Avez-vous un passé commun avec Jurassic World ? Si oui, lequel ?
Il n'y aurait pas de Jurassic World sans ma famille. J'ai connu le parc dès ses origines, réflexion brûlante dans l'esprit tortueux d'un père davantage passionné par ces reptiles ressuscités que par sa propre fille. J'ai longtemps détesté ce lieu pour tout ce qu'il m'a pris et tout ce qu'il ne me rendra jamais. Et puis, orpheline, j'ai réalisé qu'il était peut être la seule chose qu'il me restait. Alors je me suis battue pour le reconstruire. Les choses ne furent jamais simples, aisées, mais à force de déterminations, Jurassic World redevenait peu à peu ce qu'il était devenu... Jusqu'au 26 juillet 2019. J'aurais pu tout abandonner. J'aurais pu refuser d'y remettre à jamais les pieds. Mais ce serait mal connaître la détermination farouche qui bouillonne dans le sang des Masrani. Jurassic World renaîtra, parce qu'il n'est pas possible pour moi de concevoir un monde sans ce sanctuaire.

Avez-vous conscience du danger encouru en signant un contrat avec nous ?
Je suis celle qui a rédigé ce contrat, j'en connais les moindres tournures. Je n'ai pas peur du danger, tant qu'il me concerne, parce que je n'ai plus rien à perdre. En revanche, l'inquiétude sera toujours mienne quand il s'agira des collaborateurs sous ma responsabilités dans cette mission de reconquête. Le danger règnera sur Isla Nublar tant que chaque spécimen n'aura pas retrouvé un enclos sécurisé. La priorité n'est plus de préserver ces animaux, mais bien d'assurer la sécurité de tous.

Si vous étiez un dinosaure, lequel seriez-vous et pourquoi ?
Un Suchomimus. Tapie dans l'eau, guettant ma proie pour me la surprendre... Et puis, on va pas se mentir, lui et moi avons un passé en commun...

Laura est née le 11 février 1990, à New-York. Fille de Simon Masrani et d’Eshana Masrani, elle n’était guère désirée, ses parents étant alors âgé respectivement de 27 et 25 ans et fort investis dans leurs vies professionnelles. Pourtant, elle fut rapidement adoptée par sa famille et notamment par son grand-père paternel, Sanjay. Créateur d’un empire basé autour des télécommunications, il poussait sans cesse son fils à prendre la même direction que lui, ce qu’il avait fait en délaissant son rôle au sein de sa famille. Alors, il n’était pas rare pour Laura de vivre dans l’imposante tour de Masrani Global Corporation, attendant son grand père ou sa mère en jouant dans les couloirs et recevant quelques caresses sur la tête de bien des employés de l’entreprise dont elle portait le même nom. Et pourtant, la vie de Laura se résume à une profonde solitude.

Quand elle eut 3 ans, son grand père décéda, léguant son héritage tout entier à son fils Simon qui entra en fonctions comme PDG de Masrani Corporation dans le but d’étendre l’influence et le pouvoir de cette entreprise. Il délaissa alors un peu plus sa femme et sa fille qui poursuivit sa croissance en étant très proche de sa mère et ne connaissant de son père que ce que cette dernière souhaitait bien lui raconter. A l’école, elle eut bien du mal à se sociabiliser, les rares enfants s’approchant d’elle étant ceux dont les parents avaient poussé à agir de la sorte dans le but de rentrer dans le cercle de la famille Masrani. Elle ne tarda pas à recevoir des cours à domicile afin d’échapper à toute cette pression sociale, s’isolant plus encore. Un nouveau drame survint alors en 1996 quand on diagnostiqua un cancer en phase terminale des poumons à Eshana. La jeune mère savait que ses semaines étaient comptées et, sur son lit de mort, fit jurer à son époux qu’il veillerait davantage sur sa fille à l’avenir. On procéda à une crémation et le père et la fille purent rendre un dernier hommage à cette femme lors d’un pèlerinage jusqu’à Mumbai où ils répandirent ensemble les cendres de la défunte.

