Julian était revenu depuis 48h de la mission d'entraînement. Le jour qui avait suivi, il l'avait passé à dormir ou à cogiter tout seul dans son coin. Cet entraînement ancré dans la réalité ne lui avait prouvé qu'une seule chose : ces quatre dernières années avaient fait de lui un agent d'intervention médiocre. S'en rendre compte était un choc pour lui qui avait gravi les échelons jusqu'au bureau de responsable de la sécurité. Il était devenu nul. Même sa forme physique semblait en avoir pâti. En même temps, passer quatre ans à ne faire que du running ou de la méditation, faisait rarement des combattants aguerris. En résumé, il manquait d'entraînement. Et il comptait bien remédier rapidement à cela. D'une part parce que les vraies missions de terrain ne tarderaient plus et qu'il voulait survivre, d'autre part parce que ne pas faire partie des meilleurs le faisait profondément chier.
Il avait toujours été bon, il devait le redevenir. Et vite. Aussi, il s'était reposé un bon moment après ces 48h dans la jungle et avait passé le lendemain à établir un plan d'action. Se rendre à la salle d'entraînement était un must to do. Au moins deux fois par jour mais il devait composer avec Laura pour éviter d'avoir à la croiser. Aussi, il avait décidé de s'y rendre le matin très tôt, avant le réveil de la plupart des employés et juste après le repas du midi, histoire de rester éveiller pour la suite de la journée.
Une partie de la matinée serait réservée au tir. Pour débuter, il misait sur ces trois capacités, agilité, force et tir pour se remettre dans le bain. Il conserverait le sac de frappe pour les moments trop frustrants, après tout, plus personne n'était là pour le lui interdire ou lui dire de se retenir. Aussi, c'est après une bonne séance de 2 heures de cross-fit, qu'il s'était rendu aux sanitaires. Une douche et quelques vêtements plus tard, il arrivait dans l'enceinte de l'armurerie pour une séance de tir. Il devait s'entraîner sur les fusils à fléchettes mais demanda sans aucune hésitation un Glock 23. Ce n'est que lorsqu'on lui plaça l'arme sur le comptoir devant lui, accompagné de munitions qu'un fin sourire illumina ses traits. Comme quoi, certaines habitudes revenaient vite. Ravi, il attrapa l'équipement et passa dans la pièce à côté.
La ventilation dans la salle de tir offrait une fraîcheur bienvenue en plus de la nécessité de la sécurité pour les tireurs. Personne n'avait envie de respirer des émanations toxiques liées aux tirs. À l'entrée, il récupéra un casque pour limiter l'exposition aux bruits puis s'installa dans une stalle vide. Une fois sur place, il déposa son équipement et se saisit du boîtier de commande de la cible qui lui faisait face à 15m. Il l'éloigna à 25. Alors il arma son Glock et mesura la satisfaction qu'il avait à le faire. Chaque mouvement ravivait les souvenirs de l'homme qu'il avait été. Un homme avec de nombreuses victoires et quelques échecs trop violents. Armé de ce matériel, il se mit en position de tir, les jambes légèrement écartées, bien calé sur ses appuis et tira un premier coup. Connaissait-il rien de mieux pour se vider l'esprit et rester concentré sur le présent bien réel ?
Ses premiers pas à bord du Renaissance, hier, n’avaient pas rendu hommage à l’idée que Dany s’en était fait. Il avait idéalisé sa rencontre avec Ava en ommettant à quel point son ex-femme pouvait être si têtue et rancunière, si figée dans un passé houleux qu’elle avait pourtant imposé à leur couple. C’était un fait, Dany avait changé depuis le départ de la jeune femme. Il n’aurait jamais deviné, s’il ne l’avait pas vécu, pouvoir devenir si aigri. Comme ses personnes âgées qui finissaient avec une meute de chats, cloîtrées dans leur appartement, seules. Sauf que lui, c’était entouré de bouteilles vides et de cartons de pizza entamés qui s’accumulaient avec les croutes séchées à l’intérieur.
Aaah, quel enfer de l’avoir revue avec ce regard si dur posé sur lui.
