L'île d'Isla Nublar se dressait au loin derrière le navire, comme une relique perdue dans le temps. C'était un sanctuaire laissé à l'abandon, un eden sauvage où les monstres du passé avaient repris leur règne, faisant fi de la main de l'Homme qui avait eu l'orgueil immense de croire qu'il pouvait la contrôler. Depuis l'hélicoptère, Dany imaginait bien la nature à l'état brut qui enveloppait chaque recoin de cet immense terrain. L'image de ces géants d'un autre monde se dessina dans son esprit curieux, alors que l'hélico sortit de la brume épaisse. Mettant le cap sur la piste extérieure du Renaissance, le nouvel agent de sécurité se préparait à mettre pied à terre. La balade dans les airs avait été un tourment pour son estomac à présent tout retourné et un plaisir pour la vue qu'elle lui offrit. Les pales tourbillonnantes fendaient encore l'air lorsqu'il quitta son siège. Merci pour la promenade, Martinez ! lança-t-il au pilote, une jeune femme qui mettrait n'importe quel trouillard en confiance qui monterait dans sa bécane des cieux. Elle savait manier l'engin et avait rendu l'expérience assez belle pour en faire un souvenir agréable !
Un saut bien rôdé et le voilà qui marchait sur le navire qui le recueillerait pour les jours, ou semaines à venir. On lui avait préalablement expliqué qu'ils ne seraient pas lâchés sur l'île sans un minimum de protocoles, et ça, ça faisait plaisir. Deux autres nouvelles recrues étaient présentes avec lui et ensemble, ils furent dirigés à l'intérieur du bâteau. Dany prit tout de même un instant pour effleurer d'un regard émerveillé, la flotte à perte de vue mais surtout, les contours d'Isla Nublar qui les attendait patiemment au loin. Que cherchait-il à voir en scrutant avec autant d'intensité cette flore éparpillée ? En vérité, même l'ombre d'une de ses bêtes l'aurait satisfait, mais rien n'apparut. Ses pas reprirent la cadence vers l'infirmerie, un passage visiblement nécessaire pour lui. A part l'impression d'une gueule de bois au lendemain d'une soirée bien arrosée, il n'y avait rien à signaler.
Dans les couloirs du navire, un membre du personnel dispatcha les arrivants. Il se retrouva seul à marcher vers l'infirmerie et, portant son gros sacsur l'épaule d'une main nonchalante, parla à la dame qui l'accompagnait à destination. Dites, y a un soucis pour que j'aille pas avec les autres ? Sa question ne fit même pas relever les yeux de son interlocutrice, qui les avaient rivé sur son écran. Quelques points à éclaircir dans votre dossier médical, Monsieur Lewis. Une réponse claire et brève, dite sur un ton qui n'engagea à aucune remarque de sa part. Excepté peut-être... "Monsieur Lewis" c'est mon père... marmonna-t-il dans sa barbe mal taillée. Cette occasion, ce nouveau job, aurait dû être le moment idéal pour se mettre sur son trente-et-un. Mais Dany n'en avait eu cure, de cet aspect de ce nouveau contrat. Il n'était pas venu ici pour se faire bien voir, et de toute évidence comme en témoignait ses débuts au FBI, il n'était clairement pas doué pour donner une première bonne impression. Les efforts, c'était avant, quand Ava faisait partie intégrante de sa vie. Aujourd'hui, un haussement d'épaules balayait ses conventions sociales. Pourquoi faire un quelconque effort lorsqu'on avait perdu tout ce en quoi on tenait ?
La porte de l'infirmerie se dessina enfin dans son champs de vision. Il passa le seuil de la salle, son regard azur observant la pièce d'un oeil tactique ; une habitude ancrée depuis l'armée, dont jamais il n'allait se défaire. Installez-vous, lui dit la dame au chignon si serré que Dany se demanda comment ses cheveux tenaient encore sur ce crâne. Sage, il prit place après avoir posé son lourd bagage sur le sol impeccable. Lors de la phase de recrutement, vous avez été soumis à un bilan de santé préliminaire mais je ne vois pas d'évaluation psychologique ? Dany leva les yeux au ciel. Bien sûr que si, regardez mieux... Celle-ci ne nous est d'aucune utilité, Monsieur Lewis, elle date de 2012 et a été effectuée par votre ancien employeur. Elle n'allait pas lâcher l'affaire. C'était des personnes comme elle, qui faisait méticuleusement leur travail, qu'il fallait engager au bureau fédéral. En dix ans j'ai pas trop changé, vous savez, rétorqua Dany sur un ton très - trop - amical pour qu'elle lui lâche la grappe. Navrée, c'est le protocole. Madame Lane aura des disponibilités dès la semaine prochaine, la date et l'heure du rendez-vous vous seront communiquées prochainement. Bien, levez votre manche, s'il vous plaît, demanda l'infirmière en s'emparant du tensiomètre comme Dany le ferait avec une arme de choix.
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S'il y a bien une chose que je peux dire sur ces deux jours en enfer c'est que je me suis détestée tout le long. Malade comme un chien, vidée de toute mon énergie, je ne me suis pas reconnue dans ce que j'ai fais et autant avouer que je le digère mal... Cela fait seulement 5 minutes que nous avons rejoins le Renaissance et après un rapide débriefing, Shaw m'a donné l'ordre de rejoindre l'infirmerie histoire que le personnel vérifie ce qui m'arrive depuis deux jours. Je ne me fais pas prier pour m'y rendre et lorsque j'entre dans la pièce dans laquelle sont disposés quelques lits, séparés de rideaux, je suis à la fois soulagée parce que je vais me faire soigner et inquiète parce que je doute qu'une simple ration soit la cause de tout ce désagrément.
On me fait m'asseoir sur un lit puis l'infirmière disparait, tirant les rideaux pour que je sois un peu tranquille. Assise sur le bord du lit, les jambes ballantes, je ferme les yeux et fais craquer mon cou, laissant un soupir de soulagement s'échapper de mes lèvres. Au loin, je perçois des bruits de pas et des brides de conversation, signes que je ne serai bientôt plus seule ici mais peu importe... Tant qu'on s'occupe de moi, les autres font ce qu'ils veulent.
Je passe le bout de ma langue sur mes lèvres et viens agripper l'arrière de mon cou de ma main droite avant de faire doucement aller et venir ma tête, toujours les yeux fermés.
Celle-ci ne nous est d'aucune utilité, Monsieur Lewis, elle date de 2012 et a été effectuée par votre ancien employeur.