A partir de là, Laura vécut avec son père qui essaya de rattraper le temps qu’il avait pu perdre avec sa fille. Mais loin de lui pardonner, l’enfant fut plus dure et se montra très débrouillarde. Pourtant, il essayait de l’inclure dans sa vie, l’amenant avec lui à diverses soirées mondaines qui ennuyaient à mourir l’enfant au minois déjà fort charmant. Quand, en 1998, son père racheta la société InGen, faisant d’elle une filiale de son empire, elle comprit que quelque chose de grand allait naître de cette collaboration. Plusieurs fois, elle fut en déplacement à San Diego où les laboratoires se trouvaient. A plusieurs reprises, il essaya de passionner sa fille pour les dinosaures qu’il souhaitait posséder et exposer au monde pour réaliser le rêve d’un certain John Hammond. Ce fut pourtant avec la fondation de Timack Construction qu’elle prit conscience de l’engagement de son père pour cette cause. Plusieurs fois, il s’absenta pour repartir au Costa Rica dans ces îles maudites qui avaient pourtant vu se dérouler bien des incidents, ne serait-ce que l’année précédente quand la famille Kirby essaya de s’échapper d’Isla Sorna, emmenant à leur suite trois Pteranodons qui furent récupérés dans le Nord du Canada par l’équipe de sécurité de InGen. Agée de 8 ans, la jeune adolescente était capable de réciter toutes les dates répertoriant des catastrophes liées au projet fou de Hammond et pourtant, son père n’en démordit pas, menant son projet à bien, plaçant dans ce projet des milliards de dollars.

De son côté, elle fut repérée en 2001 par une agence de mannequinat et signa un contrat auprès d’eux. Les campagnes de publicité et les shootings photo devinrent son quotidien, ponctués de cours qu’elle suivait dans un pensionnat où ses camarades pouvaient prétendre allonger allègrement le portefeuille. Elle y rencontra notamment Damian Wiesner, fil du directeur d’exploitation de l’entreprise de son père. Ils se fréquentaient déjà auparavant mais la camaraderie créée par le pensionnat encouragea le lien à devenir plus fort, les amis devenant tels les doigts d’une même main. Cependant, Simon ne cessait de lui répéter que ceci n’était qu’éphémère et que son véritable avenir serait, comme le sien, à la tête de cette grande entreprise. Ce genre de chose laissait la jeune adolescente morne car elle ne souhaitait nullement se retrouver dans un tel cas de figure. Quand le parc ouvrit ses portes en 2005, Laura fut présente aux côtés de son père pour l’inauguration. Très rapidement, elle devint même ambassadrice de la marque Jurassic World, son visage se retrouvant sur les campagnes de publicité. Elle était tenue de faire une apparition aux côtés de son père à chaque nouvelle inauguration, que cela soit pour un nouvel enclos ou l’apparition d’une nouvelle espèce dans le parc. Elle essayait toujours de gagner le maximum auprès de son père de ces apparitions familiales.

Quand elle eut 18 ans, si elle s’engagea à suivre des études de commerce et de gestion d'entreprise, elle mit les voiles sur Los Angeles où elle pourrait sans peine devenir mannequin à part entière. Entre chaque shooting photo, elle se rendait donc sur les bancs de l’université. Les liens familiaux qu’elle entretenait avec son père furent bien plus fragiles et elle ne lui parlait plus que très peu. Elle poursuivait ses études, réalisant son stage auprès de son père, espérant alors voir leur relation évoluer mais tout ce dont il parlait était ce parc ainsi que les autres filiales de l’entreprise à laquelle il était à la tête. Elle put au moins profiter de la présence de Damian qui suivait, lui aussi, le schéma familial avec davantange de plaisir qu’elle ne le ferait jamais. Elle eut alors bien du mal, en 2015, à annoncer ses fiançailles avec un jeune photographe américain. Ce fut à peine si Simon notifia la chose et il fut prévu que les noces aient lieu en août 2016.