Décompresser par le sport et le tir était la seule façon saine qu’il avait trouvé pour remplacer la boisson et la lente déchéance dans laquelle il s’était noyé petit à petit, sans même s’en rendre compte, jusqu’à ce que sa barbe soit plus imposante, que ses cheveux lui chatouillaient les épaules…
Après une douche salvatrice, Dany décampa d’une humeur maussade vers le stand. Il espérait qu’à la fin de sa session, ce sentiment lourd qui lui pesait sur le coeur disparaisse aussi vite qu’Ava avait réussi à le lui faire ressentir. Comment une femme pouvait avoir un pouvoir aussi puissant sur un homme ? Quoiqu’il en soit, il chassa ses pensées et entra d’un pas déterminé dans les locaux où déjà des membres du personnel s’adonnaient à l’activité. Il allait n’en faire qu’une bouchée, de ses cibles ! Dany était un tireur qui n’était pas excellent, mais pas incompétent non plus. L’armée lui avait tout appris tandis que le bureau fédéral avait perfectionné les bases instruites à coup de cris chevronnés et d’ordres époumonés au milieu des camps.
Que de bons souvenirs. Sans déconner, c’était pas une blague, que de bons souvenirs !
Dany prit place dans un coin libre. Il installa le casque sur ses oreilles, s’immergeant dans un silence presque absolu. Il inspira profondément, détendant ses muscles avant d’empoigner l’arme entre ses doigts. La première salve commença et débuta par un échec peu acceptable étant donné que la balle atterrit à l’extrémité du panneau. Dany pesta un peu, regarda de droite à gauche, coulant un instant son regard sur un collègue qui sembla avoir lui aussi besoin de décompresser. Deuxième et troisième tir, il souffla du nez, se repositionnant pour ajuster la trajectoire et appuya à nouveau sur la détente. Un trou parfaitement rond s’était dessiné en plein milieu de la cible, qui ne lui attisa aucun sourire cependant au vu des deux derniers essais où il tenta de réitérer la perfection.
Il déposa l’arme de poing, se massant la nuque quelques secondes. La qualité de cette première partie, qu’il qualifiait de médiocre, n’avait pas encore réussi à lui remonter le moral. Dany s’approcha du jeune homme à côté ; avisant les tirs de ce dernier, l’arme qu’il utilisait, les résultats sur la cible. Ca ne lui traversait pas l'esprit de potentiellement le déranger, car lui-même ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'on l'observe durant ses séances.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Julian avait tiré, une fois. Il reposa son arme et ramena la cible. C'était pas mal, pas exceptionnel mais pas mal. En condition réelle, il aurait certainement touché. L'envie lui prit de vider tout son chargeur mais était-ce vraiment nécessaire ? Ce ne serait qu'un petit plaisir de plus alors à quoi bon se priver ? Il devait bien s'entraîner. Autour de lui, ça détonait. Ils étaient nombreux à venir se défouler ou bien améliorer leurs compétences. De sa propre expérience, une fois dans la jungle, il ne fallait pas trop compter sur le tir. La plupart du temps on avait pas le temps de dégainer son arme létale sauf si on était bien placé. La vérité c'est qu'une fois qu'on avait balancé la fléchette, il fallait s'arranger pour ne pas se faire chopper le temps que le produit fasse effet. Alors Julian misait plus sur ses aptitudes physiques. Force, vitesse, agilité. Etre capable de grimper à un arbre vitesse grand V pouvait vous sauver la mise. Tout comme être capable de se cacher. Il avait pu l'expérimenter. En général, il jouait l'appât, le leurre pour laisser aux autres le temps de tirer juste et bien. Car l'objectif à ne pas oublier était d'endormir ces bêtes, pas de les tuer. Même si certains l'auraient bien souhaité. Les gros étaient les plus faciles à gérer avec les balises, on pouvait savoir où ils se trouvaient. Tirer sur un T-rex depuis un hélico changeait la donne et augmentait grandement les chances de survie. Il avait réarmé son glock et reprit position, la cible à nouveaux dans les 25m. Lentement, il avait effectué un mouvement à droite puis à gauche de sa nuque pour se détendre et se concentrer. Isolé du bruit par le casque, il ne percevait plus que les bruits de son propre corps. Le battement régulier de son coeur, le bourdonnement léger à ses oreilles. Tout pour se concentrer et éloigner les mauvaises pensées. Pourtant, quelque chose le gênait, il avait la vague sensation qu'on l'observait. Détendant sa posture, il regarda à droite puis à gauche et tomba presque nez à nez avec un type. Intrigué, il déposa son arme et retira son casque.