Je tique, m'arrête de bouger et fronce les sourcils quelques secondes avant d'ouvrir les yeux. Non, des Lewis, il y en a plein sur cette planète et puis des Lewis qui veulent bosser avec des dinos aussi... Toujours assise sur le bord de mon lit, je n'ose pas bouger. Je n'ose pas bouger et je retiens mon souffle.... Je retiens mon souffle et mon estomac se tord alors que j'entends le son de la voix qui répond à l'infirmière.
J'ouvre immédiatement les yeux, les écarquille et remonte inconsciemment mes jambes, comme si ça allait pouvoir changer quelque chose. La peur me noue le ventre alors que j'essaie de me convaincre que cette voix, ce n'est pas la sienne... Après tout, quelles sont les chances pour qu'on soit tous les deux au même endroit et qu'on participe à la même chose... Elles sont censées être faibles non ? Faut croire que non parce que MERDE, mon ex-mari est là, à quelques lits du mien en train de se faire ausculter par l'infirmière.
D'ailleurs, au même moment, elle pousse doucement le rideau.
Donnez moi ce bras Madame Mill**...
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase parce que je suis en train de secouer la tête et de lui faire signe de se taire, un doigt posé sur ma bouche. Je me crispe tout entière et lui tend mon bras tout en lui faisant les gros yeux. Le message est clair... interdiction de prononcer mon nom !
De ma main libre, j'agrippe le drap du lit et détourne la tête, j'ai toujours eu horreur des prises de sang. Je laisse échapper un léger son et je m'en veux immédiatement.
"Humpf..."
Je soupire et fais mine de me frapper le front de la main sous le regard médusé de l'infirmière qui se lève de son tabouret, échantillons dans la main et disparaît aussi vite qu'elle est arrivée... Je me laisse tomber en arrière sur le lit et espère qu'il va quitter l'infirmerie sans porter attention à ce lit entouré de rideaux...
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Le soupir las qu'il voulut réfréner s'étouffa dans sa gorge. Ce n'était pas le moment de se montrer ingrat face à la situation, elle ne faisait que son travail et elle le faisait bien. Ok, ok, va pour une consultation avec le docteur Lane. Dany esquissa un sourire en coin ; il avait tenté le coup et il avait perdu, c'était le jeu. Si l'évaluation psychologique le rebutait à ce point, c'était simplement parce qu'il était conscient que le médecin noterait un état dépressif. Une dégradation qui avait commencé en plein milieu de son mariage, qui s'était empirée avec un divorce qu'il n'acceptait pas et une séparation pure et dure. Il aurait été particulièrement désappointé que son bilan l'empêche d'être recruté pour la mission, alors il n'avait rien risqué. Docile, Dany releva sa manche et tendit son bras. L'infirmière y enroula le tensiomètre et nota un résultat un peu trop élevé.
Ce sont les dinosaures qui vous angoissent, Monsieur Lewis, ou il y a autre chose ? demanda-t-elle, plus détendue maintenant que son patient était moins réfractaire. Et bien je poserai la question au Dr. Lane ? sourit l'agent, qui avait parlé sur un ton un brin sarcastique. L'infirmière ôta le tensiomètre et s'excusa une minute, elle devait visiblement passer voir un autre patient. Il s'étonna de la voir seule, un tel navire devrait avoir assez de subvention pour se payer des tas d'employés, non ? Tandis que son moment de solitude s'éternisa, par ennui il tenta d'écouter les bribes de conversation du lit aux rideaux tirés, vers le fond de la salle, d'où provenait quelques plaintes. En voyant l'infirmière ressortir avec le prélèvement sanguin, il sourit, ça lui rappelait sa propre fem... son ex-femme, qui en avait horreur. Dany se leva, si c'était un futur collègue, autant se montrer avenant et prendre les devants.
Sortant du dispensaire, la soignante alerta de son retour imminent. Je reviens tout de suite, Monsieur Lewis, ça va être votre tour. Dany hocha la tête puis s'avança vers l'inconnu. Il ne tira pas les rideaux par respect pour l'intimité, mais se permit de faire tranquillement la conversation. Alors, commença-t-il par dire, on a peur d'une piqûre mais on est ok pour une mission suicide ? Il sourit, amusé ; un simple bonjour aurait été suffisant mais ce n'était définitivement pas son approche. Moi c'est Dany, je viens d'arriver. J'occupe une place dans la sécu, groupe beta, et toi ?
A l'armée, sa confiance en ses frères d'arme était sans limite. C'était comme ça qu'on survivait sur le terrain, en remettant sa vie entre les mains de ses camarades et vice versa. On devait partir du principe que toute l'escouade ne faisait qu'un et que seul, on était cuit. C'était sa philosophie et elle lui paraissait infaillible. La preuve, il pouvait se vanter d'être en vie. Cette même approche serait mise en action dès le premier jour, Dany mettait un point d'honneur à se lier avec le reste de l'équipage, mais surtout de ses plus proches collègues. Isla Nublar n'était pas un terrain de jeu, ça il le savait. Ce n'était pas pour rien qu'au recrutement, ils avaient insisté sur la dangerosité de la mission. Cela n'avait fait qu'attiser sa détermination ; bien que séparés, bien qu'il n'avait plus à penser à elle, il lui était impossible de laisser Ava s'y aventurer seule. A chaque fois que Dany y pensait, ça lui foutait un coup au moral. Il savait qu'elle était présente quelque part sur le Renaissance et n'avait absolument pas anticipé quoique ce soit. Sa réaction, ses premiers mots, l'intensité de son regard ; tout ça relèverait de la surprise. Et au fond, devait-il réellement y accorder de l'importance ? La distance qu'Ava avait mise entre eux lançait un message très clair : c'est terminé.
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Allongée sur le lit, je passe une main sur mon front, toujours silencieuse, osant à peine laisser échapper un soupir. Je sais que c'est lui, sa voix je la reconnaitrais entre mille... Je ferme les yeux et tente tant bien que mal de chasser la migraine qui pointe le bout de son nez. Je frémis lorsque je l'entends une nouvelle fois et prends sur moi pour ne pas sortir de là... même si l'envie de lui rentrer dedans est bien présente... Je veux savoir pourquoi il est là mais pas comme ça, pas ici et surtout, en face à face... mais là, je ne suis pas vraiment en état pour mener cette petite guerre qui use autant qu'une grosse.
