. D'autres ont remonté la pente, parce que c'est la vie, parce que c'est comme ça. Ses coudes trouvèrent appui sur ses genoux, son menton reposant sur ses poings fermés. Il fixait un point invisible de l'autre côté de la pièce, ses pensées en ébullition. Dany finit par légèrement tourner la tête vers Ava, le regard empli d'une mélancolie qui le poursuivait depuis dès années. T'es partie et ça ne t'a pas rendu plus heureuse, ni moi d'ailleurs. Alors, c'est quoi la bonne réponse ?
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