- Salut, je peux t'aider ? Demanda-t-il simplement. Il avait l'impression que l'homme attendait quelque chose, mais quoi ? Juste à côté, de nouveaux coups de feux retentirent et machinalement, Julian rentra légèrement sa tête dans ses épaules dans un réflexe face au bruit. Il n'avait jamais vu ce type depuis qu'il était à bord. Ceci dit, il n'avait pas non plus cherché à sympathiser ou à sociabiliser non plus. En dehors de l'exercice de terrain, il passait plus de temps dans la salle d'entraînement ou ici plutôt que dans la salle commune. Plutôt grand, cheveux mi-longs, barbe mal taillée on aurait presque dit lui il y a 5 ans prêt à en découdre avec cette jungle hostile. C'était amusant et ses lèvres s'étirèrent doucement à cette idée.
Les tirs cessèrent et Dany porta son attention sur le gaillard qui enleva le casque de protection. Il avait l'air bien plus jeune que lui, certains détails trahissaient toujours, comme l'absence de ses petites rides au coin des yeux ou de la grisaille de ses tempes.
Salut, je peux t'aider ? Dany qui avait d'abord les bras croisés, tendait une main vers le type Dany Lewis, équipe Bêta, répondit-il en premier lieu avant de répondre à la question qu'il devina de circonstance. Je suis arrivé hier, je n'ai rencontré encore personne. C'était pas tellement un mensonge, Ava ne pouvait décemment pas compter comme une rencontre à part entière ! Il l'avait vue sous toutes les coutures, sa charmante ex-femme, pas moyen de considérer cette information autrement. Mais Dany n'avait pas songé qu'il puisse embêter par sa présence, lui-même ne voyant pas d'inconvénient à attirer un regard, une curiosité. Non, pas vraiment, je faisais une pause après la catastrophe de ma salve. Il pointa du menton la cible du gars, quand même bien amochée. Les stands ne reflétaient pas les conditions réelles évidemment, mais ils étaient pratiques pour une mise en bouche comme échauffement avant de passer à l'assaut. Jolis tirs, ça donne quoi sur le terrain ? Tu as fait ton service militaire ? Ah, sociabiliser et faire de nouvelles connaissances ! Ca lui était pas arrivé depuis longtemps. Cette page de sa vie mettait fin à des années au FBI où tout était connu pour lui. Le chapitre "Jurassic World" était en fait, la seule chose nouvelle sans ce goût de déjà-vu qu'il s'était trainé dès années. Lui qui avait pensé être venu ici pour chercher Ava et la raisonner, n'avait-il pas plutôt sauté sur l'occasion pour s'affranchir avec une bonne excuse sous le coude ?
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Le type se présenta en lui tendant une main amicale. Dany Lewis, arrivé la veille. Casque toujours en main, il serra celle de son comparse de l'autre. La poigne était ferme, comme on avait l'habitude de la donner à l'armée. C'était un peu étrange comme entrée en matière mais l'ancien responsable appréciait cette franche camaraderie qu'on pouvait retrouver dans les rangs. Et puis en toute franchise, ça faisait du bien de rencontrer quelqu'un qui ne le connaissait pas et qui ne connaissait donc pas ses échecs. À moins que Lewis soit venu exprès le rencontrer lui ? Quand même pas. Qui était responsable de l'équipe Bêta déjà ? Le nom lui échappait.
- Julian Blake, équipe Alpha sous les ordres de Shaw. Bienvenue, dit-il finalement d'un ton quelque peu bourru.
Il le jaugea un très court instant toutefois, comme pour s'assurer que le nom n'éveillait rien auprès de ce nouvel agent, comme s'il avait besoin de faire taire cette petite voix paranoïaque. Visiblement, Lewis ne se préoccupait guère de l'identité de l'homme qui lui faisait face ou alors il cachait bien son jeu. À la place, il lui parla d'une catastrophe sur sa salve et machinalement, Julian fronça doucement les sourcils avant de regarder la cible de là où il se situait. Ce n'était pas si terrible pour être tout à fait honnête, il avait déjà vu bien pire. Et puis, certains se montraient vraiment doués en exercice mais dès qu'ils se retrouvaient face à un dino, ils ne valaient plus rien. Alors mieux valait ne pas se prendre trop au sérieux ici et assurer sur le terrain.
Comme l'autre le félicitait pour ses propres tirs, il revint un instant à sa cible. Vraiment ? Il n'était pas très satisfait. Quand à savoir ce que ça donnait sur le terrain...