Je remonte mes jambes, pose mes mains sur mes cuisses et essaie de me reposer en tentant de ne plus penser à Dany qui est là, à quelques lits du mien. Les secondes passent, j'entends des bruits de pas et je finis par me dire que l'infirmière est partie faire ce qu'elle a à faire mais très vite, je déchante. Les pas s'approchent encore et dans l'espace entre le rideau et le sol, j'aperçois une paire de rangers qui s'arrête juste là, face à moi, de l'autre côté.
La voix... sa voix résonne encore sauf que cette fois elle me parle à moi. Je serre les dents, me prends la tête entre les mains et finis par me redresser. Je laisse passer quelques secondes après la dernière question, essayant encore et toujours de me dire que si je ne réponds pas, il me laissera tranquille mais la petite voix au fond de moi me fait savoir qu'il est temps... qu'il faut que je lui parle, que je lui pose la question.
Assise en tailleur sur le lit, le rideau toujours fermé, je prends une inspiration et fixe dans la direction où il semble être.
"Pourquoi tu es là ?"
Je sais qu'il va me reconnaître, ça ne fait aucun doute... et moi, assise sur le lit, j'hésite encore entre rentrer dans une colère noire ou pleurer.... Mais je ne veux pas lui faire ce plaisir... Je veux garder le contrôle comme j'ai toujours su le faire...
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La réponse tarda à arriver depuis l'autre côté du rideau. Dany fronça des sourcils, soucieux de n'entendre personne lui répondre. Etait-elle en souffrance ? Après t out sa présence à l'infirmerie était due à un mal, peut-être même qu'elle étouffait derrière pour une multitude de raisons et n'arrivait pas à appeler à l'aide ? Efficace dans son travail, il avait simplement décider d'agir. Sa main s'était relevée pour tirer sur le rideau blanc mais Dany stoppa net son geste lorsque cette voix, particulière et bien connue dans sa mémoire, s'éleva. Pourquoi tu es là ? Son bras se baissa, lentement, tandis que les battements de son cœur déferlaient sous sa poitrine. Même si ce n'était pas une surprise de la savoir là, ça l'était de la savoir là, maintenant. Il n'aurait pas imaginé lui faire face si vite, dès le premier jour, coincé dans une pièce dont il n'avait pas encore le droit de sortir. Dany inspira longuement, se fichant bien qu'elle entende ce long soupir las qui s'en suivit. Au contraire, il voulait qu'Ava sache qu'il y avait bel et bien un problème de taille majeur qu'on ne pouvait ignorer ; sa fuite, pure et simple, vers New York. Il la suspectait d'être partie sans rien dire parce que le revoir aurait peut-être pu lui faire changer la décision ? Les sentiments étaient toujours présents à cette époque, Ava avait-elle eu peur de ce qui se terrait encore au fond d'elle ? Peu importait en vérité les raisons ou les suppositions. Dany estimait que s'il avait un minimum compté à ses yeux, elle l'aurait mis au courant de vive voix.
Alors, reprenant son aplomb, l'ancien soldat se barricada dans sa carapace. Il l'avait forgée au fil des années mais n'était nullement infaillible. J'ignorais que tu avais le monopole sur tout ça ? répondit Dany sur un ton qui se voulait neutre, mais où un soupçon de sarcasme pointa son nez, à cause des rancœurs. Il mit ses mains dans les poches et abandonna l'idée d'ouvrir ce fichu rideau. C'était plus facile de lui parler ainsi que de la voir réellement, elle, son regard si intense et ses lèvres si ch... Dany secoua la tête et reprit ses esprits. Toujours debout, il s'adossa au mur. Il avait longtemps réfléchi s'il devait mentir ou non, sur la raison de sa présence ici. Et à Ava, il ne lui avait jamais craché de mensonges à la figure. Ce n'était pas maintenant, sous prétexte d'être séparé, qu'il allait commencer. J'ai appris que t'avais rejoint cette... stupide, folle et dangereuse, mission de reconquête via des collègues. Autant jouer carte sur table dès le début. Sa voix était calme, presque sereine, même si son état intérieurement était tout autre. Il était partagé entre une multitude d'émotions et de sentiments, de frissons et de colère, de tendresse et de tristesse. Que c'est John qui t'a proposé cette folie. Quel inconscient. Comme il lui en voulait, à ce cousin, d'avoir mis Ava en danger. Pour Dany, tout ça était une mission suicide dans laquelle son ex-femme n'avait pas sa place. Ce n'était pas qu'il la pensait incapable, mais le lien qui l'unissait à elle était encore intact et le forçait à prendre soin d'elle. A veiller, à protéger.
Bordel, c'était quand même une île peuplée de dinosaures !
Je savais que tu n'écouterais personne si on te disait de renoncer à tout ça. Alors j'suis venu. Il eut un petit rire de circonstance, soufflant du nez. Toute façon je commençais à m'ennuyer au FBI...
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La question est posée... et je sens bien qu'il y a une réaction de l'autre côté du rideau... un blanc s'installe quelques instants dans l'infirmerie tandis que moi, je continue de fixer l'endroit où il se trouve. Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration et j'attends, bien sagement, qu'il brise le silence... Je sais que j'ai énormément de tort sur ce qu'il s'est passé, sur l'échec de notre mariage mais je ne suis pas seule dans ce cas... Nous en avons tous les deux... Seulement, je pense qu'il a tout simplement oublié les siens... Assise en tailleur, mains posées sur mes jambes, j'attends, le souffle court, incapable de dire ou faire quoi que ce soit d'autre.
Lorsque finalement il brise le silence et répond par une nouvelle question, je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel, pas vraiment étonnée par sa façon de répondre... Après tout, je m'attendais à quoi après tout ça ? je me mords les lèvres une nouvelle fois et détourne le regard de ce rideau en espérant que la colère ne se fasse pas trop insistante. Je prends sur moi pour ne pas bondir hors de cette chambre improvisée et il me faut quelques secondes pour faire redescendre la pression.
Une nouvelle fois, Dany prend la parole et continue sur sa lancée avouant le pourquoi de sa présence ici... Je ferme les yeux et attends quelques secondes avant de répondre.
"Je ne pensais pas avoir de compte à te rendre..."
Nous sommes divorcés, nous n'avons plus aucun lien qui nous unit... du moins c'est ce que je pensais mais visiblement, il est toujours bien renseigné sur moi... Par contre, lorsqu'il en vient à prononcer le prénom de John pour, à moitié, rejeter une quelconque faute sur lui, je pousse un râle d'agacement et ma langue vient claquer sur mon palais, signe que je suis en train de perdre patience. Il continue, il en rajoute et termine en me faisant savoir que le FBI commençait à l'ennuyer. Je me mords les lèvres, descends de mon lit et tire sèchement sur le rideau pour l'ouvrir.
je m'arrête quelques secondes, alors qu'il est juste là, face à moi. On ne s'est pas revu depuis le divorce et force est de constater qu'il n'a pas vraiment changer mise à part cette barbe. Je penche doucement la tête sur le côté et plisse les yeux, sourcils froncés.