Cependant, le 14 décembre 2015, l’incident de Jurassic World survint et avec lui, la vague de drames. Quelques jours plus tôt, Simon avait proposé à sa fille de l’accompagner à Isla Nublar afin de voir en sa compagnie ce nouveau dinosaure, l’Indominus Rex. Désintéressée comme souvent, elle lui souligna qu’elle avait encore des préparatifs à réaliser pour son mariage ainsi qu’un shooting photo ce jour-là. Elle ne dit pas au revoir à son père, regrettant à jamais cet acte. En plein milieu du shooting, l’un des membres du personnel présent informa tout le monde de ce flash info tragique qui venait d’avoir lieu à Jurassic World et que l’on comptait déjà plusieurs dizaines de victimes et une centaine de blessés. Les regards convergèrent alors vers la jeune femme qui eut un terrible pressentiment. Plusieurs fois, elle essaya de joindre son père sans succès. Le shooting s’acheva mais son cœur et ses pensées étaient bien ailleurs. Quand elle quitta les lieux et qu’une voiture l’attendait à l’extérieur avec des membres de la sécurité de l’entreprise, elle sut que quelque chose était arrivé à son père.

Ce fut Richard Wisner, directeur d’exploitation de Masrani Global Corporation, qui lui annonça la terrible nouvelle durant le trajet qui la ramenait chez elle, lui conseillant par la même occasion de ne faire aucune déclaration à la presse et de rester chez elle le temps qu’ils puissent y voir plus clair. Il lui assura alors qu’il s’occuperait de tout concernant les démarches à venir liées à l’entreprise et qu’il saurait gérer le conseil d’administration durant cet intérim. Elle ne l’écoutait alors qu’à moitié, comprenant qu’elle était désormais plus seule que jamais. Elle retrouva son fiancé et ce ne fut que lorsqu’elle fut dans ses bras qu’elle pleura longuement. Sans hésitation aucune, ils annulèrent leur mariage.

Les semaines qui suivirent, Laura tenta vainement de faire rapatrier le corps de son père mais les circonstances de sa mort tout comme la géolocalisation de celui-ci rendait la chose impossible sans exposer de nouveaux agents de InGen Security à un danger mortel. Ce fut donc un cercueil vide qu’elle fit brûler. Ce fut certainement l’une des raisons qui la poussa à rendre hommage à son père. Souhaitant se retrouver seule, elle repartit quelques temps à Bombay pour pouvoir se détacher de tout et mieux réfléchir au cœur de la demeure familiale indienne. A son retour, elle prit rendez-vous avec le notaire de son père qui procéda à la lecture de son testament. Tout lui revenait de droit. L’entreprise et ses dettes terribles. Wisner grimaça quelque peu en réalisant qu’ils allaient devoir remonter cette pente avec une novice pour capitaine. Et pourtant, il se mit en tête d’aider la fille de celui qui fut jadis son ami. Quittant Los Angeles, Laura fit son retour à New-York où, malgré l’obtention de son diplôme, ses études se poursuivirent sur le terrain.

Richard Wisner lui expliqua alors le devenir des différentes filiales de l’entreprise Masrani :
- Aerospace Dynamix, spécialisée dans l’ingénierie spatiale et basée en France.
- Axis Boulder Engineering.
- Data Analysys, Audit et rapports d’assurance.
- InGen Technologies.
- Jurassic World, le fameux parc d’attraction qui était désormais fermé.
- Mascom Network, spécialisée dans les télécommunications.
- Masrani Energy, compagnie pétrolière.
- Medixal Health, spécialisé dans la recherche médicale.
- Tatsuo Technology, spécialisé dans les processeurs informatiques.
- Timack Construction, spécialisé dans les grands chantiers et constructeurs de Jurassic World.