- Ça sera toujours très différent sur le terrain, assura-t-il. Il avait presque oublié ce que ça faisait de ne jamais avoir vu de dinosaure...l'arrivée de nouveaux comme Lewis lui rafraîchissait la mémoire. Il se demanda comment celui-ci réagirait ? La mention sur le service militaire lui arracha un véritable sourire et lui fit lâcher une expiration, amusé. Lewis devait être un peu plus âgé que lui mais quand même, Julian était trop vieux pour sortir d'un service militaire. Il inclina doucement la tête sur le côté et reposa son casque sur la console devant lui, s'affairant plutôt à recharger son arme avec un soin tout particulier.
- Académie Royale militaire de Sandhurst, juste au cas où l'accent t'avait échappé, s'amusa-t-il. Puis enrôlé par Ingen à l'époque. Et toi ? Tu nous viens d'où ?
Perdait-il son accent anglais ? Entre sa vie ici et celle en Australie c'était probable que celui-ci s'efface petit à petit. C'était ennuyeux, il y tenait.
Ainsi il rencontra un premier membre de l'équipe Alpha. Où étaient passés ceux qui étaient définis par le symbole β ? Ca soulevait la question de savoir si cette séparation de alphabétique était de rigueur également sur la terrain ou si elle n'avait que pour but une meilleure organisation interne. Blake, répéta l'ancien soldat, ça c'est le nom d'un type qui couvrira vos arrières. Il avait connu un Blake, par le passé ; c'était pour ça qu'il se permettait cette remarque, Dany partait d'un bon pied avec Julian. Il était pas con, bien sûr que tous les Blake de la Terre n'allaient pas être alignés sur la même longueur d'onde mais il voulait y croire. L'autre était mort en Irak à seulement 24 ans, alors il voulait y croire. Dany passa outre l'inspection visuelle qu'il sembla subir de la part de son interlocuteur, qui avait certainement des raisons valables comme celles qui poussaient une femme à regarder par-dessus son épaule au détour d'une ruelle sombre. Merci, répondait-il simplement, une main sur la hanche. Ses compliments sur les tirs n'étaient pas surfaits, il pouvait déceler une bonne maître de l'arme et celle-ci n'était pas que suggérée par l'emplacement des impacts de balles. Ça sera toujours très différent sur le terrain. Ca, il pourrait pas le nier. Ouais. Mais sur le terrain, il y a ce petit quelque chose en plus qui nous pousse à nous surpasser, pas vrai ? Sa question était réelle, il voulait au fond savoir s'il était le seul à ressentir ça. Ce danger constant de pouvoir mourir à n'importe quel moment et qui aiguisait les sens pour mieux survivre. Académie Royale militaire de Sandhurst, juste au cas où l'accent t'avait échappé. Dany sourit, voir Julian souligner ce détail était un fait amusant qui l'avait en effet échappé. C'était pas le type avec l'oreille la plus fine qui soit. Puis enrôlé par Ingen à l'époque. Et toi ? Tu nous viens d'où ? Ils n'avaient donc pas suivi le même cheminement, pas les mêmes terrains périlleux de la guerre. Tu nous viens alors d'Angleterre, s'amusa Dany. Maintenant qu'il le savait, l'accent était soudainement - et étrangement - plus prononcé. Il observa Julian recharger son arme, devinant ainsi qu'il s'apprêta à une autre salve. J'viens de Miami, dit-il alors en réponse à l'agent Beta. Enrôlé à la majorité, j'ai suivi mon frère à l'époque. C'était aussi pour augmenter de plusieurs pourcent son sex-appeal auprès des demoiselles, mais ils n'étaient pas encore assez proches pour ça ! Après quelques années de service, j'ai fait parti de la grande et belle famille du FBI, ironisa Dany avec néanmoins une grande part de vérité puisque ces années avaient été charnières dans sa vie privée comme professionnelles. Amis, femme, tous en découlaient d'une manière ou d'une autre. J'ai atterri sur le Renaissance parce que le costume noir commençait à être un peu délavé ! Sans surprise, il usait de l'humour pour masquer une vérité dérangeante dont il n'allait pas accabler Julian. Celui-ci n'avait pas envie d'entendre ses tristes peines de coeur ; c'était un stand de tir, pas un salon de thé.
Une nouvelle salve ? Vas-y, conclut Dany en remettant son casque et rechargeant son arme. Julian tira ses premières balles et une question taraudait Dany, qui la posa dès que ce fut possible. T'as dit qu'InGen t'avait enrôlé... donc cette île, c'est pas nouveau pour toi ? Il avait donc une longueur d'avance sur ce fameux terrain dont il parlait avec assurance. Dany comprenait mieux ; c'était pas la première fois et il avait sans doute déjà rencontrer un dinosaure !