"Pourquoi tu es là Dany ? Je dois de l'argent ? Un truc que je ne t'ai pas rendu ? Tu veux quoi ?"
Je le fixe droit dans les yeux avec un air de défi et j'attends...
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
"De compte à rendre". C'était Ava tout craché, à parler de devoirs plutôt que sentiments. Jamais il n'aurait pensé qu'elle lui devait quoique ce soit, il pensait au-delà de cette idée si matérialiste. Entre eux, ça avait été plus fort que les apparences et la superficialité des relations générales, non ? Ils s'étaient réellement aimés, l'éclair de la foudre les mettant sur le même pied d'égalité. Si les rôles avaient été inversés, Dany le savait, il en était certain ; jamais il n'aurait pu lui faire subir ces silences, ces disparitions. Pas sans une explication qui aurait pu aider à faire le deuil d'une relation. Mais il avait continué dans son élan sans prendre la peine de répondre à ce premier affront, car c'en était bien un. A la fin de sa tirade, Dany savait qu'elle allait réagir. Il avait lancé plusieurs piques, de façon totalement délibérée, pour qu'elle sorte de sa cachette. Et ce fut le cas, aisément. Ava tira sur le rideau qui les séparait et le toisa d'un regard qu'il avait deviné et attendu. Lui reste un instant bouche bée, figé devant la vision de son ex-femme qui était enfin là. Sous ses yeux
Pourquoi tu es là Dany ? Je dois de l'argent ?
Il mentirait s'il affirmait n'avoir jamais pensé à ce moment où il la reverrait pour la première fois, après presque deux années de silence radio. Ses jambes étaient fébriles sous sa masse musculaire, trahissant sa nervosité, sa colère, son affection. Tout un cocktail unique et personnalisé pour une femme qui lui en avait fait voir de toutes les couleurs, qui lui en avait fait autant baver que donner au centuple... jusqu'à un certain point de non retour. Cet air de défi qui rendait son regard si dur, pourquoi l'arborait-elle avec autant de colère et d'exaspération ? C'était elle, qui avait mis fin à tout. Qui était partie faire l'autruche, auprès de son cousin, car lui bien sûr était une épaule fiable pour pleurer et la complaire dans sa stupide décision ?!
Un truc que je ne t'ai pas rendu ? Tu veux quoi ? Dany fronça des sourcils, serrant des poings. Elle n'avait pas le droit de tirer sur la corde raide, pas après tout ça. Si on parlait de chose non rendue, alors oui, Ava lui avait certainement pris beaucoup. Enormément de l'homme qu'il était avant qu'elle ne fasse tomber ce château de cartes fragiles, qu'il avait pensé être un solide socle. Tu.. non mais tu t'entends parler, sérieusement ? rétorqua-t-il en se rapprochant d'un pas, la voix plus basse pour ne pas être écouté si l'infirmière refaisait surface. Après deux ans c'est ça, que tu me dis, c'est de ça qu'on parle ?! Pas de salut Dany, j'espère que tu vas bien ? Il s'écarta, sa main venant lisser sa barbe, un geste impulsif quand il se retenait de parler sans réfléchir. Et cet exercice lui demandait une violente concentration, pour lui qui avait délaissé petit à petit son filtre. Tu t'es tirée comme si rien n'avait jamais existé entre nous, alors tu vois, j'ai même pas à te répondre. En faisant les cent pas dans un petit rayon, il souffla pour récupérer un rythme cardiaque normal. Celui-ci était en chute libre, la présence d'Ava, ce parfum exquis lui avait empli les narines lorsqu'il s'était approché d'elle. Il avait adoré revoir ce grain de peau, déjà si doux à la vue, et mille fois plus au toucher. Avant ou maintenant, cette même emprise enveloppait Dany. Depuis toujours, Ava avait ce pouvoir sur lui.
La cadence de ses pas ralentit. Donc... tu choisis quoi ? On discute comme des grands et on demande une sucette à l'infirmière en partant, ou on s'engueule ? lança-t-il dans un léger haussement d'épaule. Ce qui est fait, est fait, je suis là maintenant. On va visiblement devoir cohabiter. Il avait voulu rajouter "Pour le meilleur et pour le pire, chérie" mais ce n'était pas le moment opportun pour les jeux de mots de mauvais goûts. Bien que cela soit une de ses spécialités.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
J'y vais probablement un peu trop fort mais je n'arrive pas à me sentir autrement que sur la défensive. Les mains posées sur les barreaux au pied du lit, je suis prête à bondir mais je dois aussi lutter contre ces nausées qui ont l'air de trouver le moment opportun pour revenir. Je le regarde droit dans les yeux, je ne me démonte pas, hors de question... Mais le plus important, c'est que je fais un effort considérable pour ne pas repenser à tout ce qu'il s'est passé, à tout ce qui m'a poussée à quitter Dany. Comme à son habitude, il ne se démonte pas et moi non plus. On a toujours été comme ça, le feu + le feu... à chaque dispute, le feu s'étendait puis tout aussi vite, on l'éteignait. La passion... oui, c'était ce genre de relation là... Il se rapproche d'un pas, je recule d'un cran sans pour autant le quitter des yeux.
Je plisse les yeux tandis qu'il lâche qu'il aurait probablement voulu que je lui demande comment il va après tout ce temps. Je serre mes doigts autour des barreaux et prends une profonde inspiration.
"Tu veux vraiment qu'on s'engueule maintenant, ici ? C'est pas vraiment le moment je pense mais pas de soucis, si tu veux qu'on en arrive là, offrons à tout le monde le genre de prise de tête pour lequel on est doué !"
Mon sang bouillonne, j'ai le bide en vrac, mal partout, je suis fatiguée et j'ai juste envie de m'allonger et de me reposer mais apparemment, le destin est un vilain farceur parce qu'il a fait en sorte que mon ex-mari fasse son apparition, ici, sur ce bateau. Je me laisse retomber sur le lit, distance toujours maintenue entre lui et moi et je remonte mes jambes contre moi.
"Du coup... Comment tu vas ?"
