Avez-vous un passé commun avec Jurassic World ? Si oui, lequel ?
Quatre mois. Ce n'est pas bien long, me diriez-vous, mais ce furent quatre mois riches d'une expérience immense. Je suis arrivée sur Isla Nublar dans un état lamentable, au bord d'un gouffre dans lequel j'avais volonté de sauter. Et puis, comme on dit parfois, il suffit d'un bon coup sur la tête. Je n'ai fait qu'une mission, le Suchomimus gagnant facilement la partie face à moi. Bon, j'ai eu de la chance quand même de m'en tirer. Ca m'a fichue sur le banc de touche le jour où Banks a vrillé, mais c'était pas plus mal, parce que j'ai découvert une autre manière de venir en aide à mes camarades, moins dans l'action, plus dans la logistique. C'est sûrement ce jour-là qui a marqué le premier jour du reste de ma vie. Et c'est parce qu'il a eut lieu là-bas qu'Isla Nublar est devenue ma destination préférée pour les voyages d'aventure...

Avez-vous conscience du danger encouru en signant un contrat avec nous ?
Je crois que mon dossier médical parle pour lui-même, non ? Evidemment que je sais tout ça. Ca a joué un rôle dans mon choix de revenir, j'vais pas vous mentir. Seulement, même si je me suis reconstruite... Il faut croire qu'il reste encore une petite part en moi suffisamment kamikaze pour se dire que chaque matin est peut être le dernier.

Si vous étiez un dinosaure, lequel seriez-vous et pourquoi ?
Hmmm... Je dirais un Pachycéphalosaurus... Non mais c'est vrai, on a au moins pu vérifier que j'avais la tête dure, avec tout ça.

Comme la grande majorité des êtres humains, Lorna a vu le jour au sein d’une famille déjà bien formée. Benjamine d’une fratrie composée de cinq enfants, elle a donc la chance exceptionnelle d’avoir trois frères et une sœur. Son père, sir William sr. Forbes, était un éminent membre de la noblesse écossaise, chef du clan éponyme à son nom de famille et à la région où ils résidaient. Beaucoup pourraient jalouser Lorna sur bien des points car elle était née, comme ils le disaient, avec une cuillère en argent dans la bouche.

De la famille, elle était la plus taquine, celle qui se trouvait dans les jambes de ses aînés pour mieux les embêter et ces derniers finissaient par lui rendre la pareille, toujours dans la surenchère. La présence de bon nombre de garçons à la maison n’a fait qu’encourager ses envies de jeu qui n’étaient pas ceux que les vieilles mœurs attendaient chez une petite fille. Mais ses parents voyaient en cela un trait de caractère qui faisait d’elle une enfant téméraire et aventurière. Elle pratiqua en famille bon nombre de loisirs, la chasse à courre et au fusil en tête de liste, suivies de près par des activités sportives variées.

Les mondanités britanniques n’étaient pas son fort et si elle se tenait très bien lorsqu’elle devait s’y présenter, elle préférait se défiler en permanence. Pourtant, son éducation résonne encore au fond d’elle, comme ce délicat accent écossais qui sort de sa bouche. Elle était une élève attentive et les cours qu’elle suivait dans une école privée furent récompensés d’un diplôme obtenu haut la main. Pourtant, à la surprise générale, elle ne souhaita nullement poursuivre ses études. Le besoin d’aventures, l’envie de mieux se connaître lui murmurèrent de voyager, ce qu’elle fit. Amérique du sud, Asie, Maghreb… Elle réalisa un tour du monde, apprenant des choses sur celui-ci mais aussi et surtout sur elle-même. Confrontée aux ravages de la guerre et à ces peuples immigrés, elle sut qu’elle avait trouvé son chemin. Après une année et demi de voyages, elle rentra en Ecosse et ce fut sur la voie militaire qu’elle préféra s’engager, suivant son frère Simon. Des rêves, elle en avait à en revendre, mais c’était au service de son pays pour la libération des opprimés et dans l’ombre de son frère qu’elle voulait agir. Engagée avec un patriotisme à toute épreuve, elle passa deux années à se préparer physiquement au terrain.

Sa première mission se fit en 2016 et fut couronnée de succès. Servant dans le même régiment que son frère, ils passaient leur temps libre à se chamailler comme ils en avaient l’habitude. La complicité qui régnait entre eux était à toute épreuve… Ou presque. L’allégresse de ce succès les poussa à repartir. En mars 2017, ils se trouvaient en Syrie, cherchant à repousser les forces terroristes hors des grandes villes et abattant tous ceux qui leur tiraient dessus, non pas par plaisir, mais parce que la guerre lui rappela que, parfois, c’était tuer ou être tuée. Cependant, son régiment tomba dans un piège. Les échanges de tirs avaient provoqué plusieurs blessés. La balle qu’elle avait reçu dans la hanche n’avait rien arrangé. Soutenue par son frère, ils tentèrent de s’échapper, de battre en retraite mais une grenade fut lancée. Lorna se souvenait du regard de son frère, les yeux écarquillés avant de la prendre dans ses bras, dos au danger. Et le souffle l’avait jetée en arrière, sans connaissance. Evidemment, le sacrifice de l’aîné s’était fait au prix de sa vie. Celle de Lorna était foutue à cause de ça. Elle aurait préféré mourir mille fois plutôt que de survivre avec ce poids sur sa conscience.