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Blake, ça c'est le nom d'un type qui couvrira vos arrières.
Julian le regarda, les yeux légèrement arrondis, surpris par la remarque. Il pouffa doucement en secouant doucement la tête. Ce Lewis avait de l'humour au moins, ils s'entendraient sûrement. Et en réalité, il n'était pas si loin de la vérité. Julian avait toujours eu à cœur de protéger les siens, peu importait le rôle qu'il détenait. Combien de fois avait-il été blessé pour éviter qu'un collaborateur ne le soit ? Combien de coups avait-il prit lors de l'attentat ? Au delà de son endurance et de sa force naturelle qui lui donnaient une certaine capacité à bien encaisser, il portait un grand sens du sacrifice dont il n'aimait pas se vanter. À ses yeux, ça faisait partie du boulot. Tout comme ces entraînements qui permettaient plus de maîtriser la concentration que de viser juste en réalité. Il fallait être sacrément nul pour rater un dinosaure de plus de 3 mètres de haut, cependant, la moindre hésitation, le seul fait de se déconcentrer pour x raisons, pouvait être fatal à la mission à à l'individu. C'est ce qu'il avait voulu dire, à demi-mots en parlant de la réalité de terrain. Dany avait rebondi sur ses propos . Mais sur le terrain, il y a ce petit quelque chose en plus qui nous pousse à nous surpasser, pas vrai ?Et Julian avait renchérit en répondant à la question, non sans ironie. - Ouais, ce petit quelque chose c'est "rester en vie". Il avait agrémenté son point final d'un petit sourire entendu, convaincu que Lewis verrait parfaitement où il voulait en venir.
Comme son nouvel acolyte relevait ses origines, il hocha la tête sans se départir de son sourire. Il était plutôt fier d'être anglais, il se plaisait à l'être. L'autre lui conta alors son parcours avant d'arriver jusqu'ici. Américain, militaire puis FBI. Voilà qui était peu commun. Comme quoi, Miller n'avait pas fait les choses à moitié avec les nouvelles recrues. En parlant de Miller, la fille qui avait réalisé l'entraînement avec lui n'était-elle pas du FBI elle aussi ? Il ne se souvenait plus.
Toutefois, Julian rit au trait d'humour de Dany même s'il doutait qu'il s'agisse de la vraie raison. Les gens qui venaient ici étaient des assoiffés d'expériences extrêmes, ou bien ils avaient quelque chose à prouver ou encore ils fuyaient quelque chose. Restait à savoir dans quoi catégoriser Dany. FBI hein, ça force le respect.
Comme il proposait une autre salve, Dany lui laissa le choix de commencer. Julian venait juste de recharger son arme de 3 nouvelles balles. Il renfila son casque anti-bruit et se plaça en position. La salve détonna, puis il reposa le glock sur le petit comptoir, retirant son casque. Sur les trois, il y avait un très bon et un mauvais. Au moins il pouvait se consoler en réalisant qu'il restant constant...
T'as dit qu'InGen t'avait enrôlé... donc cette île, c'est pas nouveau pour toi ? Voilà, on y était. Il inspira doucement pour se donner de la force.
- Je suis arrivé sur Isla Nublar en 2013. J'arrive pas à croire que ça fait déjà 10 ans bordel. Son regard se perdit un cours instant dans ses pensées. Il était si jeune à l'époque...il avait envie de faire ses preuves, envie de montrer ce qu'il valait. Son parcours n'était pas enviable mais il avait le mérite d'exister. Il avait côtoyé la mort, y avait échappé un nombre insolent de fois, et il était à nouveau là. Comme s'il en voulait encore.
- T'as déjà vu un dinosaure ? Demanda-t-il très sérieux. En vrai et en liberté.
Ouais, ce petit quelque chose c'est "rester en vie". Dany avait ricané, aussi naturellement qu'une jeune demoiselle qui rougirait face à un compliment sur ses jolis yeux. C'était comme ça qu'il était, un humour qui ne faisait pas l'unanimité et le plaisir de se tortiller quand on en sortait une bonne. Rester en vie, c'était si évident qu'il n'avait pas réellement pensé à ça tandis qu'il avait parlé. Ca avait été identique en Irak, la vigilence était accrue sur les champs propices aux mines ou dans les villages reculés susceptibles d'abriter les ennemis de la Nation.