Un sourire en coin s'affiche sur mon visage. Il veut jouer la carte de la politesse ? pas de soucis mais de nous deux, je pense que c'est lui qui ne supportera pas le jeu, pas moi. Le voir ici me coûte, vraiment et je dois faire abstraction sur cette petite voix qui, depuis deux ans n'a de cesse de me dire que je vais finir par regretter mon choix.
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Rhaa ! Quel caractère ! Aussi fidèle que dans ses souvenirs, et pourtant, c'était comme si Dany la redécouvrait. Elle avait érigé ce mur entre eux d'eux, qu'elle semblait peiner à maintenir debout. Pourquoi se faire violence pour garder autant de distance, qu'est-ce qui pouvait bien la mettre dans cet état ? De son point de vue, ils ne s'étaient pourtant pas quittés en si mauvais terme que ça... y avait pire, comme séparation. Y avait toujours pire. La leur avait été épargné de cris et de pleurs, mais dans ces silences pesants, ils avaient enfouis tout ce qui n'avait pas été extériorisé. Non, j'veux pas qu'on s'engueule. Je t'ai dit, j'suis pas ici pour ça. Et s'ils commençaient à se crier l'un sur l'autre, il déciderait simplement de la planter là et partir à la découverte de son dortoir. Hors de question de se prendre la tête dès son premier jour !
Ava reprenait sa place sur l'inconfortable lit, dans une position qui trahissait son inconfort. La tension avait l'air de retomber lentement. En rejoignant l'équipe, Dany savait que ce serait à lui de faire le premier pas vers elle. Sans doute le second et le troisième aussi... Il n'allait pas lésiner sur les efforts, et ce même si elle lui lançait ses regards noirs, même si son attitude le poussait vers la sortie. Puis, Ava le connaissait assez pour savoir que son entêtement dépassait les montagnes.
Du coup... Comment tu vas ?
Dany détailla ce sourire qui naquit sur le visage éprouvé de celle qui fut jadis, sa partenaire. A son tour, il laissa ses lèvres s'étirer dans cette fine esquisse, conscience qu'elle venait d'accepter de jouer à ce jeu dangereux. Celui dont elle ne le croyait probablement pas capable de tenir. Mais l'homme qu'elle avait abandonné n'était plus là, aujourd'hui. En bien des choses, il s'était endurci et cela valait surtout pour tout ce qui avait attrait à elle, à leur ancienne relation. Il se déplaça jusqu'au lit à côté du sien, le contourna pour s'y asseoir aussi. Plus d'un bon mètre les séparait mais c'était amplement suffisant pour échanger quelques mots, sans avoir l'impression que l'un n'entre dans la bulle de l'autre. J'imagine que ça va, mentit Dany qui ne se voyait pas s'étaler sur ses états. Elle avait forcément entendu les mots échangés plus tôt avec l'infirmière, concernant le bilan psychologique, qui étaient un bon indice sur la véritable réponse à cette question.
Et toi ? demanda-t-il sincèrement. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? A priori, elle n'avait pas le mal de mer, alors que faisait Ava si mal en point à l'infirmerie ? Il repensa alors au speech d'entrée et se rappela des entrainements qui devaient avoir lieu. L'entraînement s'est mal passé ?
La charmante dame au chignon trop serré choisit cet instant pour revenir. Elle ne fut pas plus surprise que ça de voir son patient qui avait changé de place, aussi elle le rejoignit. Monsieur Lewis, votre bras s'il vous plaît, dit-elle en prenant un garrot pour faire plus facilement ressortir les veines. Serrez le poing... Voilà, parfait. Tandis qu'elle nettoyait la zone de prélèvement avec un coton imbibé d'antiseptique, Dany lança un regard vers Ava, juste pour se persuader qu'elle n'était pas un mirage. Mais bel et bien là. La prise de sang c'est pour quoi ? Nous surveillons de près tous nos agents de terrain, Monsieur Lewis, au moins une fois par mois. Le suivi de l'état de santé général des employés est une priorité de l'équipe médicale. De vrais professionnels, c'est du sérieux ici ! taquina Dany sur un ton particulièrement jovial. Un peu trop, mais seul les connaisseurs entendraient la fausse note dans sa voix.
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Ni lui ni moi nous ne voulons des prises de tête et c'est une très bonne chose parce que je ne me sens pas capable de m'engueuler avec lui là de suite. Mon estomac produit un bruit étrange et je grimace avant de poser de nouveau mes yeux sur Dany... C'est fou mais même après tout ce temps, je réalise qu'il n'a pas tellement changé que ça et que je peux encore voir toutes ces petites choses qui m'ont faite tomber amoureuse... malheureusement, la vie en a décidé autrement et nous n'avons pas su traverser les épreuves... enfin, je n'ai pas su traverser les épreuves... Beaucoup de monde n'a pas compris ma décision et beaucoup encore ne comprenne toujours pas... mais je n'attends pas validation de leur part... que ça plaise ou non.
Je remet mon masque de façade, souris et demande à Dany, du coup, comment il va. Ce petit jeu, c'était une habitude chez nous et faut croire que malgré tout, elles n'ont pas été perdues... Je remonte mes jambes et lorsque Dany vient s'installer sur le lit près du mien, je ne le quitte pas des yeux, juste pour m'assurer qu'il ne pénètre pas dans mon espace... Je fronce les sourcils, plisse les yeux quelques secondes tandis qu'il me répond que ça va. Je hausse les épaules et penche la tête sur le côté, mon regard toujours posé sur lui.
"Tant mieux..."
Je ne dis rien de plus et je ne mentionne pas non plus ce que j'ai pu entendre... après tout, ça ne me regarde plus... Heureusement ou non, Dany me retourne la question en me demandant comment je vais avant de demander pourquoi je suis ici. Je ne dis rien, grimace légèrement et inspire profondément tandis qu'il me demande si l'entraînement s'est mal passé. Je laisse échapper un léger grognement et pose mes yeux sur lui.
"Ils pensent que je me suis faite piquer par quelque chose..."
Au même moment, l'infirmière refait son apparition et demande le bras de Dany pour lui faire une prise de sang. Contrairement à moi, il n'hésite pas à lui tendre le bras et moi, je suis obligée de détourner le regard quelques secondes, le temps qu'elle ait terminé. Une fois chose faite, Dany finit par demander pourquoi la prise de sang et l'infirmière lui fait savoir que c'est une histoire de contrôle. Il en profite pour répondre mais je reconnais immédiatement la tonalité que sa phrase prend... mais là encore, je ne dis rien. L'infirmière se tourne vers moi, me tend un médicament pour les nausées et disparait aussi vite qu'elle est arrivée.