De retour en Ecosse, le deuil entoura toute la famille Forbes et, rapidement, Lorna quitta la demeure familiale, la responsabilité de la mort de Simon lui pesant bien trop sur les épaules pour supporter les regards peinés des siens. Elle récupéra miraculeusement l’entièreté de ses capacités physiques. Pourtant, la nuit, elle se réveillait en hurlant. Plongeant dans l’alcool, seul inhibiteur face à ses démons, elle ne savait que trop bien qu’elle ne valait plus rien, l’armée l’ayant révoquée, son inaptitude au terrain faisant d’elle un boulet auquel ils ne devaient plus que payer une pension. Et pourtant, si elle pensait que toute sa vie était fichue, il lui suffit d’un verre avec son ancien supérieur pour que ce dernier ne lui parle de Jurassic World. Visiblement, le parc souhaitait rouvrir mais avait essuyé de nombreux départ et abandon de postes pour des raisons obscures. Etaient-ils aussi désespérés que cela pour s’encombrer d’une blessée de guerre ? Apparemment. Une lettre de recommandation de son supérieur, un dossier transparent sur sa situation et pourtant… Pourtant, on l’appela, lui commandant de prendre le premier avion depuis Aberdeen pour se rendre au Costa Rica. Ses parents tentèrent bien de l’en dissuader, ne voyant que trop bien le déséquilibre intérieur qui était le sien mais Lorna s’évapora, s’enfuyant dans l’hémisphère sud.

Elle découvrit alors un microcosme qui lui rappelait l’armée. L’entraide, l’alchimie créée par ces différents caractères tous mis ensemble. Elle se sentit rapidement chez elle et fu plus qu’enthousiaste de participer à sa première mission. Seulement, si le comportement des êtres humains lui était familier, celui des reptiles gigantesques de cette île étaient une surprenante nouveauté. Leur mission consistait à retrouver, neutraliser et capturer un individu déjà repéré à plusieurs reprises dans un secteur. Lorna n’avait aucunement envisagé de prendre un bain avec le monstre, ou de se faire balayer par sa queue gigantesque. Elle ne se souvenait que de cela, d’ailleurs, se réveillant à l’infirmerie avec un traumatisme crânien et des contusions diverses. Alors, à nouveau, elle fut tenue à l’écart du terrain, prétexte suffisant pour mieux s’adonner à ses addictions nocives. Elle soutenait ses camarades, évidemment, du mieux qu’elle le pouvait, mais la benjamine se sentait bien inutile.

Et puis, il y a eu Banks, la chasse à l’homme et tout ce bordel. Lorna était à l’armurerie. Guettant les armes, elle sut aider, à distance, le regard rivé sur les images retransmises par les caméras. Elle n’avait pas le droit de se rendre sur le terrain… Mais ce droit, elle le prit quand la situation empira. Dégageant Booker de l’innovation Center, elle lui permit de sortir in extremis avant que les charges explosives n’emportent le bâtiment. Banks avait foutu un sacré bordel et Lorna put finalement se rendre utile, gérant autant que possible la supervision de l’évacuation quand le monde tout entier sembla s’écrouler. Finalement, elle fut évacuée, comme les autres, et remerciée.

Retournant en Ecosse, elle accusa le coup de cette défaite qui, pourtant, avait un étrange goût doux-amer. Elle n’était pas entièrement inutile et avait su le prouver. On essaya de lui offrir une autre route, de se jouer des relations familiales pour lui permettre de reprendre des études qui sauraient lui offrir un autre travail mais Lorna n’y tenait pas. Elle voulait mettre sa vie au service des autres, encore. Seulement, il y eut un nouveau souci, dans ses plans. Une pandémie est un fléau. L’impuissance se fait plus grande, encore. Cloîtrée entre quatre murs, elle se rapprocha naturellement des siens. Enfin, elle put libérer son fardeau qu’était cette culpabilité quand, atteint par le virus, son père lui rappela qu’elle n’était pas coupable de la mort, que Dieu avait son propre agenda. Et Dieu, ce jour-là, emporta avec lui cet homme qu’elle avait aimé dès son premier cri. Les funérailles étaient tout autant particulières que le reste. Les quatre murs devinrent une prison et, quelques jours avant l’annonce leur offrant quelques libertés, Lorna avait postulé dans ce qui fut un hôpital militaire dressé pour l’occasion. Là, elle aida à la gestion des malades, du personnel. Elle savait gérer les crises, malgré son jeune âge, et elle le prouva à nouveau.

Cette période s’effaça, peu à peu, Lorna participant activement aux campagnes de vaccinations l’année suivante avant de prendre l’avion pour mieux épauler les associations humanitaires. Son savoir militaire était précieux, surtout dans les zones à risque. Elle aidait, tout en gardant en tête cette idée de servir. Peu à peu, elle se releva. Peu à peu, elle chassa ses démons, entrant dans une clinique durant quelques semaines pour mieux s’aider dans son sevrage, pour mieux achever son deuil en étant encadrée. A son cou, pourtant, se trouvait toujours les deux médailles militaires. Rentrant en Ecosse, elle y apprit le retour à la vie de celle que tous pensaient morte depuis des années. Peu de temps après, elle reçut un mail, l’informant de la volonté de Masrani de reprendre le contrôle de son île. Elle hésita, oui. Elle savait comme il pouvait être risqué de s’y rendre et pourtant, ce monde avait su la séduire en quelques mois de temps passé là-bas. Alors, elle rempila, passant plus aisément les tests que la première fois, son corps se faisant doucement plus fort et prêt à servir.