Rester en vie ouais... y a pas mal de trucs qui découle de ces simples trois mots... l'adrénaline, la peur, ou même tes couilles complètement gelées après une fraction de seconde où tu as cru y passer. Les joies du terrain... Ca lui manquait ! Et la hâte qu'il avait de passer aux choses sérieuses sur l'île qu'il dévorait du regard, depuis le bord du Renaissance, était chaque jour plus intense.
Pour Julian visiblement, sortir des bancs du bureau fédéral forçait le respect ! L'ancien agent lui adressa un petit sourire, les sourcils légèrement relevés pour marquer qu'il n'était qu'à moitié d'accord. En vérité, la plupart des choses qu'il s'était imaginé derrière les murs très secrets du FBI ne ressemblait pas à la réalité. Non pas que les Men In Black aient joué un rôle là-dedans (en fait, si, un peu) mais il y avait autant de pourris en costume noir que dans la société. Ca lui faisait penser à la fois où un collègue avait volé le travail d'un département de police qui avait mis la main sur une raclure recherchée dans plusieurs états, en prétextant sa juridiction et récoltant les lauriers... Mais il n'allait pas avouer ça à Julian, non, la désillusion serait trop brutale.
Son nouveau camarade Beta enchaina sa salve, Dany portant un regard sur chaque détonation. Il avait retiré son casque en même temps, écoutant le bonhomme répondre à sa question avec une étrange inspiration. Pourtant Dany n'avait pas trouvé sa question indiscrète, mais son interprétation du langage corporel étant terriblement faussée, il n'en tint pas rigueur. Pardon ? dix ans ? répétait le blond en fixant Julian de haut en bas, le trouvant déjà fort jeune. Attends mais t'avais quel âge y a dix ans ? Lui aussi s'était enrôlé jeune mais il ne saurait dire pour quelles raisons, ça n'avait rien de pareil la guerre et Jurassic World. Mais qu'est-ce qui t'as donné envie venir au bout du monde sur une île remplie de dino ? Cette question, Dany savait que s'il la posait à tous les employés de Masrani, il obtiendrait à chaque fois une réponse différente. Et bien sûr, les "parce que j'aime les dinosaures" n'était pas accepté ! Trop facile !
T'as déjà vu un dinosaure ? Dany ouvrait la bouche pour répondre "Oui, à la télé" mais Julian avait peut-être pressenti son tempérament et lui coupa l'herbe sous le pied avec une grâce incomparable. En vrai et en liberté. Rah, c'était frustrant, mais son âge mûr et la sagesse qui l'accompagnait eurent le dernier mot. Non. Jamais... Et la question que je me pose avant toutes les autres, c'est "est-ce que les vélociraptors avaient des plumes, oui ou non ?" expliquait Dany, "est-ce que leur peau est aussi épaisse qu'on le dit ?" Si j'me retrouve à court de balles, mon couteau me sauverait-il la vie ? Il haussa les épaules et alla prendre son arme qu'il chargea pour faire son tour de salve. Hésite pas à m'dire quoi si t'as les réponses, mon pote. Sur ces mots il enfila son casque et, après avoir rejoint son stand dans lequel Julian avait tout le loisir de pénétrer, il tira trois balles.
Ah, putain, grommela Dany en ôtant son casque. Il avait réussi son troisième tir mais ne voyait que les deux échecs gros comme son égo. Bon va falloir que je revienne ici au moins une fois par jour si j'veux que mon expérience Jurassic World ne prenne pas fin à la pemière mission...
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Visiblement, Dany était un homme de terrain. Julian pouvait le sentir facilement. À croire qu'avec le temps il avait développé des sortes d'antennes qui lui faisaient reconnaître ses pairs. Des mordus de l'action et de l'adrénaline. Ils étaient nombreux sur ce bateau. Fallait forcément aimer ça pour se retrouver ici, à venir capturer du dinosaure. Au moins, ces deux là avaient le même humour et la même vision du terrain. Voilà qui présageait de bonnes sessions de garde ou d'entrainement. Julian se promit de chercher à sociabiliser davantage. Ce n'était pas si simple en huit clos. Dès que les gens apprenaient qu'il était l'ancien responsable, les murmures commençaient. Pourquoi ne l'était-il plus ? Est-ce que le fiasco d'il y a quatre ans était de son fait ? Pourquoi Masrani l'avait-il reprit ? Pour l'instant, il ne se sentait pas d'attaque à affronter tout ça parce qu'il jugeait qu'il n'avait pas de compte à rendre à tous ces gens. Tous ces petits nouveaux, ignoraient encore comment ça se passait sur l'île. Le danger omniprésent et la façon dont n'importe qui peut disparaitre en un claquement de dent. Il en avait vu passer des responsables...le poste jouait aux chaises musicales. Il en avait vu passer des collègues. Et puis ces derniers avaient disparus pour plusieurs raisons. Parfois la peur les dévoraient, parfois c'était les dinosaures.