Assis tous les deux, chacun dans notre lit, j'essaie de ne pas trop penser aux moments où Dany prenait soin de moi lorsque j'étais malade... Je secoue légèrement la tête pour retirer tout ces souvenirs et inspire une nouvelle fois.
"Alors... Groupe Bêta c'est ça ?"
Trouver un sujet de discussion autre que nous, penser à autre chose et croiser les doigts pour que nos routes se croisent le moins souvent possible... c'est ce qui m'aide à tenir... c'est ce qui m'aide à me dire que je n'ai pas été la dernière des idiotes en envoyant tout plaquer.
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
Les échanges visuels étaient encore discrèts, presque timides. Dany ne laissait ses yeux se poser sur Ava que lorsqu'elle regardait ailleurs ; dès lors qu'elle dévia ses pupilles vers lui, il détournait les siennes. Pour cet ancien couple qui se contemplait indéfiniment lors de leur ébat fiévreux, à l'époque, c'était une première. Mais le temps leur avait prouvé que rien n'était définitif, que le changement opérerait même sur eux. Car Dany s'était de nombreuses fois consolés, les jours et semaines suivant la rupture, que ça n'allait pas durer. Qu'Ava reviendra et que c'était du bluff pour lui montrer qu'elle n'était pas acquise.
Et pourtant.
Ils pensent que je me suis faite piquer par quelque chose... Dany pouffa dans sa barbe. Ce n'était pas exactement à ce genre de dangers dont il voulait la préserver mais au final, un peu quand même. Elle avait décidé de poser bagage sur cette maudite île, alors ainsi soit-il ! C'est pas banal comme entrée en matière pour toi qui détestes les piqûres, lança-t-il avec une certaine nonchalance. Des p'tites, ou grosses bêtes qui piquent, doit y en avoir des millions dans cette jungle... S'ils se forçaient ainsi éternellement, il serait peut-être possible de tenir à deux dans une pièce sans que l'un n'ait envie d'étrangler l'autre. Cette conversation n'était pas naturelle mais Dany la savait nécessaire comme un premier pas vers un terrain neutre. Hisser le drapeau blanc avant d'entrer réellement en jeu.
L'interruption de l'infirmière avait sans doute donner du répit à Ava mais l'agent de santé repartit très vite, les laissant à nouveau seuls. Du coin de l'oeil, Dany observa celle qui avait été sa femme durant si longtemps. Elle ne l'avait pas encore remarqué, trop occupée à digérer le choc de sa venue sur le Renaissance peut-être, mai si elle faisait attention Ava pouvait voir que Dany portait toujours son alliance. C'était un geste logique, d'espoir ou désespoir, ça n'avait pas d'importance. La trace circulaire légèrement violacée sous le bijou, à même la peau de son annulaire, prouvait que la bague n'était jamais ôtée.
Alors... Groupe Bêta c'est ça ? C'est ça, répondit-il dans un souffle, et toi ? Dany était attristé par l'attitude physique adoptée par Ava ; elle était toute recroquevillée, comme si elle avait peur de lui, comme s'il lui avait déjà fait du mal par le passé ? Bien des raisons pouvaient justifier ce lagage corporel qui laissait à désirer, mais il en était sûr, sa présence coûtait beaucoup à son ex-femme... et même en sachant ça, il ne comptait pas lui mâcher le travail. Pourquoi t'as accepté de participer à cette mission ? Tu es un agent perspicace et conscient des niveaux de dangers. J'ai lu le contrat, mot pour mot. Comment t'as pu le signer ? Ce n'était pas dit sur le ton d'un reproche. Mais il voulait comprendre comment une femme aussi raisonnable et intelligente qu'elle avait pu se lancer dans cette aventure. C'est le genre de truc complètement taré que moi j'aurai pu faire. Mais toi... ? Pourquoi ? Si Ava lui disait simplement que c'était parce que John le lui avait demandé, il ne la croirait pas. Elle avait dû se dire autre chose, dans sa tête. Peut-être se donner un nouveau but pour ne plus ressasser les anciens, tombés à l'eau ? Et dans le meilleur des cas, peut-être un moyen détourné et inconscient pour attirer l'attention de Dany ?
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Quand j'ai dit qu'je ferai n'importe quoi pour toi, c'était pas des conneries@lovely - Epicode
Je ne suis pas à l'aise et ça se voit... Même si je peux mettre ça sur le compte de la douleur, être prostrée sur le lit, recroquevillée, ça n'a rien d'une position de force... Jamais je dirais qu'il m'a fait du mal, qu'il a levé la main sur moi parce que ce n'est pas le cas, il a toujours été attentionné avec moi... Mais le voir là, tout proche, fait remonter des souvenirs que j'ai toujours voulu garder bien enfoui au plus profond.... Je ne suis pas à l'aise et j'ai de plus en plus de mal à le cacher...
Alors que je lui réponds sur la raison de ma présence ici, il laisse échapper un léger rire ce qui a le don de me faire lever les yeux au ciel. Je le fixe sans rien dire tandis qu'il argumente. Se faire piquer par quelque chose quand on a la phobie des piqures, un comble c'est sûr
"Si tu me sors que la petite bête ne mange pas la grosse, je te colle mon poing dans la figure c'est compris ?"
Je plisse les yeux, fronce les sourcils quelques secondes avant détourner le regard rapidement, à la recherche de quelque chose ou quelqu'un qui pourrait m'aider... et alors que je vois en l'infirmière une lueur d'espoir, celle-ci disparait rapidement.
Je pose une nouvelle fois mon regard sur Dany, sentant le sien posé sur moi dés que j'ai le visage tourné... Je ne peux pas lui en vouloir après tout, je fais bien la même chose depuis toute à l'heure... J'essaie de faire la conversation, j'essaie de faire en sorte que l'instant ne soit désagréable ni pour lui, ni pour moi... Le plus naturellement possible, je lui demande de confirmer dans quelle équipe il va être et Dany répond qu'il sera bien dans la Bêta avant de me demander dans laquelle je suis.
"Alpha.... tu n'auras pas à me supporter comme ça."
C'est plus fort que moi, j'ai toujours ce besoin de titiller... ça a toujours été comme ça d'ailleurs... Même si je suis disposée à discuter avec lui, je ne suis pas disposée à laisser tomber mes barrières et à réduire mes distances avec lui, bien au contraire... oui, beaucoup trop de souvenirs refont surface et je me promets qu'une fois seule, je ferais tout pour les remettre, bien profond, dans un tiroir bien caché de mon cerveau...
