Lance eut un sourire à son tour devant la réaction de Lorna. C'était si surprenant que ça ? Il ne se vantait pas d'être un joueur professionnel de billard, mais il avait fréquenter suffisamment de bars dans sa vie pour en avoir une assez bonne expérience. Mais un billard était un bon plaisir. Il n'aurait pas exprimé autant d'intérêt pour un baby-foot ou une arcade.
- A l'occasion.
Il pouvait s'estimer tout aussi curieux de voir Lorna durant une partie. Il ne savait pas trop si les Ecossais étaient des maîtres de la table verte mais il pouvait avoir foi dans la volonté de la demoiselle dès qu'il y avait un défi à relever. Pour Lance, en tant que bon Américain pure souche : bière, billard et cigarette étaient un strict minimum pour être satisfait. Pour la suite, il avait visiblement vexé sa camarade, mais ce fut un fait qu'il balaya d'un haussement d'épaules avant de répondre :
- Je ne vois pas le rapport. Et ensuite, je n'insinue rien mais je constate que tu n'as pas répondu.
Pourquoi ressasser ce qui était arrivé il y a quatre ans ? Tout le monde semblait prendre un grand intérêt à le faire sans doute parce que le coup de Bank avait marqué les esprits mais Lance était loin d'apprécier le fait qu'il s'était fait avoir ce jour là par cet enflure. Il n'avait rien demandé à Lorna pour qu'elle vienne à son secours d'ailleurs, et ne lui en aurait pas voulu de ne pas l'avoir fait. Ceci dit, cette initiative ne servira jamais, aux yeux de Lance, comme une excuse pour répliquer dès qu'il lui dirait quelque chose qu'elle jugerait négativement. Par la suite, la demoiselle répondit néanmoins. Tout de même. Ce n'était pas bien compliqué. Inutile de monter sur ses grands chevaux pour si peu.
- On ne te demande pas autre chose de toute façon.
A l’occasion. Elle avait souri en retour, satisfaite de voir que, malgré le peu de changements qui s’étaient opérés chez l’homme qui se tenait face à elle, il semblait peut-être plus enclin à l’intégration avec ceux qui avaient déjà su percer un peu sa carapace. Lorna ne prétendait pas être de ceux-là, elle ne connaissait de Booker que son ton morne et son air d’ours bourru, mais elle constatait qu’au moins, être l’une des connaissances passées faisait d’elle une pseudo-privilégiée.
En revanche, ce qu’elle appréciait moins, c’était qu’il puisse sous-entendre qu’elle était là pour se tourner les pouces. Lorna était volontaire pour le casse-pipe. Elle l’avait déjà prouvé et ça lui avait valu une mise au banc assez drastique lors de sa première embauche. Visiblement, Booker n’avait gardé en tête que cela et semblait penser que la jeune femme s’accommodait volontiers du peu de confort qu’on leur octroyait. Oui, c’était le cas, mais comme elle ne tarda pas à le souligner, c’était principalement pour mieux éviter que des merdes leur arrivent pour des raisons d’acclimations bancale que pour mieux permettre aux nouveaux arrivants de prendre leurs marques dans le gigantesque navire. Je ne vois pas le rapport. Non, en effet. Et il ne le verrait probablement jamais parce que la reconnaissance n’était pas une qualité dont il était doté. Booker était le genre de type à avoir une fierté mal placée bien plus grande que ses capacités et elle ne s’attendait pas à avoir un merci de sa part. Je n’insinue rien. Pourtant, Lorna n’était pas idiote. Et elle ne pensait pas Booker l’être non plus.
Finalement, il conclut après sa réponse qu’elle accomplissait ce pourquoi elle était là. Opinant du chef pour mieux acquiescer, elle soupira doucement. « C’est ça. Et à toi non plus, finalement. » Elle posa ses yeux verts sur lui avant e finalement, hausser les épaules. « Bon, je vais te laisser, la douche m’appelle. De toutes façons, vu que je dors au-dessus de toi, c’est pas comme si on allait pas se recroiser. »
Lance avait des principes bien précis concernant ses relations avec d'autres personnes et ces quatre dernières années n'y avaient rien changé. S'il acceptait à l'occasion de faire un jeu en compagnie de sa jeune collègue, c'était qu'il avait foi en sa capacité à tenir ses distances envers autrui. Une simple petite partie de billard de temps en temps ne pouvait pas faire de mal après tout, non ? Au pire, il lui serait aisé de rattraper le tir si jamais ses liens venaient à se renforcer malgré lui.
La suite de la conversation aida en ce sens. Peut-être aurait-il dû affirmer haut et fort qu'il prenait Forbes pour une feignasse qui espérait avoir moindre à faire sur ce navire grâce au protocole mollasson imposé par Masrani, histoire d'élever une muraille beaucoup plus sûre autour de lui. Mais ce serait faire du mal en mentant et ça ne faisait pas partie de sa personnalité. Il était capable de mentir comme tout le monde bien sûr, autant que de faire volontairement du mal s'il le voulait. Mais c'était un traitement à offrir aux ennemis, pas une collègue qui avait, autant pouvait-il se refuser à l'admettre, une place assez rare dans son estime.
- Exactement, approuva t-il lorsqu'elle lui renvoya sa réponse.
C'était un fait qu'il aimait mettre en avant dès que l'occasion se présentait : il était là pour faire son job. Rien de plus, rien de moins. Et surtout, il n'était pas là pour se faire des amis. Ce n'était pas une colonie de vacances. Il avait répondu présent dans l'espoir de dépecer des lézards géants, rien d'autre. Il hocha la tête aux paroles de la brune.
- D'accord, à plus tard alors, répondit-il avant de s'éloigner et de lui rendre sa liberté après avoir réquisitionner son temps pour jouer les guides.
Le voilà désormais bien arrivé. Bon retour à Jurassic World.
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