Certes, Julian était un peu arrogant, à cette époque il se considérait comme un des meilleurs. Mais avec le temps et l'expérience, il avait gagné un peu d'humilité. La chance avait beaucoup joué en sa faveur en dix ans. Sa survie lors de l'incident de l'Indominus en était la preuve la plus flagrante. Seul survivant de son unité de confinement.
Il ne pouvait cependant pas évoquer ce genre de choses, qui ne fuirait pas face à de tels propos ? Alors il préférait juste éviter d'en parler. Ça valait mieux pour tout le monde au final. Dix ans bordel, dont quatre à vouloir crever. C'était ça sa vie ? La question de Dany le fit sourire à moins que ce ne fut la manière dont il le dévisagea avant de le balayer du regard de haut en bas.
- J'avais 23 ans quand j'ai intégré l'unité de confinement d'Ingen, s'amusa-t-il. Quant à ce qui m'a donné envie de venir ? L'aventure évidemment, la soif de vivre dangereusement. Et puis quand même...bosser dans le premier parc à dinosaures, ça avait de la gueule sur le CV...
Plus personne ne l'attendait de toute façon. Il se garda de mentionner que sa vie privée avait toujours été très solitaire depuis le décès de sa mère. Les filles qu'il rencontrait passaient rarement le stade de coup d'un soir. Julian n'était pas le genre de garçon à se ranger. Sa vie à l'armée puis à Jurassic World ne lui avait pas laissé cette opportunité. L'aurait-il prise dans tous les cas ?
Alors Julian avait renvoyé la balle à ce nouveau collègue, lui posant la question cruciale pour les petits bleus dans son genre. Il rit à nouveau aux propos de Dany et haussa un sourcil, véritablement amusé et légèrement inquiet aussi. Il plaisantait n'est-ce pas ?
- Nos raptors n'ont pas de plume mais Blue à des écailles bleues magnifiques. La peau dépend de l'espèce et pour le couteau, là encore ça dépend, préféra-t-il répondre. Mais t'as conscience qu'on doit juste les capturer hein, pas en faire des trophées de chasse. C'est là toute la difficulté.
S'il suffisait de s'en débarasser, le problème aurait vite été réglé. Dany regagna sa stalle pour une nouvelle salve et Julian le suivit, plus par curiosité qu'autre chose. Aux propos de l'ex agent du FBI et suite à ses tirs, il lui offrit un sourire compatissant.
- Faut pas compter que sur le tir tu sais. En plus les fusils à fléchettes se comportent différement de nos armes de poing. Alors c'est important de s'entrainer à tirer, je ne dis pas le contraire mais dans la majorité des cas, le dinosaure est bien plus gros que la cible que tu as en face. En revanche, si tu veux survivre, je te conseille plutôt de travailler ton agilité et ta force. T'imagine pas à quel point savoir grimper vite à un arbre en foret tropicale peut te sauver le cul.
Combien de missions avait-il réalisé dans la jungle ? Combien de fois sa connaissance des lieux et celle des limites de son corps lui avaient sauvé la mise ? C'était aussi la dessus qu'il avait fait travailler Laura. De la survie en milieu hostile. Le flingue n'était qu'une option parmi d'autres.
Vingt-trois ans et déjà embarqué dans une aventure qui avait de la gueule, comme le disait si bien Julian. La soif de vivre des péripéties à conter plus tard avec fierté, c'était une raison bien suffisante pour Dany qui lui aussi en dehors de la présence d'Ava, se plaisait à imaginer de quoi serait fait sa première mission. Il avait eu vent du programme des secteurs à sécuriser avant de lancer réellement la machine, et déjà sur papier ça lui donnait fichtrement envie de descendre du bateau ! Qu'avait-il à en redire de toute façon ? Lui aussi s'était enrôlé à un jeune âge et ne le regrettait pas. Son parcours n'était pas tout blanc et il avait fait de lui, ce que Dany était aujourd'hui, mais le regret n'avait pas sa place dans son esprit à l'image d'un capharnaüm déjà bien en pagaille.
Fort heureusement aucun d'eux ne choisit de s'étaler sur leur vie privée respective, pour des raisons sans doute différentes, quoique seule la honte était assez forte pour sceller des lèvres trop bavardes ? De ce sentiment désagréable découlait tant d'autres choses, comme l'embarras, la gêne. Ils avaient, cependant, tout le temps d'apprendre à se connaître. La première leçon de l'armée était d'être conscient qu'on pourrait mourir demain, chose que Dany n'avait jamais appris à assimiler. Il ne se pensait pas immortel, mais refuserait de crever dans l'immédiat.
Nos raptors n'ont pas de plume mais Blue à des écailles bleues magnifiques. La peau dépend de l'espèce et pour le couteau, là encore ça dépend. Dany haussa un sourcil, sa bouche s'étirant dans ce qui voulait être un sourire un peu moqueur. Ils avaient donné un prénom à un raptor ? Pour de vrai ? Mais t'as conscience qu'on doit juste les capturer hein, pas en faire des trophées de chasse. C'est là toute la difficulté. L'ancien agent s'amusa de cette remarque, il ignorait donner cette impression d'être un chasseur compulsif en manque de gloire à étaler sur son mur. T'inquiètes, je tire pas pour tuer et j'aimerai bien ne jamais avoir à le faire. Il avait tiré pour se défendre lui et les autres, en Irak, mais c'était loin d'être la même besogne sur Isla Nublar. Il me faudrait un orgueil démesuré pour tirer à vue sur tout ce qui bouge sur cette île, fit-il remarquer à son camarade d'équipe. De l'orgueil, Dany en avait, mais de là à vouloir abattre un être vivant qui avait vu le jour des millions d'années avant lui ? Ca en ferait un sacré salopard, c'était sûr. Puis il avait signé un contrat, sans avoir lu les petites lignes il pouvait facilement deviner que l'une d'elle disait de ne pas tuer les inoffensives créations du labo qui coûtait la peau cul.
Faut pas compter que sur le tir tu sais. En plus les fusils à fléchettes se comportent différement de nos armes de poing. Dany était tout ouïe aux conseils de Julian, d'autant plus que les tirs à fléchette étaient loin d'être une spécialité de l'U.S. Army. Alors c'est important de s'entrainer à tirer, je ne dis pas le contraire mais dans la majorité des cas, le dinosaure est bien plus gros que la cible que tu as en face. Il approuva les paroles du plus jeune d'un hochement de tête, ça lui faisait un peu drôle que ce beau gosse, dont le visage arborait moins de rides, ait des compétences plus riches dans un domaine où lui se considérait comme un débutant. Dany préféra se dire ne rien savoir pour mieux assimiler, que prétendre en connaître un rayon et se reposer sur des lauriers gagnés dans d'anciens combats. En revanche, si tu veux survivre, je te conseille plutôt de travailler ton agilité et ta force. T'imagine pas à quel point savoir grimper vite à un arbre en foret tropicale peut te sauver le cul. Encore une fois, le rire de Dany retentit au milieu du ballet des balles avoisinantes. Ok, ça c'était le dernier conseil que je m'imaginais recevoir et pourtant il a vachement de sens ! Ca grimpe pas d'arbres, un dinosaure ! Courir longtemps, il savait y faire ; ces heures sur la plage tous les matins à faire son jogging ou les entraînements en pente l'avaient convaincu de son efficacité. Grimper un tronc, c'était pas donné, le poids de son propre corps étant lourd à hisser. J'en tiendrais compte quand je serai lâché dans l'arêne, merci.
Sa salve était terminée pour aujourd'hui, Julian avait été clair ; il fallait favoriser la force et l'agilité. C'était un bon conseil et il n'était pas entré dans l'oreille d'un sourd. Des milieux hostiles j'en ai connu, mais ils étaient différents. J'repars clairement de zéro et j'me dis que j'ai plus de chance à me rappeler que j'ai tout à apprendre. Mais alors du coup, toi qui es pas un élément novice des troupes, t'as des anecdotes à raconter ? des missions ? des rencontres à crocs aiguisés sur l'île ? interrogea-t-il en croisant les bras, intéressé par l'expertise et le point de vue de Julian. Tâter le terrain, c'était son truc.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