Je suis de nouveau ramenée à la réalité par la voix de Dany qui, avec son flegme naturel, finit par me demander pourquoi... pourquoi j'ai décidé de participer à cette mission. Je pourrais lui donner une réponse bateau mais je ne le fais pas... Au contraire, je laisse passer quelques secondes et finis par répondre, mon regard toujours dans le sien.
"J'avais besoin de nouveauté."
Ce qui est en partie vrai puisque j'ai vraiment ressenti ce besoin de commencer quelque chose de nouveau, de prendre un nouveau départ... Par contre, ce que je ne dis pas c'est que oui, j'avais aussi besoin de prendre mes distances avec lui... mais ça c'était avant que je ne le vois ici, assis en face de moi.
"Les gens changent Dany... et peut-être que j'aime faire des choses complétement tarées maintenant."
Je marque une pause, prends une inspiration et plonge mon regard sombre dans le sien si clair.
"Alors... qui est-ce qui t'a dit où j'étais ?"
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Ne crois pas que ça a été facile pour moi, parce que ce n'est pas le cas... @lovely - Epicode
On aurait dit deux étrangers qui se rencontraient pour la première fois. De l’une, Ava qui ne chercha pas à masquer son mal-être et de l’autre, Dany qui prenait des gants bien que cette délicatesse n’était pas la caractéristique qui le définissait le plus. Quoiqu’il était vrai qu’avec celle qui avait été sa femme de si nombreuses années, sa personnalité s’adoucissait naturellement. Au milieu de cette corde raide néanmoins, une pointe d’humour jaillit d’entre les lèvres pincées d’Ava. Peut-être une minuscule victoire vers une paix durable, vers une relation qui ne porterait plus autant de tension. Peu importait réellement, Dany s’en réjouissait en silence, feignant une neutralité poussée par un orgueil démesuré. Il ne fit pas de commentaires, se contentant d’observer ce sol immaculé. Si propre qu’on pouvait se sentir coupable d’y marcher avec les rangers crasseux que Dany portait aux pieds.
Ava ne se cacha pas de son désir à mettre fin à la conversation. L’arrivée de l’infirmière informa à Dany qu’elle le souhaitait pourtant plus que tout, une supplique tacite se lisant dans son regard. Mais il n’y répondrait pas favorablement, dans le but simple de profiter de cette retrouvaille inespérée. Oh, il savait qu’elle ne durerait pas, mais il ferait tout pour l’éterniser encore, et encore…
Alpha. Cela avait sonné comme un soulagement dans la voix de son ex-femme. En vérité, lui aussi était content de ne pas se trouver dans le même groupe qu’Ava, ce même soulagement perceptible dans tout son être en témoignait. Tu n’auras pas à me supporter comme ça. Oui… Elle y avait songé également. La réplique aurait pu être donnée inversément aussi, Ava n’aurait pas à supporter Dany, sa présence visiblement indésirable pesant sur ces épaules pourtant loin d’être frêles. Ces piques lancées à tout va, bien qu’elles soient encore gentilles pour l’instant, c’était presque leur signature. Leurs disputes de couple en avaient été comblées, des remarques lancées d’un bout à l’autre, des reproches qu’il n’avait plus su garder au fond de lui. Et Dany s’en voulait encore aujourd’hui, d’avoir été ce connard incompréhensif quant à la souffrance de sa femme. Lui aussi avait souffert, tant de la première perte de leur enfant, que la seconde, lorsqu’Ava lui avait annoncé qu’elle ne désirait plus réessayer. Il avait vu son avenir avec elle balayé d’un revers de manche, une famille tant désirée qui ne verrait jamais le jour.
C’est pas plutôt toi qui cherches à ne pas avoir à me supporter ? lâcha-t-il d’une façon légèrement désinvolte. Peut-être que voir le visage de Dany lui rappelait trop de souvenirs désagréables et douloureux. Lui aussi, ça lui faisait cet effet, mais ils ne pesaient pas bien lourds sur la balance en comparaison de tous les bon souvenirs. Il aurait tant aimé qu'ensemble, ils ne s'attardent que sur les choses positives.
Mais c'était du passé.
Le grand gaillard qu'il était se sentit tout petit, en cet instant, à pousser ce soupir. La réponse qu'Ava donna à ce travail hors du commun, était un besoin de changement drastique. Dany n'avait pas besoin de ça dans sa vie, tout ce qu'il désirait ardemment était bien connu que toutes les personnes réunies dans cette pièce. Il n'avait pas besoin de changer de décors pour de brèves moments où l'adrénaline lui offrirait ces faux moments de joies ou d'excitation, car ça ne durait pas. C'était trop infime, trop éphémère dans le temps, que pour courir derrière ces chimères. Ava lui avait donné envie de bonheur pur, de long terme, de responsabilités. Puis, elle s'en était allée avec tous ses rêves.
Les gens changent Dany... et peut-être que j'aime faire des choses complétement tarées maintenant. A ces mots, Dany eut un rire ironique, presque moqueur. Il ne pouvait pas rester de marbre, à l'entendre dire qu'elle était une toute autre femme, qu'il ne la connaissait plus. Car Ava était la personne qu'il pouvait prétendre connaître comme sa poche, sans l'ombre d'un doute. Arrête, dit-il. Je sais très bien que c'est pas... Encore un soupir. Il se frotta le visage, sentant déjà que les prochaines minutes allaient être tendues parce qu'il allait entrer dans le vif du sujet. C'est pas l'unique raison. Tout ça, là... c'est juste toi qui fais l'autruche, ok ? Tu n'sais plus quoi faire de ta vie, parce que tu sais que t'as fait une grosse connerie ! Cette fois il ne tenait plus, et se releva de ce lit, soudainement très inconfortable. Ses cents pas le menaient loin d'elle, la proximité avec Ava était une épreuve qu'il ne s'était pas imaginé si compliquée. Son ton s'était légèrement haussé, sans pour autant qu'un tier ne qualifie cette conversation d'engueulade. Il l'avait dit, il se l'était promis, Dany resterait calme. Il toisa d'ailleurs son regard et la peine devint plus grande, alors qu'il le soutenait, sans broncher, accusant le coup de poignard que ça pouvait lui provoquer.