Jamais Laura n’aurait pu imaginer l’étendu de Masrani Corp. et fut soudainement prise de panique devant le labeur qui l’attendait. Pourtant, dans l’espoir de mener à bien les rêves de son père, elle s’accrocha. Rapidement, elle siégea au conseil d’administration, d’abord en laissant les pouvoirs décisionnels à Wisner puis en prenant doucement son rôle, son mentor lui laissant peu à peu cette place qui était la sienne.

Un jour, alors que le conseil d’administration envisageait de liquider Jurassic World, elle s’y opposa avec fermeté. D’un regard dur, elle insista sur le fait que le rêve de son père et celui de Hammond avant lui ne verrait pas sa fin sous son règne. Son fiancé essaya de la raisonner à son tour mais, là encore, elle fit part de sa ferme intention de relancer cette activité qui faisait rêver bien des gens et qui avait engendré bien des bénéfices avant de provoquer une faillite. Il supporta très mal ce nouveau choix de vie et la quitta, lui qui avait rompu ses vœux de loyauté avant même de l’avoir épousée, chose qu’elle ne regretta pas. La liberté lui offrait de nouvelles envies et ce fut avec détermination qu’elle se présenta à Claire Dearing en 2016. Usant de toute sa force, elle finit par convaincre la jeune femme de reprendre le poste qu’elle avait quitté. Le parc devrait ouvrir en juillet 2017, selon les estimations établies. Ensemble, elles réalisèrent une série infinie d’entretiens d’embauche et elle fit envoyer l’équipe de sécurité pour pouvoir sécuriser les lieux. Une fois cela fait, Timack Construction entreprit les travaux de réparations sur les zones centrales de l’île. Les quelques dinosaures présents furent maîtrisés et renvoyés au-delà de l’enceinte qui maintenait en sécurité tous les usagers. Laura arriva à Isla Nublar en juillet 2016, un an avant l’ouverture prévue.

Elle choisit très rapidement de diriger les opérations depuis cette place forte, siégeant au conseil d’administration de Masrani par le biais de vidéo-conférences. Chaque jour, elle faisait le tour des infrastructures s’assurant que tout se passe au mieux et marchant dans l’ombre de Claire afin de mieux gagner en assurance et être sûre de ce qu’elle fait. Le soir, il n’était pas rare de voir Laura accoudée à la fenêtre de son logement, admirant le coucher de soleil et se documentant sur les dinosaures présents dans le parc et sur celui-ci, qu’elle ne connaissait finalement que trop peu.

Mais, comme tout plan de reconstruction, ils durent faire face à des aléas, plus ou moins difficiles à affronter. Quand ce n’était pas la météo, les animaux dangereux de cette île leur rappelait qu’ils ne devaient jamais baisser leur garde. Il y eut des pertes, matérielles… Et humaines. La responsabilité était sienne et la jeune femme peinait à affronter les conséquences de ses décisions parfois mauvaises. Elle pensa renoncer à cette idée, plus d’une fois. Mais toujours, ses pensées la ramenaient à la volière et à ce lieu de recueillement qu’elle avait en ligne de mire.

Alors, elle décida de s’investir personnellement, prenant à bras le corps le problème. Réclamant des entraînements pour mieux survivre dans ce milieu hostile, elle se retrouva face à Julian Blake. L’homme avait ri de cette situation, de cette princesse perdue dans la jungle qui se disait vouloir devenir une guerrière. Et pourtant, elle ne lâcha rien, et lui non plus. La poussant dans ses retranchements, il fit sortir une part d’elle qu’elle ne connaissait pas. Laura se redécouvrait, chaque jour, plus forte, plus combattante, plus volontaire. Elle apprenait et de cet apprentissage découlait cette compréhension d’un rêve qu’elle pensait ne jamais entièrement partager avec son père. Et elle embrassait désormais cette passion qui fut celle de Simon Masrani.

D’un autre côté, ces entraînements avec l’agent Blake réveillèrent autre chose en la jeune femme : la possibilité de sociabiliser autrement. De moqueries insolentes, elle obtint un respect alimenté par quelques taquineries. Mais elle l’acceptait. Et elle en redemandait. Les choses prirent une tournure sinistre à la fin de l’année 2018. Si elle avait pu recevoir des lettres menaçantes, elle avait écarté la possibilité que cela puisse devenir une réalité. Jamais elle ne s’était autant fourré le doigt dans l’œil. Quand une escouade armée déboula sur Isla Nublar dans le but de voler des données, elle tenta de les en empêcher pour, finalement, être contrainte de céder dans la violence et le sang. On lui sectionna brutalement un doigt et plus d’une dizaine de personnes fut finalement hospitalisée. Heureusement pour elle, une greffe était possible et elle ne gardera de ces événements qu’une cicatrice sur le contour de son index, et le traumatisme d’avoir été responsable de cette barbarie. Claire, quant à elle, renonça à ses fonction, traumatisée par ce qu’elle venait d’affronter, le mentor abandonnant son élève.

Julian Blake lui déposa sa démission, chose qu’elle refusa en bloc. De leur dispute pu naître alors le début d’une relation nouvelle et fort étrange. Le secret les entourait et pourtant, enfin, Laura se sentit renaître. Un garde du corps, Miller, fut alors attaché à elle et elle savait comme Masrani Global achevait de tendre les fils autour d’elle. Laura était désormais piégée dans son propre jeu, et sur son île. Damian tentait de jouer le rôle de médiateur dans des relations qui se tendaient entre son père et son amie. Au milieu de tout cela, Laura œuvrait toujours pour que l’accès à la volière puisse lui être ouvert et que le parc puisse espérer accueillir à nouveau du public en toute sécurité. La méfiance demeurait, pourtant, parmi les membres du personnel. Tous savaient qu’une taupe était là, quelque part, ayant permis et cautionné l’assaut que beaucoup d’entre eux avaient subi. Et la taupe, un jour, fut arrachée à son trou.

Une chasse à l’homme fut menée contre Timothy Banks, ex-agent de sécurité au sein du parc. Ses motivations demeuraient floues aux yeux des dirigeants mais quand il pénétra dans le bureau où ils s’étaient terrés, blessant par balle le garde du corps de la jeune femme et abattant froidement le directeur de Jurassic World, Laura compris qu’elle n’aurait d’autre choix que d’obéir docilement à ses demandes. Ouvrant les enclos, servant de bouclier humain, elle fut emmenée de force dans un hélicoptère qui était là pour mieux embarquer l’homme et sa proie. Elle ne put entendre que des bribes de conversations, une sinistre explosion avant d’être plongée dans un sommeil sans rêve.

Elle avait perdu toute notion du temps. Elle se réveilla dans un appartement des plus vierges, seule. Ses cris furent les seuls sons audibles pour elle durant de longues heures. Que lui voulait-on ? Qui étaient-ils ? Elle n’aurait jamais ces réponses. On lui apportait à manger. On veillait à sa survie. Mais elle n’avait rien d’autre que cela, jour après jour, pour vivre. Elle se sentait tel un poisson dans un bocal. Les fenêtres étaient bétonnées et la lumière artificielle, l’empêchant même de savoir combien d’heures ou de jours pouvaient bien se dérouler. Combien de temps tout cela dura-t-il ? Un bracelet était solidement attaché à son poignet, chaîne moderne lui rappelant quotidiennement sa condition et permettant à ses geôliers de s’assurer de son bienêtre. Les semaines passaient, elle le devinait… Des mois, peut-être ? Impossible pour elle de savoir. Mais la rage qu’elle nourrissait à l’égard de ces monstres était suffisante pour tenter le tout pour le tout.

Dans leurs gestes du quotidien, elle sut lire les routines. Laura n’était pas idiote et son esprit était encore suffisamment clair pour agir de manière méthodique et réfléchie. Elle sut remarquer les cliquetis, les bruits annonçant la venue de ses repas, les ouvertures et leurs délais… Et elle parvint momentanément à prendre le dessus. Assommant celui qui lui mena son plateau, elle se fraya un chemin vers l’extérieur. Les lieux où elle était retenue s’apparentait à un complexe haut de gamme, sécurisé… Mais pas suffisamment pour la retenir. La traque débuta entre les murs blancs et les baies vitrées et Laura trouva finalement une voie menant vers l’extérieur. L’air pur, la lumière du soleil… Tout cela était vrai. Courant pour fuir, elle ne fut arrêtée que par le bip strident de son bracelet qui annonça le pire. La décharge fut d’une violence sans pareille qu’aucun cri ne parvint à sortir de ses lèvres et elle s’effondra. A partir de ce jour, les règles changèrent. Elle réalisa le luxe dans lequel elle avait pu vivre tout ce temps, soudainement plongée dans le noir à longueur de journée, n’ayant qu’une trentaine de minutes par jour pour mieux se laver et manger. Alors, petit à petit, son esprit s’effondra.

Elle songea à la mort. Elle songea abandonner. Mais elle devinait, à travers cette captivité, qu’ils finiraient par la sonder de force. On l’affamait, tout de même, pour lui éviter de pouvoir penser, pouvoir trop bouger. L’échec de cette évasion avait un goût amer et Laura, alors, commença à se parler à elle-même, et à ces fantômes qui l’entouraient. Il y avait son père, évidemment… Et Julian. Julian qui lui souriait, qui l’encourageait à se battre. Elle s’excusait, encore et encore… Était-il vivant ? La question agitait son esprit chaque jour. Et le temps s’égraina sans qu’elle puisse en mesurer la teneur… Jusqu’au jour où, à coup de charges explosives, on fit sauter la porte de sa prison, braquant sur elle des lumières vives et aveuglantes. Elle était en vie. Elle était sauvée.

Découvrant, petit à petit, les dessous de cette mission lancée pour mieux la libérer, Laura fit alors face à la terrible réalité et à ces presque quatre années qu’on lui avait volé. Le choc fut grand, terrible et sa convalescence se fit principalement autour de son esprit qu’il fallait reconstruire. Mais, riche d’une résilience incroyable, elle se releva. Désireuse de se raccrocher à son passé, elle s’entoura de Damian et de sa jeune épouse, de John Miller, son ancien garde du corps étant intervenu dans sa libération, ainsi que de Peter Ronan, ancien PDG d’une entreprise qui avait été rachetée par le groupe Masrani Global. Ses premières pensées, pourtant, s’étaient tournées vers le seul homme qui lui semblait inaccessible. Julian. Le retrouvant, elle fut plus qu’heureuse de le revoir, de le retrouver, constatant comme il avait pu refaire sa vie… Constatant comme ils peinaient à se retrouver. Le revoir fut un bien qui fit mal et elle sut, à la manière dont les choses se passèrent, qu’elle ne le reverrait probablement jamais. C’était mieux pour lui. Et elle, elle était un phénix en fin de combustion.

Cherchant à reprendre les rênes de son entreprise, elle découvrit comme il était pénible de revenir d’entre les morts. On lui rendit sa fortune mais Richard garda en main les rênes de la gestion de Masrani Corporation. Pourtant, jouant de quelques relations, elle racheta en son nom propre la filiale Jurassic World, morte et enterrée sous des mensonges toujours plus gros. Alors Laura lutta pour reconstruire. Pour renaître. A force d’entraînements physiques et de jeux de mondanité, elle reprit la place qui était la sienne dans ce monde, reforgeant son corps et son esprit. Et aujourd’hui, épaulée par ses relations, elle tente certainement ce qui sera le plus gros coup de poker de son existence : Reconquérir Isla Nublar et faire du rêve de son père son nouveau rêve personnel.