C'est Stanley qui m'a dit où t'es. Pas parce que je lui ai demandé, mais parce que... Il se tut en arrêtant de marcher à tout va dans l'infirmerie, la fin de sa phrase ne verrait jamais le jour. Il avait failli avouer "parce que j'étais une telle loque pitoyable et errante qu'il a voulu m'aider en me donnant un but". Peu probable qu'elle sache ça un jour. Bref, c'est Stanley. Et j'avais aussi besoin "de nouveauté", ironisa Dany, alors pourquoi pas suivre mon ex-femme dans ses nouveaux penchants tordus ?
La messe était dite.
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Chassez le naturel et il a tendance à rapidement revenir au galop. Assise sur mon lit, je n'ai plus l'air d'être autant sur la défensive... Je serre les poings, mon corps tout entier se crispe. Mon regard s'assombrit alors que j'entends Dany faire une petite réflexion sur le fait que c'est plutôt moi qui cherche à ne pas avoir à le supporter.
"Si tu le dis...."
Je suis fatiguée, je n'ai pas vraiment envie de me prendre la tête avec lui, pas aujourd'hui mais d'après ce que je peux voir et ce que je peux entendre, lui, il semble bien décidé à régler les comptes maintenant.
La suite de la discussion s'annonce aussi bien agitée puisque lorsque je lui donne une réponse approximative du fait de ma présence ici, il pousse un soupir et un rire moqueur qui en disent long sur son état d'esprit. Je le fixe, ne sachant pas trop si je dois lui en mettre une ou pas. A mon tour de pousser un soupir, légèrement agacée par la situation. J'écarquille les yeux alors qu'il me répond, sèchement et la posture de mon corps change alors qu'il se lève d'un coup de son lit.
Ses mots font mal, faut bien l'avouer et mon coeur se serre lorsque je le vois faire les cent pas près du lit. A mon tour de me lever... Instinctivement, je me braque et me mets sur la défensive.
"Tu n'as pas à me reprocher quelque chose dont on est tous les deux responsables ! Je ne suis pas la seule fautive dans l'histoire, va falloir que tu t'en rends compte !"
Ses demandes incessantes de réessayer d'avoir un enfant alors que la perte est encore bien trop fraîche, ses remarques, ses réflexions, sa jalousie... Il y a eu un tout qui a fait que j'ai pris cette décision... Oui je la regrette quelques fois, souvent même, mais vivre une vie dans ce climat, ces remords, je n'en suis pas capable.
Je suis plantée devant lui, les bras tombants le long du corps et je ne le quitte pas des yeux, sourcils froncés. Dany me fait l'aveu de Stanley qui a vendu la mèche et je lève les yeux au ciel.
"Forcément.... Rose ne sait pas tenir sa langue... j'aurai du m'en douter..."
Rose et Stanley.... Le couple d'amis dont nous étions proche dans notre vie d'avant... En partant, j'ai bien fait comprendre à Rose que je n'avais pas du tout envie que Dany sache où j'allais mais apparemment, mon avis ne compte pas...
"J'espère que cette nouveauté t'apportera de bonnes choses alors !"
Je passe une main sur mon front, refreinant mon envie de lui rentrer dedans en entendant sa dernière remarque et détourne la tête quelques secondes.
"Tu vois Dany, je pensais que tu allais être plus intelligent que ça et ne pas tout faire pour déclencher une guerre ouverte..." Je marque une pause et repose mon regard sur lui, dans le sien et rajoute d'un ton calme."Mais si c'est la guerre que tu veux..."
Elle est déclenchée... dommage parce qu'inconsciemment, j'aurais tellement souhaité que tout se passe bien... que tout se passe mieux...
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Dire à Ava Miller qu'elle faisait l'autruche, c'était comparable à potentiellement signer son arrêt de mort. Elle n'allait pas aimer l'affront, Dany le savait, les mots lui échappèrent de la bouche sans même qu'il ne puisse prendre le temps d'une réflexion sommaire. Mais même ça aurait été inutile, car tout son être avait envie de la voir réagir au mur qu'elle avait dressé entre eux. Ava se leva d'une manière si vive que ça traduisait avec précision ses pensées pour Dany, actuellement. Dans sa cinglante répartie, elle parla de fautifs dans l'histoire, quand lui ne voyait rien de tout cela. Pour Dany, il n'y avait que les circonstances cruelles de la vie qui les avaient terrassé, mais eux n'y étaient pour rien. Il ne lui en avait pas voulu d'avoir perdu un enfant, avait attendu plus de trois cent jours pour qu'elle s'en remette, au moins un peu, psychologiquement. Puis, les seules réponses d'Ava pour remonter la pente et songer au futur, c'était non. Que des non que Dany subissait comme des lames tranchantes lui transperçant le cœur. Lui anéantissant ses rêves, malgré ses sentiments pour sa femme.
Forcément.... Rose ne sait pas tenir sa langue... j'aurai du m'en douter... dit-elle sans réellement être étonnée, au vu de la capacité de leur amie commune à garder un secret.
Ava s'étant plantée face à lui, Dany l'observa de tout son long, imperturbable en apparence. Il prit le temps de la regarder et les traits durs de son visage commençaient à se détendre, à mesure que sa contemplation s'éternisa... J'espère que cette nouveauté t'apportera de bonnes choses alors ! Mais elle le ramena les pieds sur terre avec ce ton, qu'il devina sarcastique. Je n'sais pas, ça dépend un peu de toi, rétorqua Dany non sans masquer ce petit sourire en coin un peu rebelle. On va s'manger tout cru à chaque fois qu'on va se croiser ou pas ? Il haussa les épaules. D'après quelques psychologues, c'était l'indifférence d'une personne qui prouvait qu'elle ne ressentait plus rien. S'il arrivait encore à l'irriter, à l'énerver, c'était une sorte... de victoire.
Sa gestuelle indiquait à Dany qu'il tirait sur la corde raide. C'était le message que renvoyait cette main passée sur son front, en réponse à son commentaire puéril. C'est toi qui l'as déclenchée, cette guerre. Aïe, il regretterait peut-être plus tard ces mots, mais pour l'instant les balancer lui avait fait un bien fou. Comme il aimait par-dessus tout avoir le dernier mot, il ne laissa pas l'occasion à Ava de répliquer, car Dany ne pourrait s'empêcher de répondre encore, et encore... C'était ce qu'elle déclenchait, chez lui. Des réactions vives, aussi bonnes que mauvaises, aussi chaudes que froides. Foutu pouvoir qui le terrassait, à chaque fois.
Dany s'enquit de son gros sac qu'il balança sur son épaule. Sans plus un mot mais d'un regard déterminé à gagner cette bataille silencieuse, il quitta l'infirmerie pour aller se chercher un bercail où poser ses bagages